Monsieur Stéphane M. m’envoie quelques photos d’un bronze qui appartenait à son Grand-Père. Il s’agit probablement d’une copie, écrit-il, car il n’y a pas de marque de fondeur.

En réalité, la fonderie ne mettait pas toujours sa marque (alors que de nos jours c’est obligatoire). Bien sûr, un cachet or (cf. note « La valeur d’un bronze n°2), une indication que le bronze a été fondu par Susse, par exemple, Barbedienne, ou encore un numéro suivant la signature, sont une indication précieuse, mais ces indices manquent souvent.

Bronze ancien Barye Colcombet

Cette jolie petite biche est signée Barye (pour en savoir plus sur lui, cf. notes précédentes). Elle a été créée par ce génie  en 1840. Il avait donc 45 ans. On voit immédiatement toute la délicatesse de cet animal, dont le sculpteur a rendu à la fois la beauté un peu maniérée (les pattes bien ramassée sous le corps, la tête légèrement tournée) et les détails anatomiques comme la tête assez longue, beaucoup plus que celle d’un chevreuil, ou le larmier profondément creusé sous les yeux.

Il ne faut pas confondre cette pièce avec les faons et daines (femelle du daim) que Barye a représentés dans la même position. Pour l’anecdote et sans rien retirer au talent de l’artiste – qui n’a vraiment pas besoin d’être défendu ! – sculpter un animal couché est beaucoup plus facile qu’un animal debout car on ne rencontre évidemment pas les problèmes d’équilibre des pattes, d’armature à positionner. C’est un détail purement technique qui ne retire rien à la beauté du sujet.

Monsieur M. donne ces dimensions pour sa biche : 15 cm x 6 cm x 9,3 cm. Ce sont bien les dimensions du modèle original.

Regardons le dessous de la pièce : en l’occurrence, il ne nous apprend rien car une petite pièce simple de cette taille ne peut comprendre de vis, dont les écrous sont souvent riches d’enseignement.

Bronze ancien Barye Colcombet

Il reste un dernier point : la ciselure. Elle est jolie, c’est-à-dire que l’on voit bien les détails, notamment les sabots, les onglons, la pupille, les naseaux. Un surmoulage donnerait une impression de fonte « molle », sans relief ni finitions. Néanmoins, si l’on compare cette pièce avec les éditions les plus anciennes, on voit que le poil n’est pas rendu avec autant de réalisme : le dos et les joues semblent un peu trop lisses.

Je pense donc qu’il ne s’agit pas d’une copie mais d’une fonte un peu tardive, probablement du début ou milieu du XXème siècle.

Bronze ancien Barye Colcombet

Cette ravissante petite biche n’est pas rare : on la voit assez souvent en salle des ventes, avec des différences de prix – parfois exagérées – selon l’ancienneté de la fonte. Ainsi, un exemplaire a été vendu 3000 Euros (3600 Euros environ frais compris) il y a moins d’un mois à Marseille (Etude Damien Leclere) mais il s’agissait d’une fonte Barbedienne cachet or. On a même vu en mai 2008, à St-Germain-en-Laye (SGL Enchères), un exemplaire fonte Barye (la plus rare) estimé 8000 Euros mais il n’a pas été vendu, ce qui n’est pas étonnant à ce prix. En général, sans marque distinctive, cette pièce peut être estimée aux alentours de 700 à 1000 Euros (ex : Etude Deburaux Aponem en août 2007, Versailles en août 2007, Tajan en novembre 2004).

Vous voulez connaître la valeur d’un bronze animalier et son histoire ? Envoyez-moi obligatoirement des photos nettes (vue générale, dessous, signature, marque éventuelle de fondeur) et les dimensions exactes à damiencolcombet@free.fr