« Le musée le plus complet de France après Paris » : c’est en ces termes que l’on parlait du Musée des Beaux-Arts de Rouen à la fin du XIXème siècle.

Créé officiellement en 1801 par le décret Chaptal, le musée existait en réalité depuis quelques années puisque les premiers « récolements » (contrôle de la réalité de l’inventaire) en vue de la constitution d’une collection publique ont été entrepris dès 1790, et en 1799, le public pouvait avoir accès aux œuvres alors présentées dans l’église des Jésuites.

En 1809, le musée est déménagé dans l’Hôtel de ville. Il comprend alors moins de 300 tableaux. L’enrichissement des collections se fait tout au long du XIXème siècle par des saisies, des achats, des dons. En 1878, on dénombre plus de 600 tableaux « de premier mérite ».

Des dons très importants, comprenant pour certains (le don Baderou en 1975, par exemple) des centaines de tableaux et des milliers de dessins, vont considérablement augmenter le nombre d’œuvres du Musée.

« La flagellation du Christ à la colonne » – Le Caravage

Le bâtiment de l’Hôtel de ville sera peu à peu agrandi puis, à la fin du XXème siècle, restauré.

« L’adoration des bergers » – La Hyre

Le Musée possède des tableaux du Caravage, de La Hyre, Poussin, Velasquez, Rubens, Fragonard, Delacroix, Gericault, Van Dyck, Ingres, Hubert Robert, Coypel, Van Loo, Vouet, Guardi, Corot, David, Renoir, Monet, Sisley, Moreau, Rochegrosse, etc.

« Cheval arabe gris-blanc » – Géricault

Je vous recommande donc une visite de ce musée, dont l’accrochage est clair et agréable.

Le magnifique « Repas de noces à Yport » – Albert Fourié

Ce tableau ressemble à une scène de cinéma. L’atmosphère champêtre est merveilleuse et en même temps un rien nostalgique.

« Pêcheur en mer » – Georges Haquette

« Enterrement dans un village de la Manche » – A.W.N. Hagborg

Le tableau ci-dessus, peint par un artiste suédois venu compléter sa formation à Paris, est bouleversant. On sent le froid, l’humidité, la mer invisible mais si proche, la sidération face au drame de la mort, on entend les chuchotements, on s’attend à voir la veuve sortir de la maison, accablée par la disparition du proche.

« La barque pendant l’inondation à Port-Marly » – A.Sisley

« Un vendredi au Salon des Artistes Français » – J.A.Grün

Cette toile monumentale (6 m de long) illustre bien la cohue qui régnait au Salon autrefois. Barye se plaignait de cette affluence, de la vulgarité du public et de retrouver des manteaux accrochés à ses sculptures. Ici, c’est le « beau monde » qui vient au Salon : artistes, personnes en vue dans le monde politique, médiatique, économique, et dont les noms n’évoque plus rien aujourd’hui. On peut noter que l’affluence est toujours de mise au Salon, qui se tiendra cette année mi-février au Grand Palais : il y a deux ans, une bagarre a éclaté devant le guichet, provoquée par des visiteurs furieux de ne pouvoir entrer faute de place…

« Intérieur de la cathédrale de Reims » – P.-C. Helleu

Trois particularités à signaler : une partie du musée réservée à Jeanne d’Arc (on est à Rouen !), une étonnante anamorphose et enfin une salle présentant de nombreux trompe-l’œil.

« Le sommeil de Jeanne d’Arc » – C.W. Joy

« Jeanne d’Arc sur le bûcher » – A.-E.Fragonard (fils de Jean-Honoré Fragonard)

« Anamorphose d’après « L’érection de la Croix » de Rubens – D.Piola

Une anamorphose est une image déformée qui ne peut se lire correctement que dans une certaine position ou à l’aide d’un accessoire. Cet accessoire est ici un cylindre poli faisant miroir et que l’on place au centre de la toile : l’image sur ce cylindre est alors compréhensible (cf. ci-dessous). Cette anamorphose a été réalisée par Domenico Piola au cours du XVIIème siècle.

Le Musée de Rouen a acquis le trompe-l’œil ci-dessous, de François Jouvenet (1664-1749). La fausse vitre brisée est remarquable.

« Trompe-l’œil à la vitre brisée d’après « St-Antoine-de-Padoue adorant l’Enfant Jésus » de Van Dick – F.Jouvenet

Un autre trompe-l’œil amusant : il s’agit d’une toile sans cadre donc totalement plate. Ni le crucifix, ni le buis, ni le cadre ne sont réels.

Musée des Beaux-Arts de Rouen

Esplanade Marcel Duchamp
Ouvert de 10h à 18h tous les jours sauf le mardi
Collections permanentes gratuites

http://mbarouen.fr/fr