UN PETIT TOUR A PARIS

Un passage à Paris pour le vernissage de « Aurores au Jardin Zoologique » (cf. précédentes notes) peut être l’occasion de visiter quelques belles expositions (voir ci-dessous) mais aussi de se promener au Muséum d’Histoire naturelle et ses divers établissements.

La Grande Galerie de l’évolution, bien sûr, si riche et si spectaculaire.

Siam, l’éléphant d’Asie, que je me souviens avoir vu au zoo de Vincennes. Cet éléphant est né en Asie, a été acheté par le cirque suisse Knie, a tourné dans un film de Pierre Etaix, puis a connu une grande descendance au zoo parisien.

La Ménagerie du Jardin des Plantes, qui risque de souffrir un peu de la réouverture du zoo de Vincennes, alors qu’elle possède un charme certain et possède des animaux intéressants car peu présents dans les zoos : anoa, vigogne, markhor, takin (animal très étonnant), panthère longibande (dite aussi nébuleuse), nilgaut, chèvre des montagnes rocheuses, bharal, etc.

Comme presque tous les zoos du monde (à l’exception de celui de Lyon…), la Ménagerie du Jardin des Plantes expose des sculptures monumentales très réalistes.

Wallaby portant son petit dans sa poche.

Le beau Caracal

Un énorme taureau d’une famille de bovins sauvages asiatiques : le gaur. Les mâles peuvent atteindre 2,20 m. au garrot et celui du Jardin des Plantes n’en est sûrement pas loin.

L’un des flamants très rouges du zoo.

A deux pas de la Ménagerie, il faut visiter ou revisiter les magnifiques et très nostalgiques galeries de Paléontologie et d’Anatomie comparée. Le nombre de squelettes ici rassemblés est incroyable, des plus petits oiseaux aux immenses mammifères, sans oublier les dinosaures. L’étude de la morphologie de ces animaux est extrêmement utile : on comprend alors l’articulation des hanches, des omoplates, l’emplacement des yeux, la taille des vertèbres, etc. D’ailleurs les grands sculpteurs du XIXème siècle tels Barye et Frémiet attachaient la plus grande importance à l’examen de la constitution osseuse et musculaire de leurs modèles.

Crâne d’hippopotame amphibie.

Crânes d’éléphant.

Certaines reconstitutions en plâtre d’animaux disparus sont dignes de figurer parmi les œuvres d’art.

VISITE AU MUSÉE D’ART DE CLERMONT-FERRAND

Clermont-Ferrand : on en connaît la cathédrale, massive, noire et belle, aux superbes vitraux, on associe Clermont à Michelin, on situe la chaîne des puys, les villes voisines (Vichy, Thiers…). Mais connaissez-vous le musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand ?

Situé dans le quartier historique de Montferrand (pour mémoire, la capitale de l’Auvergne est issue de l’union imposée par Louis XIII puis confirmée par Louis XIV des villes de Clairmont et Montferrand), le musée est installé dans l’ancien couvent des Ursulines (XVII et XVIIIèmes siècles), à l’aspect extérieur un peu austère.

L’intérieur est en revanche résolument moderne et très agréable : vastes espaces, lumière naturelle généreuse malgré un temps gris et pluvieux le jour de ma visite, circuit reposant. Le cœur du musée est constitué par un atrium éclairé par une grande verrière (photo ci-dessous). Les collections sont réparties sur 5 niveaux, du sous-sol au 3ème étage.

Ce n’est pas le Louvre, bien sûr, ni même le Musée des Beaux-Arts de Lyon, mais on peut, en une heure ou deux, y faire un beau voyage dans l’histoire de l’art, de la période médiévale (RDC) à l’époque contemporaine (sous-sol). Sans surprise, ce sont les 1er et 2ème niveaux qui m’ont le plus intéressé, avec des œuvres classiques du XVIIème au XIXème siècle.

« L’arracheur de dents » de Rombouts.

On y voit avec amusement les inévitables scènes de genre un peu figées, les grandes scènes de la Bible remarquablement composées et réalisées mais très académiques, les paysages devant lesquels on passe trop vite, mais quand on a le temps et qu’il n’y a pas beaucoup de visiteurs (j’étais seul ce jour-là !), on prend le temps de s’arrêter quand même devant quelques cavaliers se reposant sous un arbre (« La halte » attribuée à Wouvermans), de détailler une grande « Foire de village » de Van Marcke, d’admirer une immense vue du « Mont-Dore après l’orage » de Desbrosses ou le charmant « Esclave d’Horace » (de Doerr), qui revenant du marché, son panier à la main, regarde une affiche annonçant le programme des jeux du cirque.

« Le martyre de Saint Jean à la Porte Latine » par  Halle.

Quelques peintures d’histoire typiquement XIXème suscitent l’admiration. Voici en particulier (ci-dessous) une grande toile « Une porte du Louvre le matin de la Saint-Barthélémy » par Debat-Ponsan, peintre qui connût son heure de gloire sous la IIIème République mais est maintenant presque oublié, à tort me semble-t-il. Au centre de la scène, Catherine de Médicis, le visage impassible, est suivi de ses filles d’honneur et de la cour des Valois, qui selon la notice vinrent « examiner avec encore plus d’impudeur que de curiosité les corps dépouillés des gentilshommes huguenots de leur connaissance » (source : Mémoire de l’état de la France).

Tout aussi grand mais plus gai, la « Réception de Christophe Colomb par Ferdinand et Isabelle », oeuvre remarquable de Deveria.

Le musée présente également quelques peintures que l’on pourrait rattacher au courant symboliste, comme ce curieux et très romantique « Les nuits de Musset » par La Foulhouze, scène inspirée d’un poème de Musset, en quatre parties, Les Nuits, paru en dans La Revue des Deux Mondes de 1835 à 1837.

Voici encore une très belle oeuvre, presque inquiétante : « Sainte Cécile » par Dubufe. Pour avoir refusé de sacrifier aux divinités païennes, Sainte Cécile, la plus populaire des martyres romaines, fut condamnée à mourir étouffée par les vapeurs les plus chaudes des thermes romains, mais une fraîche vapeur céleste la sauva. Elle fut donc décapitée.

« Sainte Cécile » (détail)

Une grande salle présente des sculptures (hélas pas de bronze animalier !), de qualités à vrai dire inégales.

Au 2ème niveau, un espace est dédié à Blaise Pascal, né à Clairmont en 1623. On y voit l’une de ses machines à calculer, des peintures, un masque mortuaire, des tableaux et sculptures dont ce fort joli biscuit en porcelaine de Sèvres, par Pajou.

Enfin, le sous-sol abrite une sélection des plus belles œuvres du XXème acquises par Simone et Maurice Combe, mécènes et généreux collectionneurs clermontois. De nombreux tableaux de Bernard Buffet de différentes périodes y sont présentés. Certains sont assez austères comme ce portrait de Simone Combe (ci-dessus) mais d’autres (ci-dessous) sont extraordinairement gais et colorés.

Musée d’art Roger-Quilliot – Place Louis Deteix – Clermont-Ferrant (fermé le lundi).

VISITE DE L’ATELIER DE JF ARRIGONI NERI

Après la visite de l’atelier de Danielle Beck, je vous propose une autre visite d’atelier d’artiste, celui de Jean-François Arrigoni Neri.

Nous nous sommes rencontrés au Salon de Bry/Marne et suite à une intéressante conversation, je suis allé voir son site, où sont présentées bon nombre de ses œuvres, d’une très grande qualité et d’une incroyable diversité. Puis il a accepté très gentiment de me recevoir dans son atelier, en région parisienne.

Jean-François Arrigoni Neri est né en 1937 à Paris (le jour de Pâques !), d’une mère bretonne et d’un père italien, ancien berger. A neuf ans, le jeune garçon produit ses premières œuvres. Poussé par un instituteur intelligent, il présente le concours d’entrée à l’Ecole Estienne, malgré l’avis négatif de ses professeurs qui ne l’estiment pas assez fort en dessin. Il est admis 7ème sur 600 !

On décide qu’il sera graveur et comme il est doué, il sort de l’école en 1955, à 18 ans, avec le prix Cortot de gravure. Passionné par le sport, en particulier le foot, il se verrait bien joueur professionnel. Il réalise en partie son rêve en jouant comme goal au début d’un match France-Italie.

Après un long service militaire en Algérie, dont il gardera en tête les images et les couleurs, il entre en 1959 dans un atelier de gravure mais peint chez lui, le soir. Ne pouvant obtenir de changer d’atelier comme il le souhaiterait, il quitte son employeur en 1969 et se lance dans le dessin, la peinture, l’illustration, se donnant quatre ans pour « exister ».

Et finalement, il est assez rapidement reconnu pour son talent : on lui passe une belle commande pour Hermès. Il met notamment ses pinceaux au service du sport et du jazz, réalisant de superbes affiches pour Guerlain, la Coupe Davis, Citroën, les 24 heures du Mans, le Tour de France à la voile, le Comté, les Magasins Réunis, etc.

Sans connaître cet artiste, vous avez forcément vu un jour l’une de ses œuvres sur un panneau d’affichage, sur une boîte de parfum, sur un timbre, sur une affiche annonçant une épreuve sportive, sur la couverture d’un livre de poche.

Publicité pour le vin de Corbières.

Parmi les œuvres de JF Arrigoni Neri, j’ai un faible pour les peintures des paysages de Bretagne et bien sûr pour le thème orientaliste car il y a du Majorelle chez cet homme-là.

Avec son impressionnante collection de pinceaux (ci-dessous) et ses tubes de peinture à l’huile – et non d’acrylique – ce peintre semble pouvoir tout traiter : il réalise les portraits de S.Grapelli, qui vient jouer chez lui le dimanche après-midi, tout comme Nougaro, pour qui il illustre un énorme livre « Le jazz et la java », ou encore H. Von Karajan, John Coltrane, Yannick Noah, Borg, Platini, etc.

Avant de réaliser ces tableaux, JF Arrigoni Neri fait des dessins préparatoires (ci-dessous). Il les jetait jusqu’à ce qu’un ami lui conseille de les conserver et de les vendre. Au fusain rehaussé de craie blanche, ils sont superbes.

Bon nombre de tableaux de l’artiste présentent une touche d’humour ou un clin d’œil que seuls ceux qui le connaissent bien peuvent comprendre. Il aime placer « des tableaux dans les tableaux » : dans le portrait de la famille Raynard, est accroché au mur, derrière l’un des personnages, un petit tableau représentant « L’Orgueil » de la série des 7 péchés capitaux. Dans une nature morte (ci-dessous), on reconnaît une gravure réalisée par le grand-père de son épouse, gravure qui ressemble d’ailleurs beaucoup à une scène de Rosa ou Isidore Bonheur.

Evidemment, avec un tel talent, Jean-François Arrigoni Neri a réalisé d’innombrables expositions et a été couronné de prix et récompenses (dont le prix Cortot de gravure). Dès 1963, la Direction Nationale des Beaux-Arts remarquait son talent et acquérait l’une de ses toiles. Il obtint notamment en 1963 le Marker d’Argent » récompensant la meilleure illustration publicitaire de l’année, le Grand prix de l’illustration au Festival du sport automobile de Chamonix en 1986, le Grand prix de France des Arts Plastiques en 1988, etc.

L’atelier du graveur, d’une incroyable précision.

Lors d’une rencontre avec JF Arrigoni Neri, on est frappé par sa simplicité, sa modestie, sa gentillesse et son attention aux autres. Disert, il explique volontiers ses sujets d’inspiration, ses techniques, il raconte des anecdotes sur ses peintures, comme celle ci-dessous pour laquelle il fit poser ses meilleurs amis déguisés. 

Pour en savoir plus, reportez-vous à son site : http://arrigonineri.free.fr/fr/

VISITE DE L’ATELIER DE DANIELLE BECK

Dans mes notes sur le Salon de Bry/Marne, j’ai souvent soumis à votre attention les œuvres de Danielle Beck, peintre. Il y a quelques jours, j’ai eu la chance de visiter son atelier, qu’elle ouvre d’ailleurs volontiers.

Lionne de dos – Masaï Mara (Kénya) – Huile sur toile 130 cm x 81 cm 

Les œuvres de Danielle sont stupéfiantes car elles sont d’une incroyable précision – on pourrait semble-t-il compter les poils de chaque fauve – et laissent grandes ouvertes les portes du rêve. Sur des fonds souvent unis et doux, les animaux ont l’air de poser un instant pour une amie avant de repartir vivre leur vie dans la savane ou la brousse.

Dans l’atelier de Danielle, on peut admirer des loups, éléphants, buffles, gorilles, girafes, oiseaux, mais ses modèles de prédilection restent les fauves : léopards – l’animal vers lequel elle aime toujours revenir, tigres, lions, guépards mais aussi de plus petits animaux comme le serval ou le ravissant marguay. En grands caractères d’imprimerie très légers, d’un bord à l’autre de la toile, est toujours écrit le nom scientifique de chaque espèce : Panthera pardus, Ceratotherium simum, Acinonyx jubatus, etc.

La menace – Serengeti (Tanzanie) – Huile sur toile 116 cm x 81 cm

Danielle travaille à l’huile mais réalise aussi ce qu’elle appelle des « dessins » sur papier et qui sont en fait bien plus que cela puisque ces encres sont colorisées avec presque autant de finesse que ses huiles.

Dessins (encre)

Cette grande artiste se rend fréquemment en Afrique, où elle passe de longs moments à marcher derrière les pas d’un pisteur masaï qui sait l’amener tout près des grands fauves. C’est là qu’elle puise une grande partie de son inspiration.

Un Marguay de Nesles absolument magnifique et d’une grande douceur – Huile sur toile – 73 cm x 92 cm

Danielle est bien connue du monde des artistes animaliers. Elle expose dans de très nombreux salons : SNAA de Bry/Marne, Salon de l’hippodrome d’Auteuil, Salon des Indépendants, Salon National de Beaux-Arts, etc.

Lionne – Huile sur toile

On ne compte plus les prix prestigieux décernés à D. Beck : prix Roger B.Baron du SNAA de Bry/Marne en 2008, prix Rosa Bonheur (2007, 2009, 2010, 2012), prix André Peuvrier (2008), Médaille de bronze du Salon des Artistes Français (2012), etc.

Et pour ceux qui ne peuvent s’offrir une grande huile ni même un dessin, Danielle propose de splendides impressions sur toile auxquelles elle apporte toujours sa patte personnelle de quelques coups de pinceaux.

Loups – Huile sur toile

Sur rendez-vous, Danielle Beck fait visiter son atelier situé à Paris. Pour tout renseignement, reportez-vous à son site, dont la qualité des photos est bien supérieure à celles ci-dessus : http://danielle.beck.free.fr/

ROME, LA SCULPTURE ET LES ANIMAUX

Un bref séjour à Rome est l’occasion, comme à chaque voyage, de s’amuser à repérer les belles sculptures et les œuvres d’art animalier.

De la basilique Saint-Pierre aux ruines romaines, la sculpture est évidemment omniprésente ; la Pietà de Michel Ange en est sans doute la plus belle manifestation. Mais je ne vais pas mettre ici toutes mes photos car il y en aurait trop.

Je vais donc simplement montrer quelques modèles étonnants ou amusants, tels ces crânes et squelettes admirablement sculptés dans le marbre et que l’on trouve dans de nombreuses églises, certainement pour nous appeler à moins de vanité…

Le réalisme de ces squelettes et crânes est tel qu’il faut sentir sous la main la froideur du marbre pour ne pas les croire réels.

Les musées du Vatican regorgent de trésors, dont cette scène comique d’un faune chatouillant la plante des pieds d’un homme, qui a l’air d’apprécier.

Le thème animalier est bien représenté sur les parvis et les fontaines de Rome. La fontaine de Trévi, réalisée par Nicolas Pannini et achevée en 1762, met en scène le char de l’océan tiré par des chevaux, l’un agité et l’autre (ci-dessous) calme, à l’image des différents aspects que présente la mer. Des tritons, créatures mi-humaines mi-aquatiques, guident les chevaux.

Place Navonne, ce sont les quatre grands fleuves du monde qui sont représentés sur la fontaine principale, réalisée par Bernini en 1651 : Danube, Gange, Nil et Rio de la Plata. Un lion et un cheval viennent s’y abreuver chacun de leur côté.

Sur l’une des deux autres fontaines de cette belle place, Neptune a engagé un combat contre une grosse pieuvre dont il semble venir à bout.

Bien plus tôt, à l’époque antique, les Romains représentaient déjà des animaux dont la fameuse louve mais aussi les bêtes qui pouvaient être utilisés pour les sacrifices – taureau, bélier et porc – et que l’on peut voir sur de grands bas-reliefs dans l’édifice de la curie romaine (forum). Le musée de la civilisation romaine présente une belle truie avec ses petits, et l’on peut constater que, malgré ses grandes oreilles, son profil et ses défenses la rapprochent un peu du sanglier.

Pour terminer avec la sculpture, deux œuvres beaucoup plus récentes. Sur le « Vittoriano », immense édifice dont la construction (1885-1911) fut très contestée pour son style et parce qu’elle nécessita la destruction d’un quartier très ancien, une statue équestre de Enrico Chiaradia représente Victor-Emmanuel II premier roi de l’Italie réunifié. Son style est proche de celui d’Emmanuel Frémiet.

Enfin, devant le musée de zoologie, au nord du parc de la Villa Borghese, on peut voir un Grand Pingouin (Pinguinus impennis) en bronze, en mémoire de cet oiseau disparu au XIXème siècle et qui vivait sur les côtes de l’Atlantique nord. Je ne connais pas l’auteur de ce bronze, d’un style proche de celui de Pompon et Petersen.

Rome possède dans ses musées et ses églises une collection absolument extraordinaire de tableaux des plus grands maîtres de toutes les époques, de Brueghel à Salvador Dali, en passant par Léonard de Vinci, Rouault, le Caravage, le Guerchin, Canaletto, etc. Bien entendu, on y trouve de nombreuses représentations d’animaux.

Les tableaux de la crèche montrent évidemment l’âne et le bœuf, mais la pinacothèque du Vatican possède aussi des tableaux beaucoup plus exotiques, comme ce très beau zèbre attaqué par une panthère ou cette courageuse bergère arrachant un agneau de la gueule d’un lion.

L’un des plus beaux tableaux représentant des animaux se situe précisément à la pinacothèque du Vatican : il s’agit de « Adam et Eve au Paradis terrestre » de Wenzel Peter (1745-1829), qui mesure plus de 3 m de long et 2,50 m de haut.

Y figurent plus de 200 animaux parfaitement peints, dans des attitudes très naturelles. On peut observer des espèces bien inhabituelles dans une telle oeuvre : un mandrill, un blaireau, un zèbre, un dindon, un daim albinos, etc.

Bien entendu, un séjour dans une grande ville sans visite au zoo étant inconcevable (!), je me suis rendu au zoo de Rome, situé lui aussi près du jardin de la Villa Borghèse.

J’avoue avoir été un peu déçu par l’aspect miteux de quelques animaux (des macaques pelés, un vautour estropié…). Si le nombre d’espèces différentes est correct (éléphants, girafes, hippopotames, tigres, lions, zèbres, phoques, etc.), le zoo pâtit de la comparaison avec celui de Lisbonne visité un an plus tôt.

L’enclos aride et de petite taille pompeusement présenté comme « Plaine africaine » ne contient guère que quelques zèbres et un élan d’Afrique, et l’on ne trouve pas les quelques rares espèces qui font l’originalité d’un zoo.

LES ŒUVRES DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE RENNES

Dans la plupart des villes de province, il y a un joli musée des Beaux-Arts. C’est toujours une joie de découvrir les merveilles de ces établissements moins connus, certes, mais souvent plus calmes, plus « intimes » que les grands musées parisiens, et qui abritent souvent de remarquables trésors. Parmi ceux que j’aime beaucoup, le musée de Nantes et celui de Dijon.

Le lendemain de Noël, visite au Musée des Beaux-Arts de Rennes. J’étais seul !

Ce musée est connu pour le tableau de Georges de La Tour (1593-1652) : « Le Nouveau-Né ». Pour l’anecdote, ce tableau a longtemps été attribué à Le Nain et a été saisi pendant la Révolution chez un émigré rennais dont on ignore le nom. La Tour est un des maîtres de la lumière et des clairs-obscurs d’intérieur.

Avec l’aimable autorisation du Musée, voici quelques photos de sculptures et d’œuvres animalières. Le flash étant interdit, la qualité de certaines photos n’est pas très élevée.

On est accueilli, dès l’entrée du musée, en bas de l’escalier, par deux immenses bas-reliefs de bronze du sculpteur lyonnais Antoine Coysevox (1640-1720) représentant d’une part « Le triomphe de la France sur les mers » (ci-dessus), d’autre part « La Bretagne offrant à Louis XIV le projet de statue équestre » (ci-dessous).

Ces deux bas-reliefs ornaient le piédestal de la statue équestre du Roi Soleil élevée en 1726 place du Palais (aujourd’hui place du Parlement) à Rennes. La statue fut démontée en 1792 et fondue (les Talibans qui détruisent les merveilles artistiques en Orient avaient des précurseurs…).

Dans le péristyle du rez-de-chaussée, un grand Éléphant indien de Rembrandt Bugatti. Selon le Catalogue raisonné de Bugatti (J.C. Des Cordes et V.Fromanger Des Cordes – Les Editions de l’Amateur), son nom exact est « Éléphant Blanc – Il court« . Il existe en plusieurs tailles, l’une de 70 cm de long (celle présentée au musée de Rennes), l’autre de 21,5 cm de long.

Un examen attentif de ce modèle montre qu’il s’agit en fait d’une éléphante. Dès lors, il est curieux que l’artiste ait modelé des petites défenses puisque, à la différence des éléphantes africaines, les femelles asiatiques n’en portent pas.

C’est néanmoins une pièce magnifique, fondue par Hébrard. On retrouve parfaitement l’attitude du pachyderme du zoo qui accourt lentement en apercevant le morceau de pain qu’un visiteur tient dans sa main. La trompe est déjà prête à se lever, alors que l’animal semble sourire.

Alfred Boucher (1850-1934) « Le Terrassier« 

Victor Peter (1840-1918) – « Lionne et lionceaux ». Ce modèle est à rapprocher de la Lionne de Riché.

Charles-Joseph Lenoir (1844-1899) –« Jeune faune faisant combattre deux coqs ».

Anne-Marie Profillet (1898-1939) – « Grue« . Par son attitude et surtout le traitement de la surface, cette oiseau d’une artiste rennaise est à rapprocher de la très grande grue de Pompon, visible au musée de Dijon.

Emmanuel Frémiet – « Conducteur de char romain« 

Le Musée de Rennes possède trois pièces de la série des uniformes de l’armée impériale, à propos de laquelle j’ai rédigé une note sur ce site :

http://www.damiencolcombet.com/archive/2012/03/07/la-valeur-d-un-bronze-42-le-carabinier-a-cheval-de-fremiet.html

Il s’agit de « L’Artilleur à cheval » (ci-dessus), du « Cuirassier de ligne » (tout en bas) et du « Carabinier à cheval » (ci-dessous), objet de ma note, mais dont le fourreau est ici en partie manquant. Il serait formidable que le Musée parvienne à acquérir les autres pièces de cette série.

Jan Van Kessel (1626-1679) – « Planche d’insectes ». Ce peintre flamand est connu pour la précision de ses peintures, dont la période correspond à une certaine vulgarisation du microscope.

François Desportes (1661-1743) – « La chasse au loup »

Pierre-Paul Rubens (1577-1640) – « La chasse au tigre ». Cet immense tableau produit un effet stupéfiant :  le mouvement de la lutte tourbillonnante des hommes et des fauves, les magnifiques couleurs de la robe du tigre, de celle du jaguar, du gris pommelé du cheval, de la tunique rouge du chasseur, les vêtements hétéroclites (tuniques arabes, armures espagnoles), tout cela crée une scène incroyable.

On notera toutefois que même à l’époque de Rubens, il n’était pas possible de rencontrer tigres, lions et jaguar réunis dans la nature. Il s’agit donc soit d’une scène totalement imaginaire, soit d’une scène de jeux de cirque. On ne manquera pas d’admirer le courage et la force de l’homme en bas à gauche, qui à mains nues réussit à écarteler le mâchoire d’un lion ! Un émule d’Hercule ou de Samson, probablement…

Le Musée de Rennes expose de nombreux autres chefs-d’œuvres, qu’il faut voir (http://www.mbar.org/). On regrettera toutefois qu’aucune catalogue joli ne les présente de façon complète et bien illustrée, mais peut-être que la nouvelle Directrice du Musée y remédiera.