Dans la plupart des villes de province, il y a un joli musée des Beaux-Arts. C’est toujours une joie de découvrir les merveilles de ces établissements moins connus, certes, mais souvent plus calmes, plus « intimes » que les grands musées parisiens, et qui abritent souvent de remarquables trésors. Parmi ceux que j’aime beaucoup, le musée de Nantes et celui de Dijon.

Le lendemain de Noël, visite au Musée des Beaux-Arts de Rennes. J’étais seul !

Ce musée est connu pour le tableau de Georges de La Tour (1593-1652) : « Le Nouveau-Né ». Pour l’anecdote, ce tableau a longtemps été attribué à Le Nain et a été saisi pendant la Révolution chez un émigré rennais dont on ignore le nom. La Tour est un des maîtres de la lumière et des clairs-obscurs d’intérieur.

Avec l’aimable autorisation du Musée, voici quelques photos de sculptures et d’œuvres animalières. Le flash étant interdit, la qualité de certaines photos n’est pas très élevée.

On est accueilli, dès l’entrée du musée, en bas de l’escalier, par deux immenses bas-reliefs de bronze du sculpteur lyonnais Antoine Coysevox (1640-1720) représentant d’une part « Le triomphe de la France sur les mers » (ci-dessus), d’autre part « La Bretagne offrant à Louis XIV le projet de statue équestre » (ci-dessous).

Ces deux bas-reliefs ornaient le piédestal de la statue équestre du Roi Soleil élevée en 1726 place du Palais (aujourd’hui place du Parlement) à Rennes. La statue fut démontée en 1792 et fondue (les Talibans qui détruisent les merveilles artistiques en Orient avaient des précurseurs…).

Dans le péristyle du rez-de-chaussée, un grand Éléphant indien de Rembrandt Bugatti. Selon le Catalogue raisonné de Bugatti (J.C. Des Cordes et V.Fromanger Des Cordes – Les Editions de l’Amateur), son nom exact est « Éléphant Blanc – Il court« . Il existe en plusieurs tailles, l’une de 70 cm de long (celle présentée au musée de Rennes), l’autre de 21,5 cm de long.

Un examen attentif de ce modèle montre qu’il s’agit en fait d’une éléphante. Dès lors, il est curieux que l’artiste ait modelé des petites défenses puisque, à la différence des éléphantes africaines, les femelles asiatiques n’en portent pas.

C’est néanmoins une pièce magnifique, fondue par Hébrard. On retrouve parfaitement l’attitude du pachyderme du zoo qui accourt lentement en apercevant le morceau de pain qu’un visiteur tient dans sa main. La trompe est déjà prête à se lever, alors que l’animal semble sourire.

Alfred Boucher (1850-1934) « Le Terrassier« 

Victor Peter (1840-1918) – « Lionne et lionceaux ». Ce modèle est à rapprocher de la Lionne de Riché.

Charles-Joseph Lenoir (1844-1899) –« Jeune faune faisant combattre deux coqs ».

Anne-Marie Profillet (1898-1939) – « Grue« . Par son attitude et surtout le traitement de la surface, cette oiseau d’une artiste rennaise est à rapprocher de la très grande grue de Pompon, visible au musée de Dijon.

Emmanuel Frémiet – « Conducteur de char romain« 

Le Musée de Rennes possède trois pièces de la série des uniformes de l’armée impériale, à propos de laquelle j’ai rédigé une note sur ce site :

http://www.damiencolcombet.com/archive/2012/03/07/la-valeur-d-un-bronze-42-le-carabinier-a-cheval-de-fremiet.html

Il s’agit de « L’Artilleur à cheval » (ci-dessus), du « Cuirassier de ligne » (tout en bas) et du « Carabinier à cheval » (ci-dessous), objet de ma note, mais dont le fourreau est ici en partie manquant. Il serait formidable que le Musée parvienne à acquérir les autres pièces de cette série.

Jan Van Kessel (1626-1679) – « Planche d’insectes ». Ce peintre flamand est connu pour la précision de ses peintures, dont la période correspond à une certaine vulgarisation du microscope.

François Desportes (1661-1743) – « La chasse au loup »

Pierre-Paul Rubens (1577-1640) – « La chasse au tigre ». Cet immense tableau produit un effet stupéfiant :  le mouvement de la lutte tourbillonnante des hommes et des fauves, les magnifiques couleurs de la robe du tigre, de celle du jaguar, du gris pommelé du cheval, de la tunique rouge du chasseur, les vêtements hétéroclites (tuniques arabes, armures espagnoles), tout cela crée une scène incroyable.

On notera toutefois que même à l’époque de Rubens, il n’était pas possible de rencontrer tigres, lions et jaguar réunis dans la nature. Il s’agit donc soit d’une scène totalement imaginaire, soit d’une scène de jeux de cirque. On ne manquera pas d’admirer le courage et la force de l’homme en bas à gauche, qui à mains nues réussit à écarteler le mâchoire d’un lion ! Un émule d’Hercule ou de Samson, probablement…

Le Musée de Rennes expose de nombreux autres chefs-d’œuvres, qu’il faut voir (http://www.mbar.org/). On regrettera toutefois qu’aucune catalogue joli ne les présente de façon complète et bien illustrée, mais peut-être que la nouvelle Directrice du Musée y remédiera.