Né en Bretagne, y passant depuis toujours mes vacances, naviguant en kayak le long des rochers depuis plus de 35 ans, je n’ai pas manqué d’observer souvent cormorans et fous de Bassan. Pour préparer une belle exposition qui se tiendra prochainement à Saint-Malo – j’en reparlerai ici – ces oiseaux marins ont donc nourri mon inspiration
Il existe 36 espèces différentes de cormorans dans le monde, dont certains superbes avec leur plumage gris et leurs pattes rouges (cormoran de Gaimard) ou leur robe bicolore (cormoran impérial) mais sur nos côtes bretonnes, on rencontre seulement le cormoran huppé et le grand cormoran. Cet oiseau au plumage principalement noir a l’habitude de faire sécher ses ailes sur les rochers et les balises. C’est en effet un oiseau qui passe la majorité de son temps sur et sous l’eau. Lorsqu’il nage en surface, on ne voit que le haut de son dos, son cou et sa tête. Très vite, il plonge et part à la pêche sous-marine.
Il est habile, plongeant longtemps et profondément (jusqu’à 40 mètres !), et son allure sous l’eau fait penser à celle d’une loutre. La surface de la majorité de ses plumes a une structure particulière qui ne retient pas l’air et rend donc son plumage perméable, ce qui est évidemment plus facile pour plonger. Selon les scientifiques, l’exposition au soleil améliorerait aussi la thermorégulation et la digestion.
Lorsque j’étais enfant, on voyait beaucoup moins de cormorans qu’aujourd’hui. En effet, suite à sa protection, la population de ces oiseaux est passée de 4 000 en 1970 à près de 200 000 aujourd’hui ! On le voit désormais dans tous les étangs, lacs, fleuves et grandes rivières de France. En plein centre de Lyon, les cormorans semblent très heureux sur le Rhône.
L’explosion du nombre de ces oiseaux cause beaucoup de soucis aux propriétaires de piscicultures et d’étangs (dans la Dombes et la Sologne notamment) et aux pêcheurs de loisirs. En effet, un cormoran mange environ 500 grammes de poisson par jour, ce qui représente donc 180 kg par an. Lorsqu’on voit une dizaine de ces oiseaux sur un étang, on imagine les ravages qu’ils font en un an. En France, la loi autorise l’abattage d’environ 30 000 grands cormorans par an mais cela ne freine pas du tout leur expansion.
En Bretagne autrefois, on mangeait parfois les cormorans mais leur chair devait être infecte. En Chine, les cormorans sont dressés pour servir d’auxiliaires de pêche : on leur passe un anneau autour du cou afin de les empêcher d’avaler leurs proies, qu’on les force à déglutir.
En kayak de mer, il est amusant de s’approcher silencieusement des cormorans rassemblés sur un rocher. Ils hochent la tête d’un air comique, se demandent s’il y a ou non du danger puis lèvent la queue, s’allègent en lâchant une crotte blanchâtre et se laissent tous tomber de leur perchoir comme des petits parachutistes d’un avion. Ils disparaissent sous l’eau et prudemment n’e ressortent qu’assez loin.
Dimensions de mon cormoran en bronze : 42 cm d’envergure et 24 cm de haut.