Madame Annette P. m’envoie une photo d’un cheval visiblement en alerte, oreilles couchées et un sabot levé. La signature, en écriture cursive, lui semble difficile à lire mais il y a une inscription : « Jack ».

Il s’agit d’un bronze de Gaston d’Illiers et le nom exact de l’oeuvre est « Jack, cob tondu« . Curieux nom qui s’explique par la race du cheval – un cob – et le fait qu’il ait le poil rasé sauf à l’emplacement de la selle, ce que l’on ne voit pas très bien sur la photo.

Colcombet bronze ancien d'Illiers

Gaston Marie Joseph Comte d’Illiers (1876 – 1932) fut un excellent sculpteur français. Passionné par les chevaux, il montait beaucoup, chassait à courre, fit la guerre de 1914-1918 au 8ème Chasseurs puis comme responsable des chevaux et de leur dressage à Orléans. Il voyagea en Algérie et exposa longtemps au Salon des Artistes français et dans de nombreux cercles et salons. Sa passion du cheval lui fût cependant fatale puisqu’il mourût en 1932 (curieusement, on rencontre parfois la date de 1952) d’une fièvre attrapée dit-on lors d’un long trajet à cheval.

Ses œuvres sont presque intégralement consacrées au cheval, de selle comme de trait, mais il réalisa également quelques chiens, un mulet (mort) et un âne. Comme celles de Meissonier, ses œuvres reflètent une parfaite connaissance de la morphologie mais aussi des attitudes typiques des chevaux. Il parvient néanmoins à s’écarter des descriptions un peu trop exactes et annonce déjà l’évolution de la sculpture vers des animaux plus vivants, plus animés que ceux de Barye. Certaines scènes semblent même de la main d’artistes contemporains comme « Retour de chasse », assez connu, où l’on voit le piqueux à pied, fatigué, tirant par les rênes un cheval aussi fourbu que lui après une grand journée en forêt, suivi de deux chiens, la tête basse et rêvant de la chaleur du chenil et d’un repos bien mérité. Une autre oeuvre, superbe, montre un cheval sautant une haute barrière de concours hippique. Le cheval semble voler.

Colcombet bronze ancien d'Illiers

La pièce de notre internaute est belle, typique de G. d’Illiers. J’ai lu quelque part qu’il était très rare de voir en vente des œuvres de cet artiste, qui a réalisé environ 200 modèles différents. Ce n’est pas tout à fait exact, même si bien sûr elles sont beaucoup moins fréquentes que celles de Barye, Frémiet ou Mêne, par exemple, mais je connais plusieurs galeries  qui en présentent.

Les bronzes de d’Illiers se vendent à prix raisonnable, sans doute pas tout à fait à la hauteur de son talent.

Bien que je ne connaisse pas les dimensions de ce bronze,  je pense que la valeur de « Jack », s’il est d’une taille classique (environ 25 cm de long), se situe autour de 1300 Euros à 1500 Euros.

Vous voulez connaître la valeur d’un bronze ? Envoyez-moi (damiencolcombet@free.fr) des photos très nettes de la pièce, du dessous du socle, de la signature et, le cas échéant, de la marque du fondeur.