Dans le quotidien économique Les Echos daté du 2 avril 2008, un grand article au titre astucieux : « Pérenniser la défense de l’éléphant d’Afrique » traite du contraste entre zones de surpopulation d’éléphants et zones où ils risquent de disparaître. J’avais déjà parlé du sujet sur ce site en février 2007 (voir dans les archives « Trafic d’ivoire »).
Éléphante d’Afrique protégeant son éléphanteau – Bronze de D.Colcombet
On lit dans Les Echos qu’après 13 ans d’interdiction de la chasse, l’Afrique du Sud va autoriser à nouveau l’abattage des pachydermes. En effet, la population augmente de 7% par an et la surpopulation nuit à l’environnement. Par exemple, dans le célèbre parc Kruger, qui peut abriter sans dégât 8 000 éléphants, la population est de 11 670 têtes. De la même façon, le Zimbabwe abrite plus de 100 000 proboscidiens. Du coup, de nombreux animaux meurent de soif et de faim. Ce que j’ai vu au Burkina de ce qui reste de la végétation quand les éléphants sont passés m’a fait comprendre qu’effectivement, la surpopulation est très nuisible à l’environnement : baobabs littéralement écorchés, arbustes arrachés, branches cassées, mares dévastées…
A l’inverse, les pays d’Afrique centrale voient leur population d’éléphants décliner à toute vitesse : de 1,6 million dans les années 70 à environ 500 000, au rythme de 20 000 animaux abattus illégalement chaque année. C’est d’autant plus triste qu’il s’agit généralement d’éléphant de forêts, espèce bien distincte de celle de savane. Dans le bassin du Congo, toujours selon Les Echos, la population serait passée de 170 000 individus au début des années 1990 à moins de 20 000 aujourd’hui.
Eléphants dans le Parc d’Etosha en Namibie
Et quelle en est la raison ? Bien sûr l’ivoire, qui fait le malheur de ces grands animaux. « La demande des consommateurs ne cesse de croître » déplore Robb Little responsable du programme global pour les éléphants au sein du Fonds international pour la protection des animaux. Les prises internationales d’ivoire illégales augmentent sans cesse, ce qui montre surtout que le trafic se développe. Je me demande ce qu’on peut faire de tout cet ivoire.
Bref, on déduit en premier lieu de tout cela que les pays qui en ont les moyens et la volonté peuvent parvenir assez rapidement à sauvegarder leurs éléphants et les ramener à un niveau de population élevé. Que du coup la chasse soit autorisé n’est pas choquant. Sait-on que la grande chasse rapporte plus à la Tanzanie, véritable paradis des animaux, que le tourisme ? Il faut dire que les taxes d’abattage, versées au gouvernement par les chasseurs fortunés, atteignent des niveaux incroyables, surtout après leur récente augmentation.
En second lieu, comme toujours, c’est le consommateur qui crée la demande. Il faut donc s’interdire d’acheter de l’ivoire, même soit-disant ancien car bien souvent il ne l’est guère. Mais les plus gros consommateurs d’ivoire sont en Asie, principalement en Chine ou au Japon…