Retour de voyage en Namibie

En avril 2024, je me suis à nouveau rendu en Namibie, pays que j’ai découvert il y a cinq ans. Voici quelques photos et impressions de voyage.

La Namibie est située dans l’hémisphère sud, au bord de l’Atlantique. Elle a pour voisins l’Afrique du Sud, dont elle est indépendante depuis 1990 seulement, le Botswana à l’Est (bien connu pour le fameux delta de l’Okavango), l’Angola au nord, avec qui les rapports ont été compliqués par le passé mais sont aujourd’hui apaisés. Il faut encore ajouter la Zambie, puisqu’au nord-est, la Namibie possède une curieuse et étroite bande de territoire qui s’avance loin vers l’est jusqu’à la Zambie et presque le Zimbabwe. Ce territoire est appelé « la bande de la Caprivi » et sa faune y est extrêmement riche grâce à la présence d’eau en abondance : on y trouve buffles, éléphants, hippopotames, rhinocéros, fauves, antilopes, etc.

Namibie 2024

L’un des symboles de Windhoek, la capitale namibienne : la petite église de Christuskirche construite en 1907.

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A Windhoek, l’étrange bâtiment abritant le Musée national. Les Namibiens l’appellent « La machine à café ». Au pied, une grande statue du premier président namibien Sam Nujoma brandissant la constitution rappelle fâcheusement les monuments communistes. Ce n’est pas un hasard : cette « oeuvre » a été conçue par une entreprise nord-coréenne, dont l’ONU se demande si l’intense activité en Afrique n’est pas un vecteur de financement du programme nucléaire nord-coréen.

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Sur la route, des panneaux signalent le danger que représentent phacochères, babouins, élands et autres antilopes.

D’une superficie proche de celle de la France, la Namibie est très peu peuplée (environ 3 millions d’habitants). C’est un pays sain (pas besoin de vaccin ni de traitement pour le visiter), sûr et agréable. J’ai séjourné dans le nord du pays, à peu près au dessus du M de Namibie sur la carte ci-dessus, dans une grande ferme de plusieurs dizaines de milliers d’hectares proche du Parc naturel d’Etosha. C’est un territoire ouvert, contrairement à de nombreuses réserves de Namibie et d’Afrique du sud, et la faune y est réellement sauvage.

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Dans cette ferme, seule une petite partie des terres est consacrée à l’agriculture (élevage de vaches, moutons, chèvres et porcs) et à la production de charbon, très contrôlée (il est interdit d’abattre de grandes essences). L’essentiel est occupé par le « bush », mélange de buissons souvent épineux, d’herbes hautes et de grands arbres.  Comme le montrent les photos ci-dessous, selon les zones, le paysage change et l’on passe d’une végétation difficilement franchissable à un espace naturellement harmonieux qui fait penser à un grand parc.

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Ci-dessus, les « mopanes » (Colophospermum mopane), arbustes omniprésents en Namibie, dont la faune sauvage se régale. Ils n’ont pas d’épines, possèdent des feuilles en forme de papillons qui évoquent les empreintes des élands du Cap et portent des petites baies comestibles (auxquelles je n’ai guère trouvé de goût). Froissées, les feuilles dégagent une agréable odeur de camphre ou de térébenthine.

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Les acacias présentent de redoutables épines de 5 cm de long qui déchirent vêtements et peau et entravent la progression. Moins cependant qu’un autre arbuste dont les nombreuses épines en crochet vous bloquent net et vous obligent à faire marche arrière pour tenter de décrocher chemise, pantalon, chapeau…

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Heureusement, la marche est parfois plus aisée dans certaines zones qui ressemblent à la savane (ci-dessus) ou même à un agréable parc européen (ci-dessous).

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Les personnes ne connaissant de l’Afrique que les documentaires animaliers s’imaginent trop souvent que la grande faune y est omniprésente, que les fauves ne pensent qu’à dévorer les humains qui mettent un pied dans la brousse et qu’on peut approcher les animaux à quelques mètres, comme on le voit dans les grands parcs du Kenya, de Tanzanie ou d’Afrique du sud. Quand on annonce qu’on va marcher dans la brousse, la question des serpents survient toujours.

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Grosse vipère heurtante dite « Puf ader ». Avec les mambas, elle fait partie des serpents très dangereux puisque son venin est mortel en quelques instants. En 10 jours de marche, je n’en ai vu qu’une seule, celle-ci, qui traversait la route en plein soleil. Les guides repèrent rapidement les serpents, qui ne sont pas tous agressifs heureusement, et ils en connaissent les dangers.

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Les points d’eau sont généralement un bon point de départ pour la recherche de traces récentes d’animaux, dont on remonte la piste grâce à l’habileté stupéfiante des guides.

En réalité, la grande faune vit dans des espaces bien précis et la plupart des Africains n’ont jamais vu d’éléphant, de girafe ou de léopard. Les lions que l’on voit s’approcher des voitures de safari, les guépards qui grimpent dessus pour mieux repérer leurs proies, les éléphants qui viennent boire au pied d’un lodge sont merveilleux (je garde un émouvant souvenir de mes safaris en Afrique de l’Est) mais peut-on dire qu’ils sont encore réellement sauvages ? Ces réserves naturelles, sorte d’immenses zoos, sont sillonnées par des voitures de touristes auxquelles les animaux se sont très bien habitués, sachant qu’elles ne représentent aucun danger, mais ce n’est pas là un comportement naturel. Pour observer une faune à l’instinct de conservation préservé, il faut aller ailleurs et accepter de voir moins d’animaux en une semaine qu’en une matinée au Kenya.

Le sol est constellé d’empreintes d’animaux : pintades en bas à droite et, au centre, les traces en forme de cœur caractéristiques des oryx gazelles ou gemsboks, splendides animaux athlétiques et l’un des emblèmes de la Namibie. 

Il faut toute l’habileté et le savoir-faire d’un guide professionnel pour discerner une trace récente et la suivre sur des kilomètres. Sur le sable comme ci-dessus, ou dans la boue, c’est relativement aisé, mais dans les herbes hautes et sur les cailloux, c’est une autre affaire. En suivant le guide, on se rend compte à quel point nous, citadins, avons perdu notre acuité visuelle et auditive. Les pisteurs repèrent à plusieurs kilomètres une oreille de grand koudou qui s’agite ou un petit céphalophe qui relève la tête. Ils travaillent énormément à l’oreille, s’arrêtant constamment pour écouter un petit craquement de branche, un pas sur le sol, un très léger grognement, inaudibles pour nous. La marche est lente, absolument silencieuse, ce qui nécessite une grande concentration, et l’on veille à être toujours à bon vent (vent de face). En effet, la plupart des animaux sauvages sentent et entendent parfaitement. Que le vent tourne et c’est toute une troupe de zèbres qui sent l’homme à 500 m, s’affole et part au galop. En revanche, hormis les singes, les oiseaux et les zèbres, les animaux voient généralement mal, à un point parfois étonnant. Totalement immobile, à bon vent, j’ai vu à plusieurs reprises des phacochères s’approcher à 6 mètres de moi, m’observer longuement puis faire demi-tour au petit trot en secouant la tête, d’un air de dire « C’est curieux, j’aurais juré qu’il y avait là quelque chose d’étrange ! ».

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Ce phacochère mâle ne m’avait pas repéré malgré la faible distance. Mais il a instantanément disparu lorsque j’ai malencontreusement fait un minuscule bruit avec mes jumelles ! 

Marcher ainsi dans la brousse est très stimulant pour les sens et quelle joie lorsqu’on peut observer longuement un grand troupeau d’élands du Cap, une bande d’une cinquantaine de springboks, un délicat grand koudou sautant avec autant d’aisance que d’élégance la clôture des vaches ! Je me souviens de trois grandes femelles d’élands du Cap broutant les feuilles des mopanes et s’approchant peu à peu de nous jusqu’à ce que l’une d’elles lève la tête et nous découvre. Sa tête semblait réellement exprimer une immense stupéfaction et nous avons compris que nous étions découverts. Elle a donné le signal de départ et pendant longtemps, nous avons entendu le fracas des buissons écrasés par ces très grands animaux en fuite.

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L’oryx gazelle ou Gemsbok, le plus grand des oryx. Ses traits noirs et ses longues cornes, qui peuvent dépasser 120 cm de long, donnent à la silhouette de cet animal courageux une force et une élégance remarquables.

La marche révèle parfois quelques surprises : traces de porc-épic, de serpents, criquets gros comme le pouce, lézards, écureuils, galagos que l’on croirait en peluche, etc. mais aussi à peu de distance le feulement caractéristique du léopard, qui ressemble à une scie à bois. Les fauves n’attaquent pas spontanément l’homme mais ont des réflexes : en cas de rencontre avec un lion ou un léopard, fuir en courant est mortel car cela déclenche la poursuite et l’attaque. Il faut rester calme, debout, immobile et parler à voix haute, puis reculer très lentement si le fauve ne s’en va pas le premier, ce qui est presque toujours le cas.

Au centre, trace de « big cat », comme dit le guide, mais lequel : léopard ou guépard ? A moins que ce ne soit une hyène (qui n’est pas un félin)…

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Trois femelles d’élands du Cap. Le mâle atteint la tonne. On l’appelle « le fantôme de la brousse » tant il est difficile à approcher, les sens toujours en éveil et d’une grande méfiance.

Dans la brousse, dès le lever du soleil, les chants des oiseaux sont omniprésents. Certains sont délicats, d’autres entêtants voire même agaçants comme ceux des francolins et des pintades. Un oiseau est redouté par les pisteurs : le « Grey go-away bird » (Corythaixoides concolor ou Touraco concolor), élégant volatile de la taille d’une tourterelle qui se pose en haut des buissons et signale à toute la brousse, d’une sorte de miaulement, la présence d’un danger. Les animaux connaissent parfaitement le signal et en tiennent compte.

Grey go-away bird au bord de l’eau.

Les pisteurs ont une grande connaissance de la faune : ils savent à quelle heure telle espèce va boire, comment les babouins approchent d’une mare, si les zèbres acceptent de fréquenter les élands, quand deux mâles vont se battre, etc. Ils connaissent les noms des arbres, des oiseaux, des insectes, ils savent imiter le cri des singes ou des zèbres, et bien sûr sont capables de se repérer parfaitement et de nous ramener à la voiture après 3 ou 4 heures de marche dans le « bush ». Plus d’une fois, j’ai vu mon guide me montrer des animaux que je n’avais absolument pas vus : un minuscule dik-dik, un vautour comme statufié sur un arbre mort, un bousier roulant sa boule.

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Jeune grand koudou mâle. Sans élan, il saute allègrement une barrière de 2,50 m (je l’ai vu faire mais uniquement sur 1,60 m…).

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L’autre symbole de l’Afrique australe : le springbok. Ici, une femelle.

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Céphalophe appelé localement Duiker, de la taille d’un petit chevreuil.

La proximité du parc national d’Etosha, immense réserve naturelle autour d’un lac salé, où les animaux sont protégés, ne pouvant que m’inciter à y retourner. C’est toujours un enchantement de voir des hardes d’une quarantaine d’éléphants, d’innombrables girafes, zèbres, oryx et gnous mais j’ai constaté que la faune avait décliné ces cinq dernières années. Il est possible que les sévères sécheresses y aient contribué mais en fait, c’est paraît-il le braconnage qui sévit. Depuis le début de l’année, plus de 300 rhinocéros ont été abattus par les « poachers » qui vendent les cornes en Asie. Cette fois, nous n’avons pas vu de lion ni de hyène ni de rhinocéros et les grands herbivores étaient moins nombreux qu’en 2019. Voici quelques prises à Etosha :

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Girafes. Boire leur demande de réaliser une difficile gymnastique, précédée d’une intense surveillance des alentours.

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Eléphants. Le groupe d’une quarantaine de têtes était comme toujours guidé par une vieille femelle expérimentée.

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Deux étalons se battant. Zèbres de Burchell (ici) et zèbre de Hartmann (ou de montagne) cohabitent dans cette région.

Impala. Il s’agit de la sous-espèce, très locale, de l’impala à front noir.

Le rollier, toujours perché en haut des arbres.

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Marabout. Assez laid au sol, il est beau en vol, porté par les courants chauds et décrivant de grands cercles à une altitude inimaginable.

Oryx gazelle ou Gemsbok. Les femelles ont généralement des cornes plus fines et plus longues que les mâles, qui les usent lors des combats.

La vie à la ferme, en pleine brousse, n’est pas de tout repos. La première ville est à près d’une heure de route et la nature est souvent hostile. Etre fermier en Namibie suppose beaucoup de courage et de force de caractère. Les singes ravagent le potager et les arbrs fruitiers, les fauves attaquent en permanence le bétail et il faut leur livrer bataille. Les guépards ne se nourrissent que de proies fraîches ; il y a encore quelques années, ils prélevaient 10% des brebis. Une nuit, deux lions ont sauté dans l’enclos des vaches et ont tué 15 bêtes, pourtant d’une taille et d’une corpulence analogues à nos vaches de France. Le petit babouin ci-dessous a été recueilli après que sa mère ait été abattue : elle s’était jetée sur un des chiens de la ferme et l’aurait tué. Le petit singe, George, a adopté l’une des chiennes et ne la quitte que pour faire des bêtises souvent amusantes, mais ce jeune mâle ne pourra être gardé car il deviendra vite très dangereux ; il sera bientôt remis à un parc qui s’occupe des animaux orphelins. Il y a quelques années, le propriétaire de la ferme possédait un guépard abandonné par sa mère. N’ayant pas reçu de celle-ci les consignes de prudence à adopter dans la brousse, il s’est un jour approché d’un mamba et est mort d’une morsure du redoutable reptile.

Namibie 2024

Namibie 2024

Le propriétaire de la ferme, véritable colosse, est connu dans la région pour être un courageux et excellent chasseur de lions. Il est donc fréquemment appelé par ses voisins lorsqu’un fauve fait des ravages sur une ferme. Un jour, l’un de ces agriculteurs avait posé un piège à loup et pris une lionne par une patte. Lorsque le chasseur s’en est approché, elle a réussi à se libérer du piège et s’est jetée sur lui. Heureusement, la lionne était épuisée par une nuit de lutte contre le piège sinon l’homme aurait été tué. Profitant de cette relative faiblesse (il nous a quand même dit que l’on ne pouvait imaginer la puissance musculaire d’une lionne), il l’a serré dans ses bras, a réussi à sortir un petit couteau de sa poche de chemise et, tandis qu’elle le griffait et tentait de le saisir à la gorge, il a tué la lionne. Il en est sorti littéralement épuisé, ce que l’on comprend aisément…

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Eland du Cap femelle

La vie dans ces espaces libres n’est pas une distraction mais une lutte. La faune est admirée, respectée, parfaitement gérée (c’est ainsi par exemple que les effectifs du rare impala à front noir ont fortement augmenté) mais l’homme se bat pour y gagner sa place. Ne pas écarter les fauves reviendrait à abandonner l’élevage et à quitter la région, laissant la place aux braconniers qui ravagent tout, y compris femelles et jeunes de toutes les espèces.

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Rhinocéros blanc dans un élevage namibien. Ce mâle-ci est assez dangereux car, fait relativement rare dans cette espèce, il a un caractère ombrageux et charge volontiers.

L’exemple du rhinocéros blanc du sud est intéressante. Dans les années 1930, il ne restait qu’une quarantaine d’individus de cette sous-espèce. Des propriétaires en Namibie et Afrique du sud ont décidé d’en introduire sur leurs immenses domaines (plusieurs dizaines de milliers d’hectares) et d’en assurer la protection vis-à-vis des braconniers (clôtures, rondes de surveillance, caméras, etc.). Pour amortir le coût élevé de cette protection, ils ont ouvert la possibilité à des chasseurs de tirer quelques individus (environ 0,3% de l’effectif actuel des rhinos), ce qu’ils font payer très cher. Grâce à cette politique, la population des rhinos blancs du sud est maintenant d’environ 20 000 individus. Par comparaison, la population des rhinos blancs du nord (Kenya) n’a pas bénéficié de ces mesures et on ne compte plus que deux femelles donc l’extinction de cette sous-espèce est imminente. Je ne pense pas que la chasse du rhinocéros blanc soit passionnante mais il est incontestable qu’elle a sauvé cette sous-espèce. Jusqu’à quand ? Epuisés par les exactions des braconniers mandatés par des mafias vietnamiennes et chinoises, les propriétaires des grands domaines tendent à baisser les bras. Un milliardaire américain vient de jeter l’éponge, écrasé par les sommes à injecter dans l’affaire, et a laissé aux Namibiens son domaine où vivent de très nombreux rhinos.

Namibie 2024

Comme j’aimerais que tous ceux qui aiment les animaux puissent venir visiter cette ferme, observer la faune, partager la vie familiale de ces Namibiens si sympathiques, échanger avec eux et comprendre leurs joies comme leurs soucis. Ils ont longtemps redouté que les graves troubles sociaux que connaît l’Afrique du sud s’étendent à leur pays mais heureusement, ce n’est pas le cas et le pays est sûr. Lors d’un prochain séjour, j’espère avoir l’occasion de découvrir cette fois la bande de Caprivi, la côte des squelettes, les dunes de sable…

Exposition Etienne Dinet à l’IMA (Paris)

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

Autoportrait de Etienne Dinet

L’Institut du Monde Arabe à Paris présente actuellement une belle exposition des oeuvres de Etienne Dinet (1861-1929), peintre français que l’on peut qualifier d’orientaliste mais dont les peintures n’ont rien à voir avec celle de Léon Cogniet, Jean-Léon Gérôme ou Léon Belly. Dinet a réellement vécu en Algérie et représenté des scènes de la vie quotidienne observées lors de ses nombreux séjours en Afrique du Nord. Ici, pas de grandes fresques, de bâtiments majestueux, de caravanes de dromadaires mais des enfants, un muezzin, une oasis, un homme assis sur son âne, une sieste sur un toit…

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

« L’homme au grand chapeau » – Huile sur bois.

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

« Une crue de l’Oued M’zi » – Huile sur toile

Etienne Dinet est né en mars 1861 à Paris. Son père était Président du Tribunal civil de première instance de la Seine. A 10 ans, au lycée Henri IV, Etienne remporte un premier prix de dessin au Concours général. Plus tard, il s’inscrit aux Beaux-Arts puis à l’Académie Julian où il a pour maîtres les excellents et très académiques peintres Bouguereau et Robert-Fleury. On ne fera jamais trop d’éloges sur la formation artistique du XIXème siècle, bâtie sur un long apprentissage des techniques classiques du dessin et de la sculpture et de la copie des chefs-d’oeuvres du Louvre ou d’autres musées. C’est sur ce socle solide que tant d’artistes ont pu trouver leur style, innover et explorer de nouveaux courants, créer des chefs-d’oeuvres qui font la gloire des musées du monde entier. Pourquoi les Beaux-Arts actuels ne sont-ils pas capables de revenir à cette formation classique ? Certainement par un orgueil qui permet de jeter aux orties tout ce qui s’est fait et de « réinventer le réel » en considérant que le Beau est totalement subjectif et donc sans valeur, et que l’apprentissage est inutile… En suivant ce lien, je vous invite à lire le charabia (en écriture inclusive, évidemment !) de présentation de la formation des Beaux-Arts  : https://beauxartsparis.fr/fr/presentation/organisation-des-etudes

Vous êtes priés d’apprécier particulièrement les « workshops« , « L’École et ses habitant·es. Humain·es et non-humain·es.de Paris » et « un présent qui se reconfigure au jour le jour« … La cuistrerie atteint des sommets avec la définition des techniques enseignées : « Dirigés par des artistes ou des technicien·nes d’art, les ateliers de technicités permettent aux étudiant·es d’ouvrir le champ de leurs travaux personnels et d’envisager son développement par la maîtrise de différents media, de faire s’évanouir les entraves matérielles à leurs créations. » Je pense avec tristesse aux étudiants qui naïvement pensaient trouver là le lieu d’un apprentissage intelligent et exigeant. Heureusement qu’il existe des écoles privées d’art…

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

« Sur une terrasse un jour de fête à Bou-Saâda » – Huile sur toile

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

« Meddah aveugle chantant l’épopée du Prophète » ou « Le conteur arabe » – Huile sur toile

Revenons à Etienne Dinet : en 1884, le frère entomologiste de son ami Lucien Simon part en Algérie à la recherche d’un coléoptère rare et emmène Etienne. Il est séduit. Dès l’année suivante, il utilise une bourse de voyage pour repartir dans ce pays, parcourir le désert, les Hauts-Plateaux et finalement l’oasis de Bou-Saâda. D’autres voyages suivront jusqu’à ce que Dinet prenne l’habitude de passer une grande partie de l’année à Bou-Saâda où il sera enterré après sa mort à Paris en 1929, année de son pèlerinage à La Mecque. Il s’était converti à l’Islam en 1913.

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

« Un forcené » – Huile sur toile

En 1887, Etienne Dinet avait créé la Société des peintres orientalistes français dont Gérôme et Benjamin Constant étaient les présidents d’honneur. Pourtant, en 1922, il publia « L’Orient vu par l’Occident« , charge critique contre les peintres orientalistes d’Occident qui ignoraient la tradition musulmane et la dévoyaient. En 1911, il obtint que l’administration militaire de la ville de Bou-Saâda devienne civile. Il affichait des positions très critiques vis-à-vis de le gestion coloniale et s’est battu pour une véritable reconnaissance des combattants musulmans de la Grande Guerre.

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

« Le marché de Brezina » – Huile sur toile

L’Institut du Monde Arabe présente une belle collection de peintures, dessins et ouvrages illustrés par l’artiste. Dinet nous offre un voyage instructif, enchanteur, que l’on n’a pas envie de quitter. Sa peinture n’est pas léchée, figée, aussi « impeccable » que celle d’un Gérôme ou d’un Benjamin-Constant mais elle est très réaliste : les visages manquent parfois un peu de charme, on sent la poussière et la chaleur mais c’est une peinture vivante. Une partie de l’exposition est consacrée aux portraits de jeunes filles des « quartiers chauds » de Bou-Saâda, mélange de grâce et de gravité mélancolique, quartiers dont visiblement Dinet était un visiteur régulier sans que l’on sache bien si ses visites étaient à but artistique ou non.

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

« Etienne Dinet, passions algériennes« 

Jusqu’au 9 juin 2024 – Institut du Monde Arabe – 1 rue des Fossés-Saint-Bernard Paris Vème.

www.imarabe.org

Etienne Dinet Institut du Monde Arabe mars 2024

 

 

 

 

Exposition André Devambez au Petit Palais à Paris

Lors de mes fréquentes visites au musée des Beaux-arts de Rennes, j’ai toujours été frappé d’étonnement devant une grande peinture (161 cm x 188 cm), une vue aérienne de Paris, plus précisément de la Seine et de la colline de Chaillot lors de l’Exposition de 1937, vues du 2ème étage de la tour Eiffel. La perspective est juste, les couleurs sont belles mais surtout la foule est particulièrement bien représentée. En s’approchant, on voit qu’en fait, chaque petit personnage est minutieusement peint, ce qui a dû demander un travail considérable.

Petit Palais exposition Devambez

« L’exposition de 1937 vue du deuxième étage de la tour Eiffel » – A.Devambez – Huile 1937.

Petit Palais exposition Devambez

Détail de la foule du tableau ci-dessus.

J’ai découvert récemment qu’en partenariat avec le musée de Rennes, le Petit Palais à Paris consacrait justement une exposition à l’auteur de cette oeuvre, le peintre André Devambez. Je l’ai visitée à deux reprises et je vous la conseille vivement. Mais dépêchez-vous : elle se termine le 5 février.

Petit Palais exposition Devambez

« Les grands hommes réunis dans la maison Devambez » – Lithographie et gouache 1905.

On reconnaît François Ier, Victor Hugo, Louis XIV (en bas à gauche) donnant sa carte à Napoléon Ier, Edmond Rostand, Sarah Bernhardt, etc. A droite, Le père d’André Devambez accueille une reine.

André Devambez est né à Paris en 1867. Son père Edouard, graveur et éditeur de livres d’art, s’installera en 1870 passage des Panoramas (2ème arr.). Elevé dans un climat artistique, André s’inscrit en 1884 à l’Académie Julian dans l’atelier de deux grands maîtres, Benjamin-Constant et Jules Lefèbvre. L’année suivante, il entre à l’Ecole nationale des beaux-arts. En 1889, il expose pour la première fois au Salon des Artistes Français. En 1890, à sa troisième tentative, il obtient le prix de Rome avec Le reniement de Saint Pierre, que l’on peut voir au Petit Palais. Il s’installe à la villa Médicis fin 1891 pour un long séjour puisqu’il se terminera officiellement début 1896, mais il sera interrompu par le service militaire de l’artiste.

Petit Palais exposition Devambez

« Paris sous la Commune ; l’appel » – Huile 1906.

En 1900, se tient l’Exposition universelle de Paris. La maison Devambez y obtient une médaille d’or et André est choisi pour illustrer la transformation et l’utilisation du papier. Cette même année, il épouse Cécile Richard, fille d’un chimiste alsacien. Il ne cessera plus d’exposer : au cercle artistique Volney, à la fameuse galerie Georges Petit (qui lui consacrera une exposition personnelle en 1913), aux Artistes Français, au Salon des Humoristes, dans différentes galeries à Nantes, Mulhouse, Strasbourg, Québec, etc.

Petit Palais exposition Devambez

« Le souvenir », panneau central du triptyque « La pensée aux absent » – Huile 1926-1936

Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1905 (il sera fait Officier en 1930 puis Commandeur en 1938). En 1910, il reçoit commande de grands panneaux pour la nouvelle ambassade de France à Vienne. Pour cela, il se rendra à plusieurs reprises dans la capitale autrichienne mais, suite à la décision de l’ambassadeur de France, en 1912, de ne pas les installer, il faudra attendre 1990 pour que ces grandes peintures sur le thème des avions, métro, omnibus et aéroplanes soient placées dans ce qui s’appelle aujourd’hui le salon Devambez.

Petit Palais exposition Devambez

« Les projets pour l’année prochaine » – Lithographie en couleurs.

Petit Palais exposition Devambez

« Les incompris » (détail) – Huile 1904.

« Affalés sur une banquette de brasserie, un quarteron de bohêmes, peintres sans clientèle, acteurs sans théâtre, publicistes sans journal, dame féministe mûrie et tournée à l’aigre, boivent, théorisent et vaticinent » (Louis Vauxcelles, critique d’art)

1914 : c’est la guerre ! André Devambez a 47 ans et est trop âgé pour être mobilisé mais il n’est pas question pour lui de rester « à l’arrière ». Il participe aux premières missions de peintres organisées par le musée de l’Armée et se rend en Belgique et dans le Nord Pas-de-Calais. En 1915, il s’engage volontairement dans la section Camouflage du 13ème régiment d’infanterie et part pour la Somme mais le 3 juin, des éclats d’obus le blessent grièvement aux jambes et près de l’œil gauche. Il subit une longue convalescence mais il souffrira toute sa vie des suites de ces blessures, ce qui ne l’a pas empêché de repartir sur le front près de Verdun dès 1917.

Petit Palais exposition Devambez

« Souilly » – Huile, 1917. A l’arrière-plan, un camion peint par les peintres camoufleurs.

Petit Palais exposition Devambez

« L’attaque » – Plume, encre et gouache 1915.

La paix revenue, Devambez voyage en Espagne, Angleterre, Italie et continue à peindre et exposer. Après plusieurs tentatives, il est élu à l’Académie des beaux-arts en 1929 et nommé chef d’atelier de peinture aux Beaux-arts de Paris. Il ouvre cet atelier aux artistes femmes. Il sera professeur honoraire aux Beaux-arts en 1937, membre de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Lyon en 1940. Il s’éteint chez lui en 1944. Un an plus tard, l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts lui consacre une rétrospective. Même si les épreuves ne l’ont pas épargné, particulièrement pendant la guerre, il connut donc une vie heureuse couronnée de succès et d’honneurs.

Petit Palais exposition Devambez

« Mon petit-fils » – Huile.

Petit Palais exposition Devambez

« Les Rois mages » – Gouache 1904. Une vision originale de l’adoration des mages !

Ce qui frappe chez André Devambez, c’est la grande diversité de ses talents. Il fut à la fois peintre classique, intimiste, religieux, portraitiste, caricaturiste, illustrateur notamment de publicités et d’albums pour enfants, affichiste, visionnaire et satiriste. Les oeuvres présentées au Petit Palais reflètent bien toute cette palette.

Petit Palais exposition Devambez

« Quai de métro, heure de pointe » – Lithographie sur vélin rehaussée à l’encre noire, vers 1910 (déjà !).

Mais si le titre de l’exposition est « Vertiges de l’imagination« , c’est parce que Devambez a peint de très nombreuses vues aériennes, imaginaires ou réelles. Fasciné par les progrès techniques des moyens de transport, il a représenté des avions et imaginé des omnibus volants. On comprend qu’il ait été nommé Peintre du ministère de l’air en 1934. Ce point de vue « d’en-haut » l’a conduit à illustrer Les voyages de Gulliver, de Jonathan Swift.

Petit Palais exposition Devambez

« La charge » – Huile vers 1902

Petit Palais exposition Devambez

« Gulliver en tournée » – Huile 1909.

Petit Palais exposition Devambez

« Port-aviation » – Huile 1910.

Petit Palais exposition Devambez

« Le dirigeablobus au-dessus de la place de l’Opéra » – Lithographie en couleurs 1910.

Enfin, pour terminer, signalons ses charmantes minuscules huiles (de 5 cm à 20 cm de long) réalisées pour les expositions « Tout-Petits » à la bien-nommée galerie Georges Petit, auxquelles Devambez participa pour la première fois en 1917.

Petit Palais exposition Devambez

« L’hôtel de la maison rouge à Clisson » – Huile 1939 (16 cm x 22 cm)

Petit Palais exposition Devambez

« Auguste a mauvais caractère » (extrait) – Album pour enfant (ici, le repentir) – 1914

Petit Palais exposition Devambez

« Ulysse et Calypso » – Huile 1936.

André Devambez (1867-1944) – Vertiges de l’imagination

Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Avenue Winston Churchill – Paris 8ème

Du 9 septembre 2022 au 5 février 2023 – Tous les jours du mardi au dimanche de 10h à 18h (19h vendredi et samedi)

Et pour vous reposer après l’exposition ou pour oublier les trois affreuses sculptures « contemporaines », criardes et insensées, placées devant l’entrée du Petit Palais sans doute dans l’espoir – vain – d’y trouver un peu de légitimité…, asseyez-vous un instant dans le joli jardin exotique au cœur du musée.

Petit Palais exposition Devambez

Superbe exposition « Ilya Répine (1844-1930) – Peindre l’âme russe » au Petit Palais à Paris

Du 5 octobre 2021 au 23 janvier 2022, le Petit Palais à Paris présente une magnifique exposition des oeuvres du peintre russe Ilya Répine (1844-1930). Un évènement à ne pas manquer, d’autant plus que l’affluence est faible et qu’il est très facile de réserver même deux ou trois jours seulement à l’avance.

Le Petit Palais : l’un des plus beaux musées de Paris. L’accès aux très belles collections permanentes est gratuit.

Le titre « Peindre l’âme russe » est bien trouvé car il y a là toutes les facettes de cette âme : le romantisme, l’extrême sensibilité, la force et même la violence, les foules, les tsars, les processions religieuses et les popes, la misère, les soldats, Tolstoï et Moussorgski, la Volga, la police secrète et les arrestations, les duels, les beautés de la nature, etc.

L’exposition Répine dure jusqu’au 23 janvier 2022.

Voici quelques photos prises lors de ma visite un samedi matin. Une exposition à ne pas manquer ! Le catalogue est un beau livre de 250 pages richement illustré et fort intéressant, au prix de 42 €.

« Les haleurs de la Volga » – Grande huile de près de 3 m de long peinte entre 1870 et 1873.

Ce tableau sera l’objet de vives controverses. Dostoïevski louera le peintre pour avoir montré « Les haleurs, de véritables haleurs et rien d’autre. Aucun d’eux ne lance au spectateur « Regarde combien je suis malheureux et à quel point tu es redevable envers le peuple ! » Et cela, au moins, est à porter au plus grand mérite de l’artiste » tandis que le recteur de l’Académie est scandalisé et que le ministre des chemins de fer reproche à Répine d’avoir fait une peinture antipatriotique en donnant aux moujiks l’apparence de « gorilles« .

« Les haleurs de la Volga » – Détail

L’Archidiacre (1877).

Répine a fait le portrait d’Ivan Oulanov, archidiacre (clerc aidant le prêtre orthodoxe durant l’office) de son village de Tchougouïev, connu dans toute la région pour sa force physique et sa puissante voix de basse. Selon Répine, « il représente la quintessence de nos diacres, ces loups du clergé qui n’ont pas une once de spiritualité en eux […], unique écho du prêtre païen, et ce bien avant les Slaves. C’est un bon vivant, un artiste dans sa fonction, rien de plus ! ». 

Procession religieuse dans la province de Koursk (1881-1883) – Immense huile de près de 3 m de long.

Juif en prière (1875)

« Ils ne l’attendaient plus » (1884-1888)

Ce très émouvant tableau montre le retour inattendu d’un homme dans sa famille après de longues années de déportation. Observons sur le visage des différents personnages la stupeur, l’incrédulité, une certaine réserve, la joie des enfants. Le visiteur est inquiet de la façon dont il sera reçu et de ce qu’il va retrouver. Au mur, l’image du Tsar Alexandre II – le « Tsar libérateur » qui abolit le servage sur son lit de mort – rappelle que tous les révolutionnaires ne souhaitaient pas que le Tsar soit renversé et encore moins tué.

 « Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie » (1880)

Cette scène de plus de 3,5 mètres de long est l’une des plus saisissantes de l’exposition. Elle relate un épisode – dont la réalité n’est pas certaine – de la vie des Cosaques, peuple fier et indépendant,  qui envoient une réponse insultante au sultan de Turquie alors qu’il leur demandait leur ralliement. Répine aimait particulièrement ce tableau, qui connut un immense succès et pour lequel il s’était beaucoup documenté. Le Tsar Alexandre III l’acquit en 1891. Il fut souvent reproduit et copié. Il faut prendre le temps d’observer les figures rubicondes, les bouches édentées, les bedaines de ces Cosaques qui ne peuvent qu’être craints. On les imagine sans peine, pillant, violant, tuant puis buvant et faisant la fête, sans souci des blessures et de la mort, leur vie consacrée à la guerre, aux chevaux, à leur « tribu » de Barbares courageux et paillards.

« Vassili Répine » (1867), le jeune frère de l’artiste.

« Léon Tolstoï labourant » (1887)

« Ilya Répine – Peindre l’âme russe » – Musée du Petit Palais à Paris – Ouvert tous les jours sauf le lundi.

Réservation : https://www.petitpalais.paris.fr/expositions/ilya-repine-1844-1930

45ème édition du Salon National des Artistes Animaliers

Après une édition 2020 bien particulière puisque la situation sanitaire ne permit pas au salon de se tenir réellement mais uniquement sur le site internet, c’est avec une grande joie que nous avons retrouvé ces derniers jours une véritable édition du « SNAA ». Le soir du vernissage, une foule nombreuse, visiblement heureuse de ce retour, se pressait dans le superbe Hôtel de Malestroit tout récemment restauré.

Le prix Edouard Marcel Sandoz couronne cette année la sculptrice Olivia Trégaut et le prix Roger B.Baron de la ville de Bry-sur-Marne le peintre et dessinateur Olivier Claudon, dont le talent est très loin de se limiter aux belles vaches vosgiennes qu’il a tant représentées.

Olivia Tregaut et Olivier Claudon

Pour mémoire, parmi des centaines d’oeuvres soumises à un jury indépendant (un juré ne peut exposer) et régulièrement renouvelé, sont sélectionnées les plus belles peintures, gravures, sculptures, photos. Le nom de leur auteur ayant été préalablement masqué, c’est bien l’oeuvre et non l’artiste qui prime. Ainsi, nous avons régulièrement la surprise de voir émerger de nouveaux venus sur la scène artistique animalière.

La 1ère salle, réservée aux oeuvres des deux lauréats.

Toute la très lourde organisation du SNAA reposant sur des bénévoles peu avares de leur temps et de leurs efforts, il n’y a pas de frein financier pour les candidats : une maigre cotisation annuelle et, si l’on est sélectionné, un droit d’accrochage des plus réduits. Ajoutons que l’entrée est gratuite pour les visiteurs, qui sont des milliers chaque année à ne pas manquer le plus grand rendez-vous français de l’art animalier. Toutes les oeuvres exposées au salon sont en vente.

Le salon se tient du 13 novembre au 12 décembre 2021. Il est ouvert du mardi au dimanche inclus. Des conférences très intéressantes sont organisées chaque dimanche à 15h. Après Pierre Abattu, directeur de la fonderie Barthélémy Art (partenaire du Salon) le week-end dernier, ce sera au tour de Catherine Aubecq, peintre médaille d’or 2020, d’expliquer la technique très particulière du Nihon-Ga, peinture traditionnelle japonaise, puis le 28 novembre Olivia Tregaut organisera un atelier de modelage ouvert à tous de 6 à 99 ans (voire plus !). Enfin, le 5 décembre, présentation du Refuge de l’Arche, spécialisé dans l’accueil d’animaux blessés ou abandonnés.

Un charmant écureuil observant une noisette, par Olivier Claudon.

« Requin baleine » (raku nu engobe de porcelaine) – Laurent Yvelin

Pour se rendre au SNAA, rien de plus facile : Bry-sur-Marne est à quatre petites stations de RER de Nation (dir. Marne-la-Vallée). On peut se rendre à l’hôtel de Malestroit à pied en 15 mn ou en bus (direct).

« Duel pour une belle » (huile sur toile) – Hocine Ziani

SNAA de Bry-sur-Marne – Hôtel de Malestroit – 2 grande rue Charles de Gaulle – 94360 Bry-sur-Marne

Mardi au vendredi : 10h-12h et 14h-18h – Samedi et dimanche : 10h-18h30 – Site : https://www.artistes-animaliers.com/

« Rhinocéros noir femelle au trot » (bronze) – D.Colcombet

« Alors on peut sortir ? » (huile sur panneau) – Anne Dussaux

LES BEAUX MUSEES DE PARIS : LE MUSEE DES ARTS DECORATIFS

Après les visites des musées Cognacq-Jay, Carnavalet, Gustave Moreau, de la vie romantique, du Petit Palais, voici celle du très beau Musée des Arts Décoratifs (MAD), situé 107 rue de Rivoli à Paris, à deux pas du Palais-Royal.

Il est difficile de cerner la notion d’Arts décoratifs tant elle est vaste : mobilier, peinture et sculpture, arts de la table, papier peint et tapisserie, orfèvrerie, etc. Dans ses collections permanentes, le MAD possède 150 000 objets dont 6 000 environ sont présentés au public à travers 5 départements chronologiques : Moyen-Age et Renaissance, XVIIème et XVIIIème siècles, XIXème siècle, Art Nouveau – Art Déco, Moderne et Contemporain (ce dernier département est actuellement fermé).

Une partie du vaste bâtiment présente des expositions temporaires, actuellement les créations du couturier Thierry Mugler. Ces évènements attirent beaucoup de monde mais les collections permanentes sont très calmes, presque désertes, ce qui est fort agréable.

Chambre de la duchesse de Berry, belle-fille du roi Charles X. Les bois clairs, mouchetés, les lignes courbes tranchent avec la rigueur et les teintes acajou foncé du mobilier Empire.

La « mise en scène » est belle, aérée, pédagogique ; les objets sont de grande qualité et bien sûr en très bon état. On a le sentiment de visiter les différentes pièces d’une belle demeure et on ne peut que s’émerveiller devant le savoir-faire, le talent des peintres, ébénistes, souffleurs de verre, sculpteurs.

Le MAD présentent plusieurs pièces meublées en style Art déco, absolument magnifiques : vitraux colorés, tableaux de Maurice Denis, lustres accompagnent les courbes harmonieuses de Majorelle et autres grands ébénistes.

Le MAD possède plusieurs bronzes animaliers de Barye, dont certains rares, ainsi que des figures historiques telles que le prince de Joinville en amiral par Mennessier, Louis-Philippe Ier roi des Français par Gechter, le duc d’Aumale en lieutenant-général par Mennessier.

Le gigantesque « Surtout des cent-couverts » a été commandé en 1852 pour les prestigieuses réceptions aux Tuileries par celui qui deviendra bientôt Napoléon III. Destiné à une table de 30 mètres de long, il est constitué de 15 pièces monumentales en bronze et galvano-plastie (le futur Empereur avait observé que par le passé, les grands surtouts en métaux précieux avaient tous finis par être fondus pour financer les guerres). En 1871, lors du déplorable incendie volontaire du Palais des Tuileries par les Communards, qui l’inondèrent consciencieusement de produits inflammables avant de mettre le feu au bâtiment qui abritait des trésors artistiques, le surtout brûla mais fut en partie sauvé par Henri Bouilhet, vice-président de la manufacture Christofle.

L’atelier de Houdon, par Louis-Léopold Boilly (1761-1845). Le sculpteur modèle le buste du mathématicien Laplace.

Une charmante petite sculpture représentant une jeune fille jouant avec son chien.

Astucieuse présentation de tous les styles de fauteuils anciens.