Cette note fait suite à la note du 19 janvier, qui traite d’un autre lévrier, celui de P.Gayrard.
Voici encore des lévriers, ou plus précisément des levrettes. Elles sont de la main de Pierre-Jules Mêne, immense sculpteur français (1810-1879). Pour prendre connaissance de son oeuvre, d’une finesse remarquable, il faut se reporter à l’excellent Catalogue raisonné par MM. Poletti et Richarme (Univers du Bronze – Paris).
J’ai déjà abondamment parlé sur ce site de Mêne, de sa famille – dont son gendre Caïn, de ses sujets de prédilection que constituaient les chevaux et les chiens, de son très grand succès qui ne cesse toujours pas.
La plupart des chiens de Mêne portent un prénom. Les deux levrettes ici présentées s’appellent Jiji pour la plus grande et Giselle pour la plus petite. Comme il en avait l’habitude, Mêne en a tiré également des éditions fractionnées (un seul des deux chiens).
Il faut observer de près ces animaux et admirer la finesse des pattes, l’attitude extrêmement bien saisie de ces chiens fragiles et maniérés à l’excès, leur museau pointu. Il existe de nombreuses versions de la terrasse, plus ou moins finement travaillée, selon la liberté prise par le ciseleur. Celle du bronze de notre internaute est très belle. Par comparaison, le lévrier couché de Gayrard (note précédente) paraîtrait lourdaud !
Ce sujet est l’une des œuvres de Mêne les plus fréquentes en salle des ventes, et de très nombreuses copies plus ou moins heureuses ont été réalisées. Curieux destin pour un sujet qui a été refusée au Salon de 1847 (mais présenté quand même en 1848).
Même si rien ne remplace un examen attentif de la pièce en réalité, on peut dire que l’exemplaire qui nous est ici présenté est une très belle fonte, certainement ancienne, comme le montre le montage sous le socle. La ciselure est fine, la patine est jolie : c’est une bonne pièce. Elle mesure 21 cm de long (terrasse) x 12 cm de large x 15 cm de haut, ce qui correspond bien aux dimensions « officielles » (les surmoulages ne sont pas exactement de la bonne taille).
Voici quelques résultats d’enchères, qui montrent la fréquence de son passage en salle des ventes :
– 18 déc 2009 à Drouot : estimée 1500 à 2000 Euros et vendu 1600 Euros
– 18 mai 2008 à St-Germain-en-Laye : estimée 1500 à 2000 Euros mais invendue
– 8 juin 2007 à Drouot : estimé 1500 à 2000 Euros et vendu 2880 Euros (probablement frais inclus)
– 30 mai 2007 à Drouot : estimée 1500 à 2000 Euros et vendue 1730 Euros (idem)
– 28 janv. 2004 à Drouot : estimée 1200 à 1500 Euros et vendue 1925 Euros (idem).
Je crois qu’on ne prend pas beaucoup de risque à l’estimer entre 1500 et 2000 Euros, mais à mon avis la qualité de cette pièce la situe en haut de la fourchette.
Vous voulez connaître la valeur d’un bronze animalier et l’histoire du sculpteur ? Envoyez à damiencolcombet@free.fr les dimensions précises et des photos très nettes de la pièce, la signature, l’éventuelle marque de fondeur, le dessous du socle.