Nouvelle visite à Pairi Daiza en Belgique

En juin 2014, il y a donc près de neuf ans, j’avais découvert le magnifique parc animalier de Pairi Daiza en Belgique, près de la frontière française. J’ai eu envie de le revoir et je n’ai pas été déçu. En constante évolution et agrandissement, c’est certainement l’un des plus beaux zoos du monde, tant par la richesse de sa collection que par le cadre enchanteur qui a été créé.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Le lac et dans le fond la tour de l’ancienne abbaye cistercienne de Cambron.

Créé en 1994 par Eric Domb, c’est un peu l’équivalent du Puy du Fou en mode animalier. Tout y est remarquable et les qualificatifs élogieux manquent pour décrire les jardins, les arbres remarquables, les nombreux monuments et bien sûr la stupéfiante richesse de la faune présentée.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Pairi Daiza est une invitation au voyage tout autour du monde grâce aux nombreux monuments, souvent très grands, parfois bâtis par des artisans du pays d’origine venus spécialement au parc pour leur construction.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Le grand temple bouddhiste.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Le Pavillon de thé.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Village lacustre inspiré par la cité de Ganvié dans l’ancien Dahomey (aujourd’hui Bénin).

Quelques photos en diront plus longs qu’une description qui prendrait des pages et des pages. Pour tout connaître de l’histoire de Pairi Daiza, je recommande la lecture du volumineux et très bel ouvrage « Il était une fois Pairi Daiza » disponible sur place.

Pairi Daiza livre

Zoo Pairi Daiza Belgique

Jardin chinois.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Le « village Tamberna » , inspiré de l’habitat d’une ethnie du Togo.

Zoo Pairi Daiza Belgique

« L’Izba », spectaculaire construction sur le mode des traditionnelles constructions russes.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Buffles d’eau dans les rizières. On est immédiatement transporté en Asie.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Tigre blanc.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Pairi Daiza possède quelques éléphants d’Afrique mais surtout une très nombreuse harde d’éléphants d’Asie.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Phacochères. Ces suidés africains très nombreux sur leur continent d’origine, ne sont pas courants dans les zoos.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Grand mâle orang outang, le patriarche d’une grande troupe très amusante à observer.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Pairi Daiza présente une dizaine d’ours ensemble, dans un très vaste enclos où vivent aussi des loups.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Lorsqu’ils sont immobiles, les loups se confondent parfaitement avec leur environnement. Les entendre hurler est une belle expérience.

Zoo Pairi Daiza Belgique

L’élan, le plus grand des cervidés.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Les morses sont rarissimes dans les zoos. Ces mammifères sont colossaux. A Pairi Daiza, certains possèdent des défenses mais je n’ai pas réussi à en faire de belles photos car ils étaient dans l’eau.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Grand panda. Parmi les animaux rares présents à Pairi Daiza, on peut citer aussi les koalas, dragon de Komodo, bec-en-sabot, jabirus, buffle d’Afrique de l’est et buffles d’eau, wapitis, rennes, panthères des neiges, wombat, puma, ours polaires, et tant d’autres.

Zoo Pairi Daiza Belgique

Un joli train à vapeur permet de faire le tour du parc.

Je recommande de faire la visite au printemps, lorsque tout le parc est en fleurs, ce qui est superbe. Une grande journée est un peu juste pour tout voir, même lorsqu’on ne s’attarde pas beaucoup devant chaque enclos.

Ballet de girafes au zoo du Parc de la Tête d’Or à Lyon

En cette période de deuxième confinement, il est heureusement possible de se promener dans les parcs et jardins. Le zoo du Parc de la Tête d’or à Lyon est fermé mais certains animaux sont visibles sans entrer dans l’enceinte du zoo. C’est le cas des girafes. Il était intéressant d’assister cette semaine à la cour pressante que Bachir le grand mâle faisait à une femelle.

Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

Le mâle ne quitte pas la femelle, la suivant en permanence, la précédant quelquefois, la bloquant même à l’occasion dans un angle.

Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

La femelle accepte de bonne grâce d’être ainsi talonnée dans ses allers-retours. Elle ne fuit pas mais semble indifférente.

Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

Ce ballet s’effectue bien sûr en silence puisque les girafes ne poussent ni rugissements ni beuglements. Cela donne à ce manège un air un peu irréel, fantomatique.

Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

Le mâle baisse régulièrement la tête et hume les organes reproducteurs de la femelle, vérifiant ainsi si elle est féconde.

Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

Lorsque la femelle urine, le mâle est particulièrement attentif à repérer les phéromones qu’elle émet.

Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

Comme de nombreux mammifères, notamment les chevaux, les fauves et les cervidés, il adopte alors une attitude typique que l’on appelle le « flehmen » : le mâle retrousse la lèvre supérieure, relève la tête et inspire fortement, utilisant son organe vomero-nasal dit de Jacobson situé sur le palais, sous la surface interne des naseaux.Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

Le résultat lui semblant satisfaisant, le mâle est prêt à s’accoupler, ce que j’aurais aimer voir mais… il ne s’est rien passé car ce n’est pas la saison !

Girafes Parc de la Tête d'Or Lyon zoo rut chaleur parade

BREF RÉCIT DE MON VOYAGE EN NAMIBIE

En avril dernier, je me suis rendu en Namibie pour observer la faune. Située au nord ouest de l’Afrique du Sud, indépendante depuis 1990, la Namibie a une superficie de 825 000 km² (643 000 km² pour la France) et seulement 2,5 millions d’habitants (dont 300 000 dans la capitale Windhoek), ce qui en fait le deuxième pays le moins peuplé de la planète, derrière la Mongolie. La première ressource économique de la Namibie est son sous-sol où l’on trouve diamants, uranium, cuivre, argent. Le taux d’alphabetisation de la population est élevé (80%), 90% des enfants sont scolarisés, la quasi intégralité des Namibiens ont accès à l’eau et l’électricité ; le réseau routier est très bon. Malheureusement, le taux de chômage est proche de 35% et le taux de contamination par le virus du sida est l’un des plus élevés au monde (plus de 20% des adultes sont contaminés).

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Grand koudous mâle et femelle

De France, on se rend en Namibie en passant par Francfort ou Johannesburg. Dès la sortie de l’aéroport, on est frappé par les immenses propriétés ceinturées de clôture et par la faune sauvage : grandes antilopes, girafes, phacochères, babouins, etc. sont visibles, ici et là, de la route. Les propriétés sont d’immenses fermes de plusieurs milliers d’hectares où l’on peut bien souvent chasser, en respectant évidemment la réglementation nationale, dont les taxes d’abattage, mais aussi les règles fixées par les propriétaires, qui par exemple ne veulent pas que l’on tire les animaux à moins de 1 km de la maison ou encore que l’on préserve totalement telle ou telle espèce. C’est avec ces règles strictes que des espèces en voie de disparition il y a 50 ans ont vu leurs effectifs exploser (damalisques à front blanc, zèbre de Hartmann, etc.).

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Il ne s’agit pas de fermes comme chez nous : la végétation est faite de brousse, d’arbrisseaux, de buissons épineux, de quelques arbres un peu plus grands, et seule une partie du terrain est occupé par des vaches, des moutons et des chèvres, ou parfois des chevaux.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

L’aube en Namibie. Une étoile brille encore dans le ciel.

J’ai passé 8 jours dans le nord du pays, dans une de ces fermes (5 000 hectares non clos donc dits « ouverts »), pas très loin du parc naturel d’Etosha. Nous partions en voiture le matin au lever du soleil, nous approchions ensuite à pied, silencieusement, l’un des points d’eau pour tenter de voir des animaux ou, à défaut, de repérer des traces fraîches puis d’en remonter la piste, pendant parfois plusieurs heures.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

L’un des points d’eau dans la brousse.

Le guide était armé d’un fusil en cas de mauvaise rencontre : les lions, hyènes et léopards font des ravages dans les troupeaux et il peut être dangereux de tomber sur un fauve de mauvaise humeur en train de prendre son repas. Lors de mon séjour, une hyène a tué un veau et quelques années plus tôt, un lion a tué une cinquantaine de vaches en une nuit.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Hyène tachetée.

Ces marches dans la brousse sont captivantes : la température est douce et si l’on est parfaitement silencieux, on peut voir des oryx, gnous, bubales, zèbres, damalisques à front blanc, phacochères, babouins (qui ont une excellente vue et alertent toute la faune alentour dès qu’ils voient des hommes), élands, ainsi que de petites antilopes, comme les springboks, cephalophes, raphicères, etc.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Empreintes d’oryx (en forme de coeur en bas à gauche) et d’éland du Cap (au milieu).

Les pisteurs, blancs ou noirs, sont stupéfiants : ils voient et entendent beaucoup mieux que nous autres, habitants des villes, malgré tous nos efforts, et sont capables de démêler l’écheveau très embrouillé des traces d’animaux. Ils savent également repérer très rapidement les traces laissés par les serpents, dont la grosse vipère heurtante et le redoutable mamba noir, qui peut atteindre 4 mètres de long et dont la morsure est mortelle. Je n’ai vu aucun de ces reptiles mais plusieurs fois leurs traces.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Dans la brousse.

Durant les heures chaudes, entre 11h et 15h ou 16h, la plupart des animaux restent tapis dans l’ombre ; ils reprennent leurs activités en fin de journée. L’observation dans un mirador, jusqu’à la tombée de la nuit (19h), est très interessante, à condition que l’on respecte le silence le plus absolu car les animaux, surtout les oryx, grands koudous et élands, sont extrêmement méfiants. Plusieurs fois, les singes nous ont « dénoncés » et ont vidé la brousse de leurs occupants…

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Oryx gazelle (gemsbok) femelle, encore assez jeune. Les gros mâles peuvent dépasser 200 kg.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Un beau et vieux gnou bleu mâle

Le Parc national d’Etosha n’étant pas loin, je me devais de le visiter. A l’origine réserve de chasse de près de 100 000 km² (la surface du Portugal), il est maintenant d’une superficie de 22 000 km ², ce qui représente quand même trois fois celle de la Corse. La faune y est intégralement protégée. Les visiteurs sont admis sur environ un tiers du Parc. Dès l’entrée, nous avons eu la surprise de voir un énorme rhinocéros noir traverser la piste devant la voiture. Je n’ai hélas pas eu le temps de prendre mon appareil-photo.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Zèbres de Burchell et impalas

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Gnous bleus dits aussi à queue noire.

Il y a plusieurs grandes mares dans la réserve et c’est souvent là que l’on peut voir de nombreux animaux. Dès le premier point d’eau, nous avons pu observer une lionne et ses trois lionceaux, qui jouaient puis se sont approchés avec des ruses de sioux d’une tortue d’eau qu’ils avaient aperçue sur la piste.

Sculpture Colcombet lion Namibie

Le lionceau et la tortue. 

Sculpture en bronze d'un lion jouant avec une carapace de tortue

Peut-être qu’un jour, lorsqu’il sera grand, il rencontrera lui aussi une tortue, terrestre cette fois…

Plus loin, un groupe d’une cinquantaine d’éléphants s’abreuvaient tandis qu’un rhinocéros blanc somnolait sous un arbre en attendant que la place se libère.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

 

Sculpture bronze Colcombet éléphant d'Afrique buvant

Ces éléphants m’ont d’ailleurs fait quelques clins d’oeil amusants par leurs attitudes très proches de celles reproduites dans mes sculptures, lorsqu’ils se sont abreuvés par exemple, ou quand l’un d’eux a croisé les pattes arrières !

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Sculpture bronze Colcombet éléphant d'Asie pattes croisées

La Namibie souffre en ce moment et depuis de longs mois d’une importante sécheresse, qui vide les mares, prive le bétail et la faune sauvage de nourriture et inquiète les Namibiens. Dans la réserve, un immense lac était totalement asséché et l’eau qui semblait briller au loin n’était que l’effet d’un mirage saisissant.

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Grand koudou mâle

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Girafe s’abreuvant

Sculpture bronze Colcombet Namibie

Springboks. Les mâles adultes, comme celui au centre de la photo, portent des cornes beaucoup plus épaisses que celles des femelles (à gauche et à droite).

 La Namibie est un magnifique pays, pour l’instant sûr, sain (pas de vaccin ni de traitement préventif) et je vous recommande de le visiter.

LE ZOO DE PLANCKENDAEL EN BELGIQUE

Il y a trois ans, mi-2014, je présentais sur ce site plusieurs notes relatives aux beaux musées de Bruxelles et à deux zoos belges : Pairi Daisa et Anvers. Voir :

http://www.damiencolcombet.com/archive/2014/06/12/belgiqu…

Je voudrais compléter aujourd’hui ces notes avec quelques images d’un troisième zoo, celui de Planckendael, que je n’avais pas eu le temps d’aller voir à ce moment-là.

Bison d’Europe

Le domaine de Planckendael est situé près de Malines, entre Bruxelles et Anvers. Un château y a été construit en 1780. La Société Royale de Zoologie d’Anvers, qui gère plusieurs zoos et réserves, a acquis Planckendael en 1956 et en a ouvert les portes au public en 1960.

Eléphants d’Asie

Le Parc est alors une sorte d’annexe du zoo d’Anvers : c’est un lieu de retraite des animaux âgés et de gestion des programmes de reproduction. Le zoo a alors, semble-t-il, peu d’intérêt et d’ailleurs l’accueil du public est très limité.

Rhinocéros indiens

Il faut attendre 1985 pour qu’un vaste plan de réorganisation et de restructuration du zoo le transforme en un parc agréable, riche de nombreuses espèces, bref un zoo moderne. Les travaux d’amélioration ne s’arrêtent pas là puisqu’en 2014, un zone américaine est crée, avec notamment une vaste volière.

Cerf muntjac, dont on aperçoit les petites canines de vampire !

Rhinocéros indien

Le zoo de Planckendael est un très beau zoo. Il n’est pas aussi vaste, dépaysant, spectaculaire que Pairi Daisa, qui est vraiment l’un des plus beaux du monde, il n’a pas l’ancienneté et le prestigieux passé du zoo d’Anvers, ou Rembrandt Bugatti a passé plusieurs années, mais on passe un excellent moment à sillonner ses 46 hectares où sont présentées les grandes espèces « classiques » (éléphant, girafe, etc.) mais aussi des animaux plus rares : koala, tamanoir, cerf muntjac, wapitis, bonobos, serpentaire, etc.

Kangourou roux

Koala

La présentation des animaux est agréable : ils disposent généralement d’un grand espace et l’ensemble est bien tenu. Certaines espèces sont mélangées : wapitis et bisons d’Amérique, plusieurs types de kangourous, etc.

Tamarin lion

Wapiti

Si vous visitez Bruxelles et sa région, vous pouvez donc composer un périple constitué du Musée des Beaux-Arts de Bruxelles, des zoos d’Anvers, de Planckendael et de Pairi Daisa près de Mons.

Tamanoir ou fourmilier géant

Guépard

Bongo

Oryx

Zoo de Planckendael

Chaussée de Louvain 582
2812 Malines (Muizen)

https://www.planckendael.be/fr/

Jeune girafe

LE PIGEON MIGRATEUR ADJUGE… CHER !

Fin avril, je disais sur ce site que l’étude Millon allait mettre aux enchères un spécimen naturalisé de « Pigeon migrateur » ou « Tourte voyageuse« , animal dont la population se comptait par milliards aux Etats-Unis au XIXème siècle, et qui a totalement disparu.

Pour retrouver cette note, se reporter ici : http://colcombet.com/le-pigeon-migrateur-disparu-il-y-a-150-ans/

La vente a eu lieu le 4 mai. Estimé entre 2600 € et 3000 €, notre oiseau a été adjugé à… 8 060 € !

Un beau résultat pour cet oiseau que l’on ne peut hélas plus voir dans la nature.

LE PIGEON MIGRATEUR, DISPARU IL Y A 150 ANS

Le 4 mai prochain, l’étude Millon à Paris (voir http://www.millon.com/html/index.jsp?id=82081&lng=fr&…) mettra en vente une importante collection d’oiseaux naturalisés réunie par Hubert Masquefa (1927-2010), correspondant du Muséum d’Histoire naturelle de Paris et fondateur des parcs zoologiques de Fréjus et Ozoir-La-Ferrière. Parmi les lots présentés, qui vont de la Mésange charbonnière au Fou de Bassan, du Gypaète barbu à la Caille des blés en passant par la Cigogne blanche, la Pintade vulturine ou le Grand tétras, on trouve un Pigeon migrateur, dont voici la photo.

Pigeon migrateur (Ectopistes migratorius)

Avec l’aimable autorisation de l’étude Millon

Pourquoi s’arrêter sur cet oiseau de taille moyenne, assez joli certes mais pas exceptionnel et qui fait partie de la famille plutôt commune des Columbidae, qui comprend colombes et pigeons ? Et pourquoi ce volatile est-il estimé entre 2600 € et 3000 € alors qu’à cette même vente, une femelle de Pigeon colombin est estimé à 100 € ?

Eh bien parce qu’il a disparu ! On trouve en effet ici et là, dans des musées comme le Musée Confluence à Lyon, des Pigeons migrateurs naturalisés mais hélas il n’y en a plus dans la nature.

Etait-ce un animal rare, quasi-inconnu, dont quelques dizaines de couples seulement vivaient au fin fond de l’Amazonie ou de la Papouasie ? Était-ce un oiseau dont les superbes plumes l’ont conduit à la disparition ? Non, pas du tout. C’est un oiseau « banal » dont les effectifs, au début du XIXème siècle, étaient estimés à plusieurs milliards (oui, vous avez bien lu : milliards !).

Pigeon migrateur – Dessin de Mark Catesby vers 1722

Le Pigeon migrateur ou Tourte voyageuse (Tourte a la même origine que Tourterelle) ressemble un peu à une tourterelle des bois, plus élancée et plus grosse puisque la Tourte mesure 30 à 40 cm de long. Elle vivait dans la moitié est des Etats-Unis et du Canada.

Le Pigeon migrateur était connu pour ses vols d’une densité inimaginable, que le célèbre naturaliste Audubon a décrite. Vers 1810, l’ornithologue américain Alexander Wilson estimait qu’un seul vol comprenait plus de 2 milliards d’individus. Le ciel s’obscurcissait pendant un long moment. Lorsque l’oiseau se posait, le sol était couvert de fientes, les branches même très grosses, craquaient et les arbres s’abattaient. Pour avoir une toute petite idée de ce que cela pouvait représenter, il faut avoir vu les milliers d’étourneaux s’envolant dans le ciel de Rome un soir de printemps ou se posant dans les arbres en faisait un bruit assourdissant.

Etourneaux à Rome

En lisant « Chasses dans l’Amérique du Nord » écrit par Bénédict-Henry Révoil suite à son séjour aux Etats-Unis entre 1841 et 1849, j’ai trouvé un long chapitre sur le Pigeon migrateur. Voici ce qu’a vécu l’auteur :

« En 1847, pendant l’automne, un matin avant le jour, je me trouvais sur les hauteurs de la ville de Hartford, dans le Kentucky […] lorsque je m’aperçus que l’horizon s’obscurcissait ; et, après avoir attentivement examiné quelle cause pouvait amener ce changement dans l’atmosphère, je découvris que ce que je prenais pour des nuages était tout simplement plusieurs bandes de pigeons. […]

Je conçus l’idée de compter combien de bandes passeraient au-dessus de ma tête dans l’espace d’une heure. Je m’assis donc tranquillement, et, tirant de ma poche un crayon et du papier, je commençai à prendre des notes. Peu à peu, les volées se succédèrent avec tant de rapidité, que je n’avais plus, pour pouvoir les compter, d’autre moyen que de tracer des jambages multipliés. Dans l’espace de trente-cinq minutes, deux cent vingt bandes de pigeons avaient passé devant mes yeux. Bientôt, les vols se touchèrent et se resserrèrent d’une manière si compacte, qu’ils me cachaient la vue du soleil. La fiente de ces oiseaux couvrait le sol et tombait serrée comme la neige en hiver. »

Pigeon migrateur sur son nid

Illustration de Yan’Dargent pour le livre de B.-H. Revoil 

L’auteur raconte encore l’affolement des paysans lorsque ces pigeons arrivent sur une zone cultivée. On imagine en effet les dégâts causés aux cultures et aux arbres par cette nuée équivalente à celle des sauterelles en Afrique. Du coup, les fermiers des régions ravagées n’ont qu’une obsession pendant les vols de pigeons migrateurs : en tuer le plus grand nombre possible. On organisa, paraît-il, des compétitions où seraient récompensé le chasseur ayant réussi à en abattre plus de trente mille.

Revoil a participé à l’une de ces chasses et raconte :

 » Les pigeons arrivaient par millions, se précipitant les uns sur les autres, pressés comme les abeilles d’un essaim qui s’échappent de la ruche au mois de mai. Les hautes cimes du juchoir surchargé se brisaient, et, tombant à terre, entraînaient à la fois les pigeons et les branches qui se trouvaient au-dessous. C’était un bruit à ne pas être entendu de son voisin, même en criant à plein poumons, et si l’on distinguait à grand’peine quelques coups de fusil, pour la plupart du temps ne voyait-on que les chasseurs qui rechargeaient leurs armes. […]

Dès le point du jour, toutes les bandes de pigeons s’élancèrent  dans les airs pour aller à la recherche de leur nourriture. Ce fut alors un bruit effroyable, impossible à décrire autrement qu’en le comparant à une décharge simultanée de coups de canon. Et à peine le perchoir eut-il été abandonné, que les loups, les panthères, les renards, les couguars et tous les animaux rapaces des forêts américaines s’avancèrent en nombre pour prendre part à la curée. »

Evidemment, avec de tels massacres, la population des Pigeons migrateurs à très vite diminué. A partir de 1870, les vols sont visiblement plus clairsemés. Les derniers très grands massacres ont lieu avant 1878. A la fin du XIXème siècle, l’espèce est quasiment éteinte, sa disparition étant de plus accélérée par une épizootie. Début XXème, on offre des récompenses à qui trouvera encore des spécimens de pigeons migrateurs. Malheureusement, cette espèce ne survit pas en captivité.

Il est toujours dangereux de juger le passé avec nos yeux et notre mentalité actuelle. Les grands massacres n’étaient pas le fait de chasseurs d’agrément mais des fermiers qui pouvaient se trouver ruinés en un passage de pigeons. Et malheureusement, l’époque « récente » n’a pas vu disparaître seulement le Pigeon migrateur : le Couagga (sorte de zèbre d’Afrique du sud), le grand Pingouin, le Dronte (ou Dodo, bien connu), le Thylacine (chien sauvage à rayures), la Rhytine de Steller (sorte de gros lamantin), un grand nombre d’oiseaux dont le Moa (autruche géante) et bien d’autres encore ont été exterminés au cours des derniers siècles. Le bison d’Amérique et le Bison d’Europe ont bien failli subir le même sort.

Muséum d’Histoire Naturelle de Londres

Mais il est intéressant d’écouter ce que dit Revoil au XIXème siècle suite à son voyage aux Etats-Unis, alors qu’il est lui-même chasseur mais visiblement partisan d’une « chasse raisonnée » :

« La destruction menace en Amérique le gibier auquel j’ai consacré cet article. A mesure que la civilisation s’étend sur ces vastes déserts de l’ouest, les hommes deviennent plus nombreux, et la race humaine, qui règne partout en tyran et ne laisse imposer aucun frein à son despotisme, détruit peu à peu les associations d’animaux. Déjà, les cerfs, les daims et les grandes bêtes à cornes qui peuplaient les anciennes colonies de l’Angleterre ont presque disparu dans les principaux Etats de l’Union.

Les troupeaux de bisons qui, il y a cent ans, paissaient en repos sur les lointaines savanes qui verdissent par delà le Mississipi, voient leurs rangs s’éclaircirent, tandis que les carcasses de leurs semblables tués par les trappeurs, les émigrants et les indiens blanchissent sur le sol et marquent le passage de l’homme.

Tout porte donc à croire que les pigeons, qui ne supportent point l’isolement, forcés de fuir ou de changer de mœurs à mesure que le territoire de l’Amérique se peuplera du trop-plein de l’Europe, finiront par disparaître de ce continent, et, si le monde ne finit pas avant un siècle, je parie avec le premier chasseur venu que l’amateur d’ornithologie ne trouvera plus de pigeons que dans les muséums d’histoire naturelle. »

Prophétie hélas réalisée. Et avant de stigmatiser les Américains, souvenons-nous, comme l’écrit Revoil, qu’à cette époque, les immigrants sont essentiellement des Européens…