LA VALEUR D’UN BRONZE : « LE LIÈVRE ASSIS » DE G.GARDET

M. Vincent L. m’envoie des photos d’un lièvre assis, d’environ 12 cm et signé Gardet, sur lequel il a quelques doutes. Nous allons donc examiner ensemble ce bronze.

Georges Gardet est né à Paris en 1863 et y est décédé en 1939. Fils de sculpteur, il fut élève du très grand Emmanuel Frémiet. On connaît surtout de lui ses fauves, dont le tigre et la tortue, les deux panthères se battant, un couple de tigres dans une attitude tendre, tout comme un lion et une lionne. Il fit un remarquable ours assis, la tête levée, semblant mendier une friandise.

Au parc Montsouris à Paris, on peut admirer « Drame au désert », où une panthère découvre avec fureur le serpent qui a tué ses petits. Exposé au Salon alors que l’artiste n’avait encore que 24 ans, cette scène attira sur lui les louanges. Polyvalent, ce artiste sculpte également dans la pierre, notamment le magnifique chien danois en marbre tacheté que l’on peut admirer au Musée des Beaux-Arts de Lyon, où il n’est malheureusement guère mis en valeur (photo ci-dessous).

Gardet a réalisé de nombreuses œuvres monumentales, présentes dans de nombreux musées français et étrangers, où il jouit d’une excellente réputation, à mon sens justifiée. Ses bronzes ont été édités par plusieurs fonderies dont Thiébaud, Barbedienne, Siot-Decauville, Valsuani, Colin. Certains modèles ont également été réalisés en biscuit de Sèvres.

La patine du lièvre de notre internaute est assez jolie, avec ses teintes marron et noires, nuancées de doré qui est en fait le cuivre apparaissant en transparence. En revanche, sans être rédhibitoire à première vue, la ciselure semble assez pauvre, surtout quand on connaît le talent de Gardet. Le bout des pattes du lièvre, le poil du ventre ne sont pas très détaillés. A ce stade, on peut donc penser qu’il s’agit simplement d’une fonte tardive.

Tout amateur de bronze commence par le retourner et regarder ce qui est son véritable pedigree : le dessous du socle. C’est là que l’on voir des vis, dont la forme et l’apparence sont riches d’enseignement. Le montage, parfois une marque de fondeur comme le fameux H des excellentes fontes de Brame) ou une inscription permettront de dater la pièce.

Le dessous du lièvre n’est pas exaltant : une couleur grisâtre, un aspect un peu trop lisse, trop propre, des coulures. C’est mauvais signe. Et l’examen des détails de la sculpture vont confirmer ce sentiment : le bord des oreilles est mal ébarbé et certaines parties présentent même des trous.

On trouve généralement sur le socle une signature, théoriquement assez nette, et parfois une marque de fondeur sous la forme d’une inscription (Barbedienne Fondeur, par exemple, ou Susse, Rudier ou autre), d’une estampille (comme Barye, pour les fontes d’atelier) ou d’un cachet (Valsuani, Hebrard, Siot Decauville, etc.). Mais là, la signature est à peine visible, très faiblement gravée, et le cachet rond (à droite sur la photo ci-dessous) est illisible. De plus, il y a une goutte de bronze juste sous la queue (rond rouge du haut), ce qui n’est pas normal du tout.

Une ciselure très approximative, un dessous du socle trop propre, une signature à peine lisible, un cachet de fondeur illisible, des trous et un ébarbage mal fait : ce bronze est un surmoulage ou une copie malhabile. Un collectionneur ne s’y attardera pas : ce lièvre dont l’attitude est pourtant jolie n’a qu’une valeur décorative et à mon sens ne devrait pas être présenté en vente comme un bronze « de » mais au mieux comme « d’après » et idéalement comme « dans le style » ou « dans le goût » de Gardet. Il ne devrait donc pas être adjugé plus de 100 ou 150 Euros.

LA VALEUR D’UN BRONZE : « LE CHEVREUIL » DE C.MASSON

Pour se reposer un peu des discussions « philosophiques » sur l’art, la beauté, l’esthétique, discussions qui reprendront dans une prochaine note, voici un joli bronze appartenant à Monsieur C. de Lyon, et qui nous en envoie de belles photos.

Il s’agit du Chevreuil, de Clovis Masson.

On ne sait pas beaucoup de choses sur Clovis Masson, si ce n’est qu’il est né  Paris en 1838 et est mort en 1913, qu’il fut élève de Barye père (Antoine-Louis) et de Rouillard (le sculpteur qui réalisa notamment le Cheval à la herse, devant le Musée d’Orsay à Paris), et qu’il participa régulièrement au Salon de 1867 à 1909. Il est aussi le père de Jules Edmond Masson (1871-1932), sculpteur et graveur en médailles qui connut lui aussi un certain succès.

Clovis Masson réalisa de nombreux sujets, essentiellement des fauves et des cerfs. Comme beaucoup d’autres, dont Mêne, il fit un Combat de cerfs intéressant. Toutefois, toutes ses pièces ne sont pas d’égale qualité car il leur manque souvent un pu de nervosité, et en cela il se rapproche de Dubucand (1828-1894), qui aurait également été élève de Barye. On dit que l’illustre artiste n’était pas très bon professeur, incapable de transmettre son génie à ses élèves. C’est possible et effectivement, bien que les bronzes de bon nombre de sculpteurs soient remarquables, il manque à la plupart la nervosité sans affectation et le naturel des sujets de Barye.

Le chevreuil de notre collectionneur fait clairement exception parmi les oeuvres de Masson : il est absolument superbe à tous points de vue. L’exactitude morphologique, la naturel de l’attitude, la finesse de la ciselure (il faut admirer le détail des bois, le poil, les sabots…), la réalisation de la fonte sont remarquables.

Ce bronze mesure 26,5 cm de long, 29,5 cm de haut et 11 cm de profondeur. Le dessous du socle montre un montage ancien, ce qui ne fait que confirmer le sentiment laissé par la fonte parfaite.

Le chevreuil est un mammifère ruminant de la famille des cervidés très courant en France, dans les bois et les champs proches des forêts. Un trajet en TGV ou en voiture sur autoroute un soir d’été permet à coup sûr d’en voir à la lisière des champs de blé et des les grandes plaines cultivées, parfois en très grand nombre. C’est certainement le plus élégant des hôtes de nos bois. C’est un animal assez petit, mesurant environ 70 cm au garrot et pesant entre 20 et 25 kg. Ses petits bois ramifiés tombent chaque année, comme ceux du cerf, de l’élan, du renne. La femelle s’appelle la chevrette mais est souvent surnommée chèvre.

Le chevreuil n’a pas de queue et a les fesses couvertes de poils blancs : c’est « le miroir », dont la forme est différente sur le mâle ou la femelle. Il sert notamment de signal d’alerte : en cas de danger, l’animal hérisse les poils de son miroir. Le chevreuil aboie, tout à fait comme un chien. On l’entend dans les bois ou les plaines au moment du rut. Une autre caractéristique amusante de cette jolie bête : les brosses. Il s’agit de touffes de poils sombre à l’arrière des membres postérieurs. On les devine, légèrement en relief, sur le bronze de Masson (photo ci-dessus).

Quelle est la valeur de ce très joli bronze ? Il faut savoir que les modèles de Masson ne cotent généralement pas très haut : dans les résultats de vente aux enchères, presque tous se situent entre 500 et 800 Euros. Mais notre chevreuil fait semble-t-il exception à la règle car en général il est adjugé plus haut, ce qui est tout à fait justifié.

Il ne faut pas confondre ce modèle avec d’autres sujets de Masson comme le Brocard couché, évidemment (on appelle brocard un mâle adulte), mais également avec un autre Chevreuil debout, tout aussi joli et de taille analogue.

Voici quelques résultats :

– Paris févr. 2013 (notre version) : estimé 200 à 300 Euros et adjugé à 300 Euros.

– Paris avril 2012 (dans l’autre version) : adjugé 1200 Euros .

– Paris mai 2003 (notre version) : estimé 600 à 800 Euros mais adjugé à 1100 Euros.

– Soissons déc. 2000 (notre version, mais avec un socle en marbre blanc) : adjugé en francs à l’équivalent de 1700 Euros.

Le premier résultat, tout récent, est incompréhensible. Il est pourtant bien précisé qu’il s’agit d’une épreuve et la fonte est visiblement ancienne. Celui qui a obtenu cette pièce pour 300 Euros a fait une affaire formidable, comme cela arrive parfois en salle des ventes.

Un exemplaire a été mis en vente le 29 mars à Paris (étude Gros Delettrez) avec mention « Epreuve d’après Masson » ; il s’agit apparemment d’une bonne fonte. Il est estimé entre 1000 et 1200 Euros et, à l’heure où j’écris cette note, je n’ai pas encore le résultat.

Je pense qu’un sujet aussi gracieux et aussi bien réalisé pourrait être estimé entre 1000 et 1500 Euros.

LA VALEUR D’UN BRONZE : « JAGUAR DÉVORANT UN LIÈVRE » DE A.-L. BARYE

Madame G. possède un beau et grand bronze de Barye, « un jaguar et un lièvre ». Cette internaute m’a d’abord envoyé, non pas des photos, mais un lien vers ceci, en me disant que son bronze ressemblait beaucoup à celui ainsi présenté, mais en 80 cm de long : http://www.insecula.com/oeuvre/photo_ME0000034249.html

Quelle chance pour cette personne si cela avait été vrai : la photo, prise au Musée du Louvre, montre un magnifique chef-modèle de Barye, qui dans le commerce vaudrait plusieurs dizaines de milliers d’Euros pour un modèle de 80 cm de long !

Je mentionne cette anecdote pour expliquer que chaque bronze est particulier : une forme générale ne peut être un critère de détermination de la valeur d’un bronze. La taille très précise, la qualité de la fonte, de la ciselure, le montage visible sous le bronze, la présence de la signature de l’artiste, éventuellement du fondeur sont indispensables pour distinguer une copie, une fonte tardive, une fonte ancienne, une fonte du vivant de l’artiste, un chef-modèle, les différences d’estimation entre ces variantes du même modèle étant considérables.

J’ai donc reçu par la suite les dimensions exactes du bronze (91 cm de long x 40 cm de haut x 36 cm de profondeur) et d’excellentes photos.

Il s’agit bien sûr du « Jaguar dévorant un lièvre » de l’illustre Antoine-Louis Barye (1795-1875), dont j’ai abondamment parlé sur ce site. Ce modèle a été créé en 1850 et édité en bronze pour la première fois vers 1857. Ce sujet a d’abord été créé en 1,037 cm de long x 39,5 cm de haut x 38,6 cm de profondeur. J’avoue être un peu surpris par les 91 cm de long qui m’ont été donnés et qui ne correspondent pas. S’agit-il d’une erreur de mesure ? Je ne sais.
Ce modèle a subi deux réductions de la part du fondeur Ferdinand Barbedienne, l’une en 41,1 cm de long, l’autre en 25 cm de long. Barbedienne a acquis le chef-modèle de cette scène en 1876 et en tira le premier exemplaire en 1877.

Je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations sur ce sujet, pourtant très classique, dans le Catalogue raisonné des bronzes de Barye, ouvrage de référence (MM. Poletti et Richarme – UDB – Gallimard), mais davantage dans le beau « Untamed – The art of Antoine-Louis Barye » de Johnston et Kelly. Ils citent notamment l’accueil que reçut ce bronze lors qu’il fut montré pour la première fois.

Les auteurs expliquent que Barye est retourné au Salon en 1850 après en avoir été absent pendant 18 ans, et a montré cette année-là le Lapithe combattant un Centaure : il rencontra un vif succès. Mais quand 2 ans plus tard, Barye montra le modèle – en terre ou plâtre – du Jaguar dévorant un lièvre, l’accueil fut encore plus chaleureux.

Voici ce qu’écrivit – de façon un peu confuse, je trouve… – Edmond de Goncourt à son propos :

« Il se fait en ce moment en sculpture le mouvement que nous avons signalé en peinture. L’école historique se meurt dans l’art qui fait palpable comme dans l’art qui fait visible. C’est le paysage qui la remplace en peinture ; ce sont les animaux qui la remplacent en sculpture. La nature succède à l’homme. C’est l’évolution de l’art moderne. »

Et quand ce modèle est apparu en bronze à l’Exposition universelle en 1855, Théophile Gautier la commenta ainsi : « C’est un poème que ce groupe, et un poème plein de significations sinistres : la force et la faiblesse, le bourreau et la victime, l’homme et la destinée. » Gautier parlera alors de Barye comme du « Michel Ange de la ménagerie », expression restée célèbre.

Bref, le modèle de notre internaute est l’une des belles pièces de Barye. Qu’en est-il maintenant de sa fonte, presque aussi importante ? Une signature « F.Barbedienne Fondeur Paris » est beaucoup moins appréciée par les collectionneurs que la marque « F.Barbedienne Fondeur » car la première est l’indication d’une fonte XXème (à partir de 1920), alors que la seconde est le signe d’une fonte XIXème, de meilleure qualité. La valeur d’un bronze peut varier du simple au double sur ce simple petit mot de « Paris » !

Ceci dit, cet exemplaire, bien que portant ce mot, est ici d’une qualité de fonte remarquable. Le montage, tel qu’on le voit sous le socle, le rapproche terriblement d’une fonte ancienne de Barye. Malheureusement, lors d’une vente aux enchères, il sera marqué « Fonte de Barbedienne Paris » et les acheteurs par internet et téléphone ne se rendront pas forcément compte de la qualité de la fonte. Du coup, de façon inévitable, l’estimation sera sensiblement plus basse.

Dessous du socle.

Quelle valeur, donc, donner à cette pièce ?

Elle a comme avantage sa signature Barye, d’être un beau modèle de cet artiste, de représenter un fauve, ce qui est toujours apprécié, d’être de grande taille (c’est aussi un inconvénient !) et d’avoir été édité par Barbedienne, ce qui montre que ce n’est pas une mauvaise fonte ou une copie.
Elle a pour inconvénient d’être très grande, donc peut-être difficile à placer, de représenter une scène cruelle (c’est absurde mais perçu ainsi…), d’être un modèle très courant et enfin d’être une fonte XXème.


Lors de ses passages en salle des ventes, cette grande pièce, dans les mêmes dimensions, a donné ces résultats :

– Paris mars 2012 mais en fonte ancienne (XIXème) : estimé 35000 à 45000 Euros mais invendu, ce qui est normal car à mon avis très surestimé.
– Marseille en juin 2010, avec la même fonte que cet exemplaire (Barbedienne fondeur Paris) : estimé 8000 à 10 000 Euros mais invendu.
– Paris décembre 2008 : estimé 20000 à 25000 Euros et adjugé à 17000 Euros, mais malheureusement je n’ai pas d’indication sur la date de la fonte.
– Londres en avril 2005 : adjugé à l’équivalent de 17600 Euros mais là non plus pas d’indication sur la fonte.

Le marché est parfois décevant car je trouve qu’une telle pièce devrait se vendre autour de 15000 Euros, mais le problème, c’est que… c’est lui qui a raison ! Les commissaires priseurs, les collectionneurs, les marchands ont tous accès aux résultats des ventes et se « calent » dessus. Ils ont donc les éléments que je viens de citer. Du coup, je pense qu’un commissaire-priseur estimerait cette pièce autour de 6000 Euros voire 7000 Euros. Encore ne faut-il pas oublier que sur cette somme, en cas de vente, il prélèvera aujourd’hui 25% voire 27% de frais ce qui laisserait au vendeur environ 4500 Euros environ…

Encore faudrait-il qu’il soit adjugé car nous avons vu qu’il y avait beaucoup d’invendus.

Vous souhaitez un avis sur un bronze animalier ? Envoyez-moi des photos bien nettes (vue d’ensemble, signature, dessous du socle, marque éventuelle du fondeur) et les dimensions exactes à damiencolcombet@free.fr. Je vous répondrai rapidement.

LA VALEUR D’UN BRONZE : « AIGLE » DE A.-L. BARYE

Madame Henriette H. m’a récemment envoyé des photos d’un grand bronze en sa possession, un aigle signé Barye. Elle a fait quelques recherches et me dit craindre que cet aigle soit une copie ou une fonte récente, car le modèle original de Barye qu’elle a repéré était différent, l’aigle tenant un héron.

Notre internaute a en partie raison : il existe d’autres versions de cet aigle de Barye, et pas seulement avec un héron, mais ce n’est pas pour autant que son aigle est un mauvais modèle.

Voyons cela plus en détail :

Antoine-Louis Barye (1795-1875) est le plus connu des sculpteurs animaliers français, grâce à la qualité, la nervosité de ses créations mais aussi parce qu’il fut le pionnier de la très grande école française de sculpture animalière, école qui comprend des noms fameux comme Mêne, Frémiet, Rosa et Isidore Bonheur, Dubucand, Cain, Navellier, Fratin, Paillet, Gardet, et tant d’autres.

Je ne vais pas raconter à nouveau ici la vie de cet artiste au talent immense mais je peux évoquer quelques points particuliers. Par exemple celui-ci : après avoir travaillé de 1821 à 1832 chez l’orfèvre Fauconnier et exposé certaines de ses œuvres au Salon, Barye s’installe à son compte, un peu contraint sans doute par la faillite de Fauconnier. Les créations de Barye sont alors fondues par Honoré Gonon ou d’autres artisans. Le sculpteur commence à rencontrer un très grand succès. Il prend la décision de produire lui-même ses bronzes, plutôt que de les confier aux grands fondeurs comme Barbedienne, Susse, Martin, etc. En 1838, il crée donc sa propre fonderie et sa boutique.

On comprend le souhait de Barye : la fonte, dans son processus complexe, est réellement la prolongation de la création. La reprise des modèles en cire, les finitions sur le bronze, la patine comptent presque autant que le modelage du modèle en terre, plâtre ou cire, et l’idéal serait de passer autant de temps à chaque étape de la création, ce qui est malheureusement impossible au plan économique : la répercussion sur le prix du modèle des très longues heures passées rendrait le prix de l’oeuvre absolument inabordable.

Barye va précisément en faire l’expérience : il est si exigeant sur chacune des pièces que son affaire s’avère impossible à rentabiliser et qu’il n’a plus le temps de vendre ses bronzes. Il tente de sauver son entreprise et son art en s’associant avec Emile Martin, qui se charge de la commercialisation, Barye gardant la production. Mais même ainsi, les choses tournent mal et en 1846, tous ses modèles, son outillage – jusqu’à ses propres poinçons « BARYE » – sont gagés auprès de Martin. Il est donc désormais totalement dépendant de Martin, à qui il doit acheter les modèles qu’il veut fondre et vendre ! Cette situation terrible va durer plus de 10 ans. Enfin, en 1854, d’importantes commandes publiques permettent au sculpteur de sortir la tête de l’eau et, quelques années plus tard (1858), de racheter ses modèles et son matériel à Martin. Entre temps, il aura connu la quasi-pauvreté, contraint par exemple de faire enterrer sa mère à la fosse commune.

Si vous voulez en savoir plus sur la vie d’Antoine-Louis Barye, je vous conseille la lecture de « Monsieur Barye » (Michel Poletti – Editions Acatos), qu’idéalement il faut lire avec sous la main le « Catalogue raisonné des bronzes de Barye » de Richarme et Poletti (Gallimard). Vous pouvez retrouver ces livres dans l’album photo « Les livres », à droite sur ce site.

Revenons à notre aigle.

En feuilletant le Catalogue raisonné ou encore « La griffe et la dent » édité par le Musée du Louvre, on constate qu’il existe un grand nombre de versions : tête tournée à droite, tête tournée à gauche, bec ouvert, bec fermé, emportant un serpent, sur terrasse avec profil (forme géométrique), sur terrasse naturaliste, tenant un héron, s’abattant sur un bouquetin… Barye a ainsi multiplié les combinaisons et créé au moins 8 aigles différents, sans compter les bas-reliefs et les aigles en pierre.

Celui de notre internaute est le plus fréquemment rencontré : l’aigle aux ailes étendues, le bec ouvert, la tête tournée à gauche, sur terrasse naturaliste. Ses dimensions, assez difficiles à prendre pour la largeur et la profondeur puisque la pièce n’a pas de sens particulier, sont les suivantes : 33,9 cm de long x 24,2 cm de profondeur x 25 cm de haut.

La première édition de ce modèle daterait de 1862. Cet aigle est en tous cas absent du catalogue de 1860. Les différents modèles d’aigle auraient été réalisées par Barye lorsqu’il fut question, à l’initiative de Thiers, de couronner l’Arc-de-Triomphe de l’Etoile d’un rapace gigantesque (27 mètres d’envergure). Des études furent demandées, en 1834, à l’artiste et il prépara alors un aigle posé sur une demi-sphère, très proche de celui qu’il éditera 28 ans plus tard sans la demi-sphère. Hélas, le projet monumental fut abandonné.

A propos des projets d’embellissement de l’Arc-de-Triomphe de l’Etoile, voici ce qu’écrit, avec un peu d’ironie, Arsène Alexandre, en 1889 (14 ans après la mort de Barye), dans un intéressant ouvrage dont je parlerai bientôt sur ce site : « A.L.Barye » paru dans la Collection « Les Artistes célèbres » éditée par La Librairie de l’Art :

« Concu par Chenavard, [le projet] avait été sérieusement discuté dans le cabinet ministériel. Il est peut-être curieux de dire en quoi il consistait, pour montrer que les hommes politiques ne doutent de rien quand il s’agit de promettre.

Sur l’acrotère [ornement sculpté situé au sommet du monument] devait figurer Napoléon, traîné sur un char triomphal. Aux quatre coins, seraient érigés les statues équestres de ses frères et du prince Murat. La décoration devait être complétée, dans le bas, par les statues équestres des douze maréchaux de l’Empire, disposés autour du monument. On voit qu’il y avait de quoi occuper la vie d’un homme. Le projet fut examiné avec tant de bonne volonté qu’il en reste du moins quelque chose : un mot comique de M.Thiers. Comme un conseilleur, intervenant dans la discussion, contestait la valeur de Barye en matière de figures humaines, le ministre de l’Intérieur s’était écrié, avec son habituelle pétulance : « Eh bien, M.Barye fera les chevaux et un autre les cavaliers! ».

Il fallut en rabattre du trop pompeux projet de Chenavard. On parla plus simplement d’une gigantesque figure d’aigle, qui serait censée s’abattre sur le glorieux portail de granit. Une maquette fut même faite par Barye. Elle disparut avec le projet. On peut supposer que l’idée a été utilisée pour la statuette de l’Aigle, les ailes étendues sur un rocher. De tant de déceptions a été fondu un bronze haut de vingt-cinq centimètres. »

Le modèle d’Henriette H. est signé A.L.Barye (NB : la signature de l’artiste est variée, portant souvent son simple nom de famille sans initiale du prénom) et porte la marque « F.Barbedienne Fondeur », ce qui est le signe d’une bonne fonte XIXème. A la mort de Barye, en 1875-1876, sa veuve mis en vente les modèles avec droit de repoduction et le contenu de l’atelier. Barbedienne, Peyrol, Brame, Delafontaine et d’autres éditeurs se partageront les chefs-modèles. L’aigle a été acquis par Goupil pour être édité par Barbedienne puis Leblanc-Barbedienne.

Il existe bien, comme le signale notre internaute, un « Aigle terrassant un héron », en deux versions (tête de l’aigle tournée à droite ou à gauche). Barye a alors combiné un aigle avec le pauvre héron du groupe « Ocelot emportant un héron », à propos duquel j’ai rédigé une note :

http://www.damiencolcombet.com/archive/2012/06/29/la-valeur-d-un-bronze-47-ocelot-emportant-un-heron-de-barye.html

Admirons la majesté des ailes à demi déployées, le détail des grandes plumes d’aigles, l’impression de puissance de l’oiseau.

Ce modèle, comme celui de l’aigle tenant un héron, n’est pas rare : ils sont régulièrement proposés en salle des ventes, en France et à l’étranger. L’historique des résultats depuis 20 ans compterait des dizaines de dates. Voici quelques chiffres représentatifs de la tendance récente :

– New York 2008 : 7000 $ soit 5500 €.

– Drouot 2010 : 3000 €

– Bucarest 2010 : 4000 €

– Fontainebleau 2010 : 2900 €

Notre aigle a donc l’inconvénient de n’être pas rare mais deux qualités : la fonte XIXème et la majesté du modèle créé par Barye. Malgré la tendance à la baisse des bronzes animaliers du XIXème, je pense que ce modèle peut encore être estimé autour de 2500 € à 3000 €.

Vous avez un bronze animalier et vous voulez en connaître la valeur ? Envoyez-moi des photos très nettes de l’ensemble, de la signature, de l’éventuelle marque du fondeur, du dessous du socle à : damiencolcombet@free.fr

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LA VALEUR D’UN BRONZE : « LE TAUREAU » DE G.DEMAY

Il y a bien longtemps – 5 mois – que je n’ai pas mis de note sur « La valeur d’un bronze« . Non pas que je sois en manque d’inspiration car je reçois plusieurs demandes d’avis par semaine, mais parce que les autres sujets à mettre en ligne ne manquent pas.

A ce propos, je voudrais rappeler quelques « règles » pour les demandes d’avis sur les bronzes :

– Mes avis sont gratuits. De temps à autre, quelque personnes me demandent ce qu’elles doivent me payer, ce qui est fort aimable, mais je tiens à conserver aussi longtemps que possible cette gratuité qui me permet de voir de très beaux bronzes, me donne l’occasion de creuser certains sujets et attire aussi, pourquoi le cacher, beaucoup d’internautes amateurs de sculpture (fin 2012 : 9000 visites/mois et 30000 pages vues/mois pour ce blog).

– Je réponds à toutes les demandes, parfois brièvement si la pièce présente très peu d’intérêt ou si je l’ai déjà traitée sur ce site, en général plus longuement, avec quelques lignes sur la vie du sculpteur, l’oeuvre, ses qualités et défauts, et une estimation. Je tache de répondre assez rapidement, au maximum sous 10 jours, mais les demandes multiples, les vacances, une exposition peuvent retarder un peu ma réponse. Les notes ne sont mises sur ce site que parce que les bronzes auxquels elles se rapportent présentent un intérêt particulier. Elles ne représentent qu’une très faible partie des réponses aux nombreuses questions.

– Vos demandes ne doivent pas être envoyées sur le site sous forme de commentaire à une note. Il faut les envoyer à mon adresse mail : damiencolcombet@free.fr.

– Je ne peux évidemment répondre aux demandes vagues, sans photos, sans dimensions. Il y a quelques jours, j’ai reçu ce mail, sans photo jointe ni indication du sculpteur : « Je possède un bronze représentant un tigre. J’aurais voulu connaître sa valeur pour l’assurance« . Il est évidemment impossible de répondre à cette question sans éléments plus précis.

– Les photos jointes aux demandes sont généralement de bonne qualité, très nettes, et montrent bien l’ensemble de la pièce, le dessous du socle, la signature de l’artiste et, le cas échéant, celle du fondeur. Mais certaines photos reçues sont floues, ce qui empêche toute analyse de la ciselure et de la patine, ce qui est pourtant essentiel car le premier coup d’œil permet souvent de repérer à une ciselure approximative et une fonte imparfaite que la pièce est une copie . Il vaut mieux une photo très nette qui n’est pas un gros plan – on peut toujours zoomer à l’écran – qu’une vue floue inexploitable.

Que faire par exemple d’une photo comme celle-ci, qui me permet tout juste de deviner qu’il s’agit du Braque à l’arrêt, de Barye, mais empêchera de déterminer s’il s’agit d’une très bonne fonte, d’une fonte tardive ou d’une copie sans intérêt ?

– Ma messagerie n’accepte pas les mails supérieurs à 10 Mo. Il faut donc parfois faire plusieurs mails successifs avec les différentes photos.

– Enfin, on me demande souvent des conseils pour vendre les bronzes sur lesquels j’ai donné un avis. Je peux effectivement vous aider, toujours gracieusement, en donnant une liste, pour Paris et la province, de marchands et de commissaires-priseurs réputés pour leur sérieux et leurs compétences en matière de bronze. Je précise que je ne suis aucunement lié à eux et que la plupart ne me connaissent même pas. Et puis il m’arrive de temps à autre de mettre en relation un vendeur avec un internaute qui m’a écrit pour me dire qu’il recherchait telle ou telle pièce de tel artiste. L’intérêt est qu’il n’y a aucun frais, que j’ai préalablement donné mon avis sur la valeur de la pièce et que le vendeur, s’il est pressé et ne veut pas avoir le souci de la vente aux enchères, traite très rapidement l’affaire. Si vous recherchez un bronze particulier, n’hésitez donc pas à m’en faire part par mail à damiencolcombet@free.fr.

Tout ceci étant dit, voici la réponse à Monsieur Thierry A., de Paris, qui me soumet à nouveau une pièce : « un taureau de Demay ».

Germain Demay (1819-1886) a connu un parcours un peu particulier : il fit d’abord des études de médecine, travailla ensuite 10 ans pour Barye, exposa au Salon en 1844 et 1848 puis, à cause de la Révolution qui interrompit sa carrière artistique, devint fonctionnaire aux Archives nationales (il se spécialisa dans le moulage des sceaux) tout en réalisant des médaillons en bronze de personnalités : le député de la Creuse Barailou, son fils médecin-colonel, Victor Noir…

Si vous ne savez pas qui est Victor Noir, je vous conseille de le découvrir par ce lien, où vous est contée la complexe affaire de duel sur fond de bonapartisme, de journalisme et de Corse, qui fit de ce jeune homme un symbole de la République et de la… virilité grâce au sculpteur Dalou ! http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Noir

On sait peu de choses de ce très discret artiste qu’était Germain Demay, et ses oeuvres passent rarement en vente. Le « Dictionnaire des sculpteurs animaliers » du Dr Hachet (Argus Valentines) ne reproduit qu’un chat et un chien aboyant. Au hasard des ventes et des livres, on apprend qu’il a réalisé des chiens, des oiseaux (faisan, perdreaux…) et notre fameux taureau, mais c’est à peu près tout. Sa production semble donc extrêmement restreinte. Voici une très jolie petite grue couronnée, de la main de Demay.

Le taureau de notre internaute est très beau, finement ciselé et possède une très belle patine. Il présente une curieuse particularité : une terrasse de forme géométrique qui n’a pas l’air solidaire du bronze et de son socle, mais l’est pourtant totalement, puisque l’ensemble ne forme qu’une seule pièce, comme on le voit sous le socle. Ce choix est-il heureux ? Le taureau aurait sans doute gagné en légèreté sans cette terrasse mais au XIXème, l’usage était de placer les animaux en valeur en les surélevant. La plupart des bronzes de Barye – pas tous, il est vrai – sont ainsi présentés.

Il n’est pas étonnant que Demay ait travaillé avec Barye : on retrouve ici le même souci du détail, la nervosité, l’attitude naturelle de l’animal. On peut également le rapprocher des bovins de la famille Bonheur (photos ci-dessous).

La vache beuglant, d’Isidore Bonheur.

Le taureau beuglant, de Rosa Bonheur.

Élément intéressant, le bronze de notre internaute est reproduit dans le formidable livre « Animals in bronze » de Chr.Payne (cf. album photo « Les livres »), avec un commentaire élogieux. L’auteur relève comme moi la curieuse terrasse et n’hésite pas à comparer ce modèle à l’un des taureaux de Barye.

Les dimensions du taureau de Demay sont les suivantes : 24,2 cm (long.) x 14,1 cm (haut.) x 8,3 (prof.) : elles correspondent parfaitement à celles mentionnées dans l’ouvrage de Payne.

La cote de Germain Demay n’est pas très établie puisqu’il y a peu de références pour ses bronzes. Je n’ai trouvé que deux résultats, assez anciens, pour notre taureau :

– Sotheby’s au Royaume-Uni en septembre 1998 : estimé 1500 à 1800 € mais invendu.

– Compiègne en octobre 1998 (serait-ce le même bronze ?) : adjugé à l’équivalent de 1500 €.

Ce modèle a donc pour « défauts » que son auteur est très peu connu, mais il a pour indéniables qualités sa finesse et également le fait d’être répertorié dans le Payne. Je pense qu’aujourd’hui, alors que la cote des bronzes animaliers anciens est moins élevée qu’il y a quelques années, son estimation pourrait être de l’ordre de 1000 €.

LA VALEUR D’UN BRONZE : « OCELOT EMPORTANT UN HÉRON » DE A.-L. BARYE

Monsieur C. de Versailles possède un joli bronze, « une panthère dévorant un échassier » écrit-il, signé Barye et il souhaite avoir des informations et une estimation de sa valeur.

Ce bronze est bien d’Antoine-Louis Barye (1795-1875), dont j’ai souvent parlé sur ce site. Le titre exact de l’oeuvre tel qu’il apparait au numéro 67 dans le catalogue des bronzes de Barye publié vers 1860 est : « Ocelot emportant un héron ». Il est alors vendu au prix de 135 francs. Il est précisé que la longueur de la plinthe (le socle) est de 32 cm. Par comparaison, le tout petit lapin est vendu à 3 francs (2 francs sans terrasse), les cerfs (marchant, de Java, axis, du Gange, etc.) autour de 20 francs. On comprend qu’il s’agit d’une des grandes pièces de Barye, parmi les plus chères parmi les animaux, au même rang que « l’élan surpris par un lynx » (les personnages et les candélabres sont généralement d’un prix encore plus élevé).

Selon le « Catalogue raisonné des sculptures de Barye », de MM.Poletti et Richarme (Gallimard), le modèle a été créé en 1839. Dans « La griffe et la dent » (Les dossiers du Musée du Louvre), il est mentionné comme « apparu dans le catalogue Barye 1844 ».

Barye révèle encore ici son génie non seulement de modelage des animaux mais aussi de la mise en scène. Il n’a jamais quitté Paris et en tout cas n’est jamais allé en Amérique donc cette scène est sortie de son imagination. L’ocelot, parfois confondu avec le serval qui lui est africain, est un petit fauve d’Amérique du sud, pesant une bonne dizaine de kilos et mesurant 1,50 m du museau au bout de la queue. Il s’apprivoise bien : Salvador Dali en possédait un, du nom de Bambou, qu’il emmenait partout.

Notre ocelot a donc attrapé un héron : l’habileté du sculpteur est de montrer la victoire du fauve, rond, ramassé, satisfait, par contraste avec la grandeur déchue du héron si beau en vol mais dont les grandes ailes, les grandes pattes, le grand cou sont désormais épars, inutiles, ridicules. L’ocelot semble sans pitié pour ce monarque réduit à l’état de simple proie mais le fauve est encore tendu par la bataille qui a dû faire rage, à grands coups de bec et de griffes, de plumes envolées. C’est le romantisme de la nature sauvage et sans pitié qui ressort ici.

Monsieur C. donne les dimensions suivantes pour son bronze : 31,5 cm x 13,8 cm pour la terrasse. Le « Catalogue raisonné » donne plutôt 31,7 cm x 14,3 cm et dans « La griffe et la dent », on trouve 31,3 cm x 16,1 cm.

D’où viennent de tels écarts, trop importants pour être simplement le résultat d’une erreur de mesure ou des différentes fontes du même modèle ?

Dans « La griffe et la dent », ce ne sont pas les dimensions de la terrasse qui sont données, mais celles du bronze dans sa plus grande largeur, c’est à dire d’une aile du héron à l’autre. A ma demande, Monsieur C. a remesuré son bronze et il arrive exactement au résultat espéré : 16,1 cm de large (les 0,2 cm d’écart sur la longueur, soit 0,6%, n’ont pas d’importance sur un bronze de cette taille).

L’écart avec le « Catalogue raisonné », qui précise bien que ses mesures sont celles de la terrasse, a une autre explication, semble-t-il : ce bronze a été créé en deux versions, l’une avec une terrasse fine puis une autre avec une terrasse épaisse. Le Catalogue raisonné donne les dimensions du premier modèle et notre collectionneur possède l’un des exemplaires du second modèle. On notera que lors de la très belle vente Fabius en octobre 2011, c’est un exemplaire de cette version qui a été vendu par Sotheby’s.

On retrouve ce héron à terre dans une autre oeuvre de Barye : l’aigle tenant un héron. C’est exactement le même oiseau, dans la même position, au-dessus duquel l’artiste a placé un grand aigle aux ailes déployées (en deux versions légèrement différentes).

Outre la signature BARYE soulignée d’un trait, le bronze de Monsieur C. porte deux indications importantes : d’une part la marque du « F.BARBEDIENNE Fondeur », d’autre part le dessous du socle, avec le montage en plusieurs parties assemblées à vis, les deux barres, un numéro à l’encre (1080). Tout ceci indique évidemment une bonne fonte de Ferdinand Barbedienne de fin XIXème. La mention « Paris » sur la marque du fondeur aurait daté la fonte du XXème, ce qui est beaucoup moins apprécié. Notre amateur a également relevé une lettre « i » gravée sous le bronze et sur chacun des deux montants. Il s’agit probablement d’une indication pour le montage des différents morceaux de la pièce.

Quelle estimation pour ce beau bronze ? Curieusement, les résultats de ventes aux enchères donnent des chiffres très disparates. Mettons de côté les 15000 Euros de la vente Fabius en 2011, le bronze vendu présentant une ciselure exceptionnelle. On trouve par ailleurs :

– Drouot juillet 2006 : estimé 1500 à 1800 Euros mais invendu, ce qui est très étonnant (la pièce présentait-elle des défauts ?)

– New York Christie’s avril 2003 : adjugé l’équivalent de 18 800 Euros frais compris, donc plus qu’à la très belle vente Fabius de 2011. Les photos montrent une ciselure identique à la pièce de notre collectionneur.

– Rambouillet mars 1995 : adjugé l’équivalent de 3 400 Euros

– Londres mai 1991 : adjugé l’équivalent de 4700 Euros

Par comparaison avec des estimations récentes d’une pièce proche, l’aigle et le héron, je pense que ce très beau sujet pourrait être estimé autour de 3000 à 4000 Euros.