Après la visite de l’atelier de Danielle Beck, je vous propose une autre visite d’atelier d’artiste, celui de Jean-François Arrigoni Neri.

Nous nous sommes rencontrés au Salon de Bry/Marne et suite à une intéressante conversation, je suis allé voir son site, où sont présentées bon nombre de ses œuvres, d’une très grande qualité et d’une incroyable diversité. Puis il a accepté très gentiment de me recevoir dans son atelier, en région parisienne.

Jean-François Arrigoni Neri est né en 1937 à Paris (le jour de Pâques !), d’une mère bretonne et d’un père italien, ancien berger. A neuf ans, le jeune garçon produit ses premières œuvres. Poussé par un instituteur intelligent, il présente le concours d’entrée à l’Ecole Estienne, malgré l’avis négatif de ses professeurs qui ne l’estiment pas assez fort en dessin. Il est admis 7ème sur 600 !

On décide qu’il sera graveur et comme il est doué, il sort de l’école en 1955, à 18 ans, avec le prix Cortot de gravure. Passionné par le sport, en particulier le foot, il se verrait bien joueur professionnel. Il réalise en partie son rêve en jouant comme goal au début d’un match France-Italie.

Après un long service militaire en Algérie, dont il gardera en tête les images et les couleurs, il entre en 1959 dans un atelier de gravure mais peint chez lui, le soir. Ne pouvant obtenir de changer d’atelier comme il le souhaiterait, il quitte son employeur en 1969 et se lance dans le dessin, la peinture, l’illustration, se donnant quatre ans pour « exister ».

Et finalement, il est assez rapidement reconnu pour son talent : on lui passe une belle commande pour Hermès. Il met notamment ses pinceaux au service du sport et du jazz, réalisant de superbes affiches pour Guerlain, la Coupe Davis, Citroën, les 24 heures du Mans, le Tour de France à la voile, le Comté, les Magasins Réunis, etc.

Sans connaître cet artiste, vous avez forcément vu un jour l’une de ses œuvres sur un panneau d’affichage, sur une boîte de parfum, sur un timbre, sur une affiche annonçant une épreuve sportive, sur la couverture d’un livre de poche.

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Parmi les œuvres de JF Arrigoni Neri, j’ai un faible pour les peintures des paysages de Bretagne et bien sûr pour le thème orientaliste car il y a du Majorelle chez cet homme-là.

Avec son impressionnante collection de pinceaux (ci-dessous) et ses tubes de peinture à l’huile – et non d’acrylique – ce peintre semble pouvoir tout traiter : il réalise les portraits de S.Grapelli, qui vient jouer chez lui le dimanche après-midi, tout comme Nougaro, pour qui il illustre un énorme livre « Le jazz et la java », ou encore H. Von Karajan, John Coltrane, Yannick Noah, Borg, Platini, etc.

Avant de réaliser ces tableaux, JF Arrigoni Neri fait des dessins préparatoires (ci-dessous). Il les jetait jusqu’à ce qu’un ami lui conseille de les conserver et de les vendre. Au fusain rehaussé de craie blanche, ils sont superbes.

Bon nombre de tableaux de l’artiste présentent une touche d’humour ou un clin d’œil que seuls ceux qui le connaissent bien peuvent comprendre. Il aime placer « des tableaux dans les tableaux » : dans le portrait de la famille Raynard, est accroché au mur, derrière l’un des personnages, un petit tableau représentant « L’Orgueil » de la série des 7 péchés capitaux. Dans une nature morte (ci-dessous), on reconnaît une gravure réalisée par le grand-père de son épouse, gravure qui ressemble d’ailleurs beaucoup à une scène de Rosa ou Isidore Bonheur.

Evidemment, avec un tel talent, Jean-François Arrigoni Neri a réalisé d’innombrables expositions et a été couronné de prix et récompenses (dont le prix Cortot de gravure). Dès 1963, la Direction Nationale des Beaux-Arts remarquait son talent et acquérait l’une de ses toiles. Il obtint notamment en 1963 le Marker d’Argent » récompensant la meilleure illustration publicitaire de l’année, le Grand prix de l’illustration au Festival du sport automobile de Chamonix en 1986, le Grand prix de France des Arts Plastiques en 1988, etc.

L’atelier du graveur, d’une incroyable précision.

Lors d’une rencontre avec JF Arrigoni Neri, on est frappé par sa simplicité, sa modestie, sa gentillesse et son attention aux autres. Disert, il explique volontiers ses sujets d’inspiration, ses techniques, il raconte des anecdotes sur ses peintures, comme celle ci-dessous pour laquelle il fit poser ses meilleurs amis déguisés. 

Pour en savoir plus, reportez-vous à son site : http://arrigonineri.free.fr/fr/