Nouvelles créations : les cerfs
Grand cerf bramant – Terre – Long : 35 cm env.
Grand cerf en alerte – Terre – Long : 22 cm env.
Il fallait bien s’attaquer un jour à ce sujet si classique, traité à de nombreuses reprises par tant de sculpteurs du XIXème siècle, de Barye (plus de 35 modèles différents comme je l’expliquais dans cet article : http://colcombet.com/chasses-internationales-n12-hiver-2018-2019/) à Pierre-Jules Mêne qui en avait fait lui aussi un de ses sujets de prédilection, en passant par Isidore Bonheur , Fratin, Gardet, Rouillard et tant d’autres, sans oublier le très talentueux Allemand Jos Pallenberg (XXème).
Cerf qui marche – Antoine-Louis Barye (1795-1875)
Dès lors, comment traiter un tel sujet sans copier l’un de ces artistes ? C’est un défi qui, s’il est relevé, doit montrer que mon style m’est propre. La pose de l’animal peut difficilement être originale : le cerf bramant, le combat de cerfs, le cerf à l’arrêt, marchant, à l’écoute, une jambe en l’air, avec une biche, tête haute, tête basse, etc. figurent dans le catalogue des oeuvres de mes illustres prédécesseurs. Mais c’est avec le modelé du corps et de la tête, le traitement de la morphologie de l’animal, la ciselure qu’il faut être original.
Voici donc le grand cerf bramant et le grand cerf en alerte. Des promenades en forêt, le suivi de quelques chasses à courre, la visite de la très intéressante réserve de Rambouillet, la lecture assidue d’ouvrages tels ceux de Joseph Oberthür m’ont permis de cerner l’allure de ce grand cervidé de nos forêts. C’est un cerf élaphe que j’ai représenté alors que j’aurais pu choisir l’une des nombreuses autres espèces : cerf axis, cerf du Père David, cerf de Virginie, cerf sika, etc. ou même wapiti, ce très grand cerf d’Amérique dont le poids du mâle dépasse les 300 kg. Ses bois sont si importants qu’ils peuvent approcher les 20 kg !
Cerf de Virginie couché – Antoine-Louis Barye (1795-1875). C’est le cerf de Walt Disney (Bambi), avec ses bois qui partent vers l’avant.
Le cerf élaphe est un cervidé : comme l’élan, le daim, le chevreuil, le renne, il ne porte pas de cornes mais des bois, qui tombent et repoussent chaque année (chamois, isards, mouflons et bouquetins portent des cornes, donc persistantes). Chez les cervidés, les femelles ne portent pas de bois, sauf chez le renne. Le cerf élaphe est beaucoup plus grand que le chevreuil, avec qui il ne peut être confondu, bien qu’on entende souvent à tort des gens appeler biche ce qui est une chevrette : en moyenne, le cerf mâle mesure 1,40 m au garrot et pèse 150 kg contre 25 kg seulement pour le chevreuil. Partant du coin de l’œil du cerf, on observe une sorte de petite rigole de quelques centimètres qui s’appelle larmier.
Cerf naturalisé – Musée de la Chasse et de la Nature (Paris)
Comme celle des sangliers et chevreuils, la population de cerfs en France a très fortement augmenté ces dernières décennies. Selon un rapport de l’ONF (Office National des Forêts) datant de 2022, le nombre de cerfs et chevreuils a été multiplié par 11 en 50 ans, ce qui ne va pas sans poser de sérieux problèmes aux forêts : les arbres souffrent de « l’abroutissement » des grands ongulés qui consomment bourgeons, feuilles et jeunes pousses, de l’écorçage (les cerfs arrachent l’écorce) et des frottis de leurs bois contre les troncs. « Plus de 50% des surfaces des forêts domaniales, appartenant à l’Etat, sont en situation de déséquilibre forêt-ongulés à cause d’une surpopulation de cerfs, chevreuils, biches, sangliers… » selon l’ONF.
Cerf au parc zoologique de La Barben (Bouches-du-Rhône)
Le brame du cerf est spectaculaire. En septembre, les mâles poussent une sorte du rugissement qui n’est pas sans rappeler celui du lion, cherchant ainsi à manifester leur présence sur un territoire, provoquer les éventuels concurrents et conserver voire accroître le nombre de leurs biches. A cette époque, le cerf devient comme fou, ne se nourrissant plus guère, fauchant violemment fougères et herbes avec ses grands bois. De durs combats ont lieu entre mâles. On peut facilement entendre le brâme du cerf en forêt de Rambouillet, de Tronçais ou de Compiègne, par exemple, mais il faut rester prudent car les cerfs perdent parfois la peur de l’homme.
Voici une belle vidéo au domaine de Chambord : https://www.chambord.org/fr/agenda/brame-du-cerf/
Mes modèles en terre ne représentent qu’imparfaitement ce que donneront les modèles en bronze. En effet, j’ai modelé un seul bois pour chaque cerf et pour faciliter le moulage, je ne les ai pas courbés comme ils devraient l’être. Ce sera fait lorsqu’ils seront sortis en double et en cire. Enfin, les pattes seront plus fines que ce qui apparaît sur les photos.
D’autres photos ici : http://colcombet.com/les-oeuvres/