Juil 19, 2015 | • Visites et Musées

Je vous annonçais il y a quelques semaines l’exposition Rosa Bonheur au musée de Vernon (Eure).
Ma conférence sur Rosa Bonheur et la sculpture fut l’occasion de visiter cette exposition (et les collections permanentes du joli musée de Vernon : note à venir).

Portrait de Rosa Bonheur – Consuelo Fould
Quelle joie de découvrir des peintures originales de l’illustre artiste : des dessins, des huiles, dont certaines sur des thèmes que je ne connaissais pas, comme des paysages, des portraits.

Berger landais – Rosa Bonheur

Ouvrage sur Rosa Bonheur écrit par Eugène de Mirecourt en 1856
(Rosa Bonheur est alors âgée de 34 ans seulement)
L’exposition, que l’on voudrait encore plus grande, est pourtant très complète : livres, sculptures de Rosa Bonheur et de ses proches (son frère Isidore, son grand ami PJ Mêne), gravures, études, portrait de Rosa Bonheur par d’autres artistes, inventaire des oeuvres de Rosa Bonheur et présentes dans son atelier à son décès et mises en vente en juin 1900, livre de sa chère amie Anna Klumpke « Rosa Bonheur, sa vie, son oeuvre » (1908), affiches du Buffalo Bill Wild West Show, où Rosa Bonheur est représentée entre Buffalo Bill et… Napoléon Ier, authentiques armes et parures indiennes, photos anciennes, etc.

Cheval blanc dans un pré – Rosa Bonheur
J’attire l’attention des visiteurs sur le remarquable catalogue édité par le Musée de Vernon. Ce n’est pas un catalogue mais un véritable livre très documenté de 60 pages. Vous y retrouverez quelques pages de ma main sur Rosa Bonheur et la sculpture.

Couverture du catalogue de l’exposition

Pages intérieures du catalogue de l’exposition

Pages intérieures du catalogue de l’exposition

Lapins – Rosa Bonheur (l’artiste a peint ce tableau à 18 ans)
L’exposition se tient jusqu’au 20 septembre 2015.

Etude de lions – Rosa Bonheur
Tous les renseignements sur :
« Rosa Bonheur ou l’éloge du monde animal »
Du 26 avril au 20 septembre 2015
Musée de Vernon – 12 rue du Pont – 27200 Vernon
Du mardi au dimanche de 10h30 à 18h
http://www.vernon27.fr/Culture/Musee-de-Vernon

Etude de lionne – Rosa Bonheur
Juin 26, 2015 | • Visites et Musées
Le « Musée des Confluences » de Lyon a ouvert ses portes il y a quelques mois. Curieusement, alors que l’inauguration du Mucem à Marseille, du musée de la Fondation Louis Vuitton au Bois de Boulogne ou du musée de Rodez a été extrêmement médiatisée et a donné lieu à d’importants déplacements d’hommes politiques, celle du Musée des Confluences a trouvé peu d’échos dans les médias. Sans doute un héritage de la traditionnelle discrétion lyonnaise… ou de son indépendance ! Pourtant, cinq mois après son ouverture, le musée vient de franchir le cap des 400 000 visiteurs.

Avec son architecture très étrange, conçue par l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au, situé à l’extrême pointe de ce que les Lyonnais appellent « la presqu’île », là où la Saône rejoint le Rhône, le bâtiment se voit de loin surtout lorsqu’on arrive à Lyon par l’autoroute du sud.

Il ne s’agit pas d’un musée des Beaux-Arts – Lyon en possède déjà un, remarquable, situé dans l’ancien Palais Saint-Pierre – mais d’un écrin pour les collections d’ethnologie, archéologie, histoire naturelle, sciences et techniques. Une partie des collections vient du Musée Guimet de Lyon, situé dans le VIème arrondissement, aujourd’hui fermé mais auxquels les Lyonnais étaient très attachés.

Il vaut mieux visiter le Musée des Confluences en dehors des périodes scolaires et en semaine, idéalement à l’heure du déjeuner car sinon l’attente peut être longue.

Les collections de fossiles sont magnifiques, avec des pièces spectaculaires. Les animaux naturalisés sont nombreux, beaux et bien conservés. On regrettera simplement l’absence d’indications sur le grand panneau des oiseaux : même un ornithologue averti a du mal à s’y retrouver parmi les centaines de volatiles exposés puisqu’il n’y a aucun nom ! Dommage également que de nombreux animaux soient perchés à 3 ou 4 mètres de haut et donc difficiles à voir : ça peut être amusant ou justifié pour un singe, un oiseau, un lémurien, mais est-ce la place d’un lion, d’une antilope ? Pas sûr…

Autre regret encore : les salles sont presque toutes plongées dans le noir, pour conserver les collections paraît-il. Il en ressort rapidement un sentiment pénible d’étouffement surtout lorsque la foule des visiteurs est dense. Un peu plus de clarté serait agréable.

Malgré ces petits inconvénients, qui pourraient aisément disparaître, c’est un beau musée qu’il faut visiter plusieurs fois pour l’apprécier complètement. La variété des sujets abordés est séduisante et les objets exposés souvent remarquables : d’un squelette de mammouth à une magnifique voiture ancienne, d’un métier à tisser à des minéraux vivement colorés, d’un sphinx objets égyptiens aux vêtements d’un samouraï japonais, etc.

On s’aperçoit aussi que le temps passe vite en retrouvant dans une vitrine un téléphone, un appareil ménager, une machine à écrire, un tourne-disque qui faisait partie de la vie quotidienne de notre enfance… La vue sur la confluence est superbe et le jardin donne envie de s’y promener.

Lors de ma visite, se tenait une exposition temporaire passionnante sur l’exploration du Pôle Sud et la terrible compétition entre Scott et Amundsen. Cette exposition, qui se terminera le 28 juin 2015, justifie à elle seule la visite du musée. Faute de temps, je n’ai pu voir celle sur « les trésors d’Emile Guimet » mais elle semblait également très intéressante.

Pour tout savoir sur le musée : http://www.museedesconfluences.fr/fr
Mai 28, 2015 | • Visites et Musées

Depuis plus de 45 ans, je passe mes vacances à St-Briac, petit village situé à 20 km de St-Malo, juste à la frontière entre l’Ille-et-Vilaine, où il se situe, et les Côtes d’Armor. St-Briac, dont l’essentiel du littoral est protégé par l’un des plus anciens golfs de France, forme une sorte de presqu’île entre la pointe de la Garde Guérin et la baie du Frémur. Côté ouest, s’ouvre une vaste baie bordée par Lancieux, St-Jacut, St-Cast, etc. et fermée par le Cap Fréhel.

Un aussi joli site ne pouvait qu’attirer les artistes : Paul Signac, Emile Bernard l’ami de Gauguin, Henri Rivière, Alexandre Nozal, le sculpteur Armel Beaufils et surtout Pierre Auguste Renoir y séjournèrent. En 1886, Renoir y a peint « La bergère, la vache et la brebis » dans le cadre de la Garde Guérin. Il invita Monet à le rejoindre mais hélas sans succès.

J’ai découvert il y a quelques années qu’un autre grand artiste avait séjourné dans ce village breton : Rembrandt Bugatti. En feuilletant le livre sur Bugatti édité en 1989 par J.Chalom des Cordes et V.Fromanger des Cordes, j’étais tombé sur la reproduction d’une carte postale envoyé par l’artiste à M. et Mme Taponier. André Taponier (1869-1930) était un ami photographe et portraitiste de Bugatti.

Le livre sur Bugatti a été remanié et réédité en décembre 2009 par Véronique Fromanger sous le titre de “Rembrandt Bugatti sculpteur – Répertoire monographique” aux Editions de l’Amateur. On y retrouve la carte postale envoyée de St-Briac, datée du 28 mai 1904. Je conseille vivement la lecture de ce bel ouvrage.
Voici exactement (avec les fautes !) ce qu’écrit le sculpteur : « Je regrette ne pouvoir être à Paris, je travaille en ce moment, j’espère d’avoir fini sous 4 ou cinq jours alors je serait à vous. Je vous remercie de m’avoir invitée. La belle dame a encore envie de poser. Je n’ai jamais envoyée de carte. Salutations à tous de [signature de R.Bugatti] »
« Eléphant indien en marche » – R.Bugati – Musée de Rennes
Un sympathique échange cet hiver avec Mme Fromanger a permis de retrouver une autre carte postale, qu’elle m’autorise à montrer ici. Adressée à M. Taponier, elle représente cette fois Bugatti en maillot de bain, une raquette et une balle de tennis aux mains, un crabe à ses pieds.

Avec humour, il écrit ceci : « Le plus fort joueur de la plage, Bugatti Rembrandt, le plus élégants, tous plus que les autres. J’atend avec impatience le jour de retourner à Paris. A peine arivée je veux faire vos chien si vous le permetez. Je travaille ici. Salutation à votre dame et au petit. R.Bugatti vous salut. »
Et voilà, on sait donc dorénavant que Bugatti s’ajoute non seulement à la liste des artistes ayant visité St-Briac mais qu’il y a travaillé puisqu’il l’écrit à deux reprises.
Et pour terminer, une enchère record toute récente pour une oeuvre de R.Bugatti : le 5 mai 2015, chez Sotheby’s à New-York, le « Babouin sacré hamadryas » n°2 en fonte Hébrard et mesurant 44 cm a été adjugé à 2,3 millions de dollars hors frais soit l’équivalent de 2,06 millions d’Euros (2,5 millions frais compris).
Pour en savoir plus sur Saint-Briac : http://www.tourisme-saint-briac.fr/decouvrir.php
Pour en savoir plus sur Rembrandt Bugatti : http://www.rembrandtbugatti.info/#
Mai 18, 2015 | • Visites et Musées, • Zoos et Animaux
Suite de la note parue le 12 mai 2015
Le zoo de Stuttgart, appelé Wilhelma et qui se présente comme « le plus grand et le plus beau jardin zoologique et botanique d’Europe », mérite le voyage, surtout en avril au moment de la floraison des tulipes, qui couvrent de vastes parterres.

Situé à peu de distance du centre-ville, le parc Wilhelma date des années 1850, sous le règne de Guillaume Ier roi du Wurtenberg. A sa mort, ce qui était alors un vaste jardin botanique agrémenté de serres, d’un théâtre et d’un promenoir, fut ouvert au public. Les premiers animaux sont arrivés après la seconde guerre mondiale.

Le parc est un lieu de promenade très agréable : les jardins bien dessinés, les fontaines, les arcades, les grandes serres forment un ensemble reposant et divertissant. Comme dans tous les zoos (sauf celui de Lyon…), de nombreuses sculptures, parfois étonnantes comme cette hyène rayée (ci-dessous) ou un ours attaqué par des chiens, font le lien entre art et faune.

L’ensemble du parc est très propre et soigné. Les animaux semblent en bonne santé et les cages sont assez vastes, parfois même très vastes comme pour les bouquetins ou les bonobos, par exemple.

Marabout
Le zoo héberge plus de 1000 animaux dont de nombreuses espèces rarement présentées en captivité : chauve-souris géantes, pécaris, ours polaire, okapis, bonobos, takin, girafe réticulée, bongos, hippopotame nain et hippopotame amphibie, rhinocéros indien, etc.

Bongo mâle au superbe trophée

Bonobo, cousin des chimpanzés.

Girafe réticulée

Takin du Sichuan

Roussette de Malaisie, qui peut atteindre 1,70 m d’envergure

Ours polaire, de grande taille
Les oiseaux sont très bien représentés au Wilhelma, avec de nombreux rapaces, des grues, pélicans, autruches, émeus, et un nombre incalculable de plus petits spécimens.

Grue du Japon
Et pour finir ce périple dans le sud-ouest de l’Allemagne, une dernière photo des parterres de tulipes.

Mai 12, 2015 | • Visites et Musées, • Zoos et Animaux
Le sud-ouest de l’Allemagne est une superbe région, surtout au printemps et quand il fait beau. La Forêt-Noire et le Bade-Wurtenberg permettent d’admirer de beaux paysages vallonnés, des forêts et des cultures soignées, mais aussi des jolis petits villages, des monastères et des églises baroques, des châteaux élégants et des forteresses massives.

Tübingen
L’envie de visiter les zoos de Bâle – en Suisse mais juste à la frontière – et de Stuttgart fut l’occasion de découvrir cette région accueillante.

Rhinocéros indien
Le zoo de Bâle est beau et bien entretenu. Ses nombreux aquariums, ses rhinocéros indiens, ses gorilles notamment valent vraiment le coup d’être vus. Quelques espèces assez peu fréquentes dans les zoos sont présentes, comme les hippotragues noir ou les crocodiles d’Australie, avec leur museau étroit qui les font presque ressembler à des gavials.

Crocodile du Nil
Un arrêt à Karlsruhe permet de voir le très beau musée des Beaux-Arts, qui présente une superbe collection de peintures de David Téniers, un étonnant tableau de Van Kessel, un très beau lion au serpent de Barye en fonte de son atelier, un buste de St-Jean-Baptiste par Rodin, des sculptures de Carpeaux, etc. Et une Nativité, plus précisément une Adoration des bergers, absolument ravissante.

Peinture de Van Kessel, comme toujours d’une impressionnante précision. Ci-dessous, zoom sur le petit tableau représentant des insectes que l’on peut voir ci-dessus appuyé contre une chaise.


Le lion au serpent de Barye, fonte de l’atelier Barye

Adoration des bergers – C.W.E.Dietrich (1712-1774)

A quelques dizaines de kilomètres de Karlsruhe, le château de Bruchsal, construit à partir de 1720 et qui, au début du XIXème siècle, était le lieu de rendez-vous de l’aristocratie européenne, a été presque totalement détruit le 1er mars 1945 lors d’une attaque aérienne. Voici, ci-dessus, ce qu’il en restait alors.
La restauration, chantier colossal, a été entreprise dès la fin de la guerre et le château est maintenant superbe extérieurement. A l’intérieur, seules quelques pièces, vides, ont été remises en état, de façon spectaculaire, dans leur style baroque rococo.


Intérieur du château de Bruchsal

On retrouve d’ailleurs ce style rococo dans la très belle église de Zwiefalten (ci-dessus) près de Reutlingen.
A SUIVRE…
Mar 24, 2015 | • Visites et Musées
Le Musée des Beaux-arts de Rennes (35) expose actuellement et jusqu’au 17 mai 2015 des œuvres du peintre Gilles Aillaud.

Cet artiste né en 1928 et décédé en 2005 était le fils de l’architecte Emile Aillaud. Dès l’enfance, avec sa sœur, il fréquente la ménagerie du Jardin des plantes à Paris dont il s’exerce à dessiner et peindre les pensionnaires. Après des études de philosophie, il choisit à 21 ans la carrière d’artiste. Une première exposition personnelle a lieu en 1952. A partir de 1963, il se consacre à l’animal. Dans un contexte artistique où l’avant-garde et la recherche à tout prix de la nouveauté font la loi, il estime que cette quête forcenée « contribue à anesthésier la sensibilité plutôt qu’à stimuler les pouvoirs créateurs de l’esprit« . Il fait partie du courant de la « Figuration narrative ».

« La Fosse » – On aperçoit une lionne couchée.
En 1965, à la galerie Creuze, il expose avec E.Arroyo et A.Recalcati une série de tableaux qui fait scandale : « Vivre et laisser mourir, ou la Fin tragique de Marcel Duchamp« , qui représentant l’assassinat de l’inventeur du « ready made ».
C’est une exposition en 1971 au Musée d’art moderne de Paris qui fait vraiment connaître ses peintures d’animaux. G.Aillaud a voyagé notamment au Kenya et en a rapporté de nombreux dessins et peintures. Il illustrera une volumineuse « Encyclopédie de tous les animaux, y compris les minéraux« , en 4 tomes, au titre surprenant (même si on ne le remarque pas immédiatement !). Cet artiste travaillera également pour le théâtre.

« Serpent, Porte et Mosaïque »
Mais le travail le plus étonnant, le plus fort de Gilles Aillaud porte sur les zoos. Nous avons tous visité un jour l’une de ces ménageries démodées où les grilles, le carrelage, le béton et les néons blanchâtres sont trop présents. Le zoo de Vincennes d’autrefois avec ses fosses bétonnées, la fauverie du Jardin des Plantes avec ses énormes grilles en étaient de bons exemples.
G.Aillaud parvient à rendre de façon saisissante l’ennui, la triste monotonie d’un vivarium, d’un bassin, l’enfermement des animaux généralement plongés dans une léthargie terrible, leur nostalgie résignée. Les cages sont presque toujours impeccablement propres, témoignant de la bonne tenue du zoo, mais aussi de l’incapacité humaine à comprendre qu’une cellule trop petite, triste, froide ne peut, même si elle est nettoyée, satisfaire un animal qui a besoin de bouger, courir, s’agiter et sentir autre chose que l’odeur des faux rochers en ciment et des détergents. On en voit pas de visiteurs, ce qui laisse un sentiment de solitude.

« Otarie et jet d’eau »
Ces peintures sont un témoignage de zoos qui en général n’existent plus car tous ou presque ont fait des progrès dans la recherche du bien-être animal. Mais souvenons nous que les fossés du zoos de Vincennes constituaient déjà un grand progrès par rapport aux grilles étouffantes des enclos plus anciens.
Les peintures de G.Aillaud sont très travaillées : les cages sont bien dessinées, le jeu des lumières et des ombres est parfaitement rendu. Certaines œuvres paraissant si simples ont pourtant un incroyable pouvoir évocateur. « La soupe » par exemple montre un bassin rempli d’une eau glauque dont émerge le dos violet d’un hippopotame. L’eau troublée par les déjections du pachyderme laisse toutefois deviner, par transparence, la masse considérable de l’animal. Qui n’a pas espéré longtemps devant une telle cage, attendant qu’enfin la bête bouge un peu, sorte à peine les naseaux et souffle un panache de vapeur avant de se laisser couler à nouveau ?

« La soupe »
« Lorsque je représente des animaux toujours enfermés ou « déplacés », ce n’est pas directement la condition humaine que je peins. L’homme n’est pas dans la cage sous la forme du singe, mais le singe a été mis dans la cage par l’homme. C’est l’ambiguïté de cette relation qui m’occupe et l’étrangeté des lieux où s’opère cette séquestration silencieuse et impunie. » explique l’artiste.

Zoo de Tunis (photo DC)
Le Musée de Rennes a édité un catalogue de l’exposition, dont on regrette simplement le charabia intellectualisant des textes…
Gilles Aillaud (1928-2005)
Musée des Beaux-arts de Rennes
20 quai Emile Zola – 35000 Rennes
Fermé le lundi et les jours fériés
http://www.mbar.org/index.php