Clermont-Ferrand : on en connaît la cathédrale, massive, noire et belle, aux superbes vitraux, on associe Clermont à Michelin, on situe la chaîne des puys, les villes voisines (Vichy, Thiers…). Mais connaissez-vous le musée d’art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand ?

Situé dans le quartier historique de Montferrand (pour mémoire, la capitale de l’Auvergne est issue de l’union imposée par Louis XIII puis confirmée par Louis XIV des villes de Clairmont et Montferrand), le musée est installé dans l’ancien couvent des Ursulines (XVII et XVIIIèmes siècles), à l’aspect extérieur un peu austère.

L’intérieur est en revanche résolument moderne et très agréable : vastes espaces, lumière naturelle généreuse malgré un temps gris et pluvieux le jour de ma visite, circuit reposant. Le cœur du musée est constitué par un atrium éclairé par une grande verrière (photo ci-dessous). Les collections sont réparties sur 5 niveaux, du sous-sol au 3ème étage.

Ce n’est pas le Louvre, bien sûr, ni même le Musée des Beaux-Arts de Lyon, mais on peut, en une heure ou deux, y faire un beau voyage dans l’histoire de l’art, de la période médiévale (RDC) à l’époque contemporaine (sous-sol). Sans surprise, ce sont les 1er et 2ème niveaux qui m’ont le plus intéressé, avec des œuvres classiques du XVIIème au XIXème siècle.

« L’arracheur de dents » de Rombouts.

On y voit avec amusement les inévitables scènes de genre un peu figées, les grandes scènes de la Bible remarquablement composées et réalisées mais très académiques, les paysages devant lesquels on passe trop vite, mais quand on a le temps et qu’il n’y a pas beaucoup de visiteurs (j’étais seul ce jour-là !), on prend le temps de s’arrêter quand même devant quelques cavaliers se reposant sous un arbre (« La halte » attribuée à Wouvermans), de détailler une grande « Foire de village » de Van Marcke, d’admirer une immense vue du « Mont-Dore après l’orage » de Desbrosses ou le charmant « Esclave d’Horace » (de Doerr), qui revenant du marché, son panier à la main, regarde une affiche annonçant le programme des jeux du cirque.

« Le martyre de Saint Jean à la Porte Latine » par  Halle.

Quelques peintures d’histoire typiquement XIXème suscitent l’admiration. Voici en particulier (ci-dessous) une grande toile « Une porte du Louvre le matin de la Saint-Barthélémy » par Debat-Ponsan, peintre qui connût son heure de gloire sous la IIIème République mais est maintenant presque oublié, à tort me semble-t-il. Au centre de la scène, Catherine de Médicis, le visage impassible, est suivi de ses filles d’honneur et de la cour des Valois, qui selon la notice vinrent « examiner avec encore plus d’impudeur que de curiosité les corps dépouillés des gentilshommes huguenots de leur connaissance » (source : Mémoire de l’état de la France).

Tout aussi grand mais plus gai, la « Réception de Christophe Colomb par Ferdinand et Isabelle », oeuvre remarquable de Deveria.

Le musée présente également quelques peintures que l’on pourrait rattacher au courant symboliste, comme ce curieux et très romantique « Les nuits de Musset » par La Foulhouze, scène inspirée d’un poème de Musset, en quatre parties, Les Nuits, paru en dans La Revue des Deux Mondes de 1835 à 1837.

Voici encore une très belle oeuvre, presque inquiétante : « Sainte Cécile » par Dubufe. Pour avoir refusé de sacrifier aux divinités païennes, Sainte Cécile, la plus populaire des martyres romaines, fut condamnée à mourir étouffée par les vapeurs les plus chaudes des thermes romains, mais une fraîche vapeur céleste la sauva. Elle fut donc décapitée.

« Sainte Cécile » (détail)

Une grande salle présente des sculptures (hélas pas de bronze animalier !), de qualités à vrai dire inégales.

Au 2ème niveau, un espace est dédié à Blaise Pascal, né à Clairmont en 1623. On y voit l’une de ses machines à calculer, des peintures, un masque mortuaire, des tableaux et sculptures dont ce fort joli biscuit en porcelaine de Sèvres, par Pajou.

Enfin, le sous-sol abrite une sélection des plus belles œuvres du XXème acquises par Simone et Maurice Combe, mécènes et généreux collectionneurs clermontois. De nombreux tableaux de Bernard Buffet de différentes périodes y sont présentés. Certains sont assez austères comme ce portrait de Simone Combe (ci-dessus) mais d’autres (ci-dessous) sont extraordinairement gais et colorés.

Musée d’art Roger-Quilliot – Place Louis Deteix – Clermont-Ferrant (fermé le lundi).