Dix-huit mois après le cachalot, dont la création m’a procuré beaucoup de plaisir, voici un nouveau mammifère marin, encore en terre : la baleine bleue (long. : env. 55 cm).
Tout le monde ou presque connaît ce gigantesque animal, mais peu en ont vu réellement. Des livres d’enfants aux jeux de famille, des puzzle aux gravures anciennes, des ouvrages de Buffon aux beaux livres sur la faune, on ne peut compter les illustrations et photos de la baleine bleue, qui fascine par sa taille, sa forme et son aspect rassurant. Mais il faut reconnaître que les dessins sont parfois assez fantaisistes, avec très classiquement une baleine flottant sur l’eau, montrant ses fanons dans un étrange sourire et crachant un jet d’eau au dessus de sa tête !
Rappelons donc ici quelques notions élémentaires : la baleine bleue n’est pas un poisson mais fait partie de la famille des mammifères, animaux à sang chaud qui respirent en surface et allaitent leurs petits. Son ordre est celui des Cétacés, au sein duquel on distingue les Odontocètes, qui possèdent des dents (cachalots, orques, dauphins, marsouins, bélugas…) et les Mysticètes, dont la bouche est garnie de fanons qui jouent le rôle de filtres (baleines bleue, baleine franche, baleine à bosse, etc.).
Reconstitution grandeur nature d’une baleine bleue dans un hall de l’American Museum of Natural History.
L’autre nom de la baleine bleue est Rorqual bleu et on entend parfois aussi le nom de grand rorqual. On compte une quinzaine d’espèces parmi les Mysticètes dont les quatre baleines franches, la baleine à bosse bien connue pour ses grandes nageoires pectorales et ses sauts impressionnants hors de l’eau, sept espèces de rorqual, la baleine grise et la rarissime baleine pygmée, qui mesure 7 mètres de long.
Une baleine bleue adulte peut dépasser 30 mètres de long et 170 tonnes. Notons qu’il est difficile d’obtenir les mensurations exactes d’un tel animal ; celles que l’on connaît ont été relevées sur des animaux échoués ou pêchés : leur poids est soit une évaluation, soit une reconstitution à partir de différents morceaux de la baleine.
Squelettes de cétacés au Muséum d’histoire naturelle de Paris
A la différence du cachalot, la baleine bleue ne plonge pas très profondément, ce qui explique probablement sa vue faible. Propulsée par une queue puissante, la baleine bleue nage à environ 20 km/h mais peut accélérer jusqu’à 50 km/h. Son corps est long, effilé, sa tête est importante, occupant un bon quart de l’animal. Au sommet du crâne, un peu en avant des yeux, les narines forment un évent par lequel l’animal respire bruyamment en surface. Le jet de vapeur qui s’échappe lorsqu’il remonte de plongée peut mesurer plus de 10 m de haut. Avant de replonger, l’animal gonfle ses poumons et referme son évent pour éviter l’entrée de l’eau.
On peut s’étonner qu’en un bref passage en surface, la baleine parvienne à évacuer l’air vicié et aspirer les 5 000 litres d’air que peuvent contenir ses poumons. En réalité, ce géant des mers fait surface 10 à 20 fois de suite avant de plonger pour une durée de 10 à 15 minutes. Au moment de s’enfoncer dans les flots, elle arrondit son dos, laissant voir la petite nageoire dorsale et souvent la queue en entier, à la différence du rorqual commun qui ne la sort que très rarement.
Avant la pêche industrielle (jusqu’à 30 000 baleines pêchées pour la seule année 1930), la population des baleines bleues étaient considérable dans toutes les mers du monde. La population la plus importante se situait dans l’Atlantique et comptait entre 200 000 et 300 000 animaux !
Les baleines à fanons se nourrissent de planctons et petits poissons mais surtout de krill, crustacés de quelques centimètres proches des crevettes et qui se rassemblent en bancs de plusieurs kilomètres de long. La baleine ouvre son immense gueule et enfourne le krill et l’eau où il baigne, puis elle referme en partie la gueule et expulse l’eau, ses proies étant retenues par les fanons qui jouent donc le rôle de passoire. La baleine engloutit une telle quantité d’eau et de krill que sa gorge se déforme et enfle de façon grotesque, comme un gigantesque ballon, grâce aux plis que l’on voit sous la tête.
Voici une vidéo très éloquente : https://www.youtube.com/watch?v=-TRwh0vPquU
La baleine bleue bat des records en tous genres : sa langue pèse près de trois tonnes, son cœur 600 kg, son foie une tonne, son volume de sang est de 10 000 litres.
Hélas, je n’ai jamais eu l’occasion de voir de baleine bleue mais au Québec, près de Tadoussac, outre des petits rorquals et des bélugas, j’ai pu observer des rorquals communs, d’une taille déjà respectable puisqu’ils mesurent une vingtaine de mètres.
Rorqual commun – Tadoussac (Québec)
Quelle émotion, en scrutant la mer de la côte, d’apercevoir les jets de vapeur ! Et lorsqu’un rorqual nage sous le zodiac, pourtant grand, où l’on se trouve, on a l’impression de voir un avion passer sous ses pieds !
Rorqual commun – Tadoussac (Québec)
Ma baleine bleue est proportionnée avec le cachalot. Et je crois que je vais continuer quelques temps à explorer le monde marin…