Je n’avais pas présenté de note sur la valeur d’un bronze depuis longtemps : la dernière date de février 2014. Je m’efforcerai de le faire un peu plus souvent désormais et pour m’y remettre, voici une oeuvre apparemment séduisante mais qui doit être un peu « décodée ».

J’ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce site des « faux » bronzes et vous pouvez vous reporter à ces quatre notes :

http://www.damiencolcombet.com/archive/2006/05/23/un-bron…

http://www.damiencolcombet.com/archive/2006/05/24/et-les-…

http://www.damiencolcombet.com/archive/2010/09/13/la-vale…

http://www.damiencolcombet.com/archive/2013/06/23/la-vale…

Le bronze soumis aujourd’hui par un collectionneur est inspiré du « Cheval libre » de Pierre-Jules Mêne, œuvre créée vers 1851 et existant en plusieurs dimensions, avec de légères variantes. Ce cheval est lui-même extrait, toujours avec quelques modifications, de la scène appelée « L’accolade » où figurent deux chevaux tête-bêche.

Cet exemplaire est malheureusement une copie du bronze de Mêne. Son “Cheval libre” a été édité en de nombreux exemplaires, comme c’est toujours le cas avec les bronzes de Mêne et de la plupart des autres sculpteurs, mais il faut distinguer les “bons tirages” reproduisant fidèlement le chef-modèle de l’artiste et les copies et surmoulages, très éloignés par leur qualité du modèle initial.

Ce modèle présente plusieurs caractéristiques absolument rédhibitoires : une ciselure très insuffisante, des différences par rapport au « vrai » modèle dans l’allure générale du cheval (tête, crinière, queue, rectitude des jambes du cheval, cuisses trop creusées, …), une terrasse (le socle en bronze) dont le bord est trop irrégulier alors que Mêne était extrêmement attentif à la parfaite réalisation des terrasses, une patine trop uniforme et faisant un peu plastique, des petits trous et manques à la surface du bronze. La présence d’un marbre, quelques détails comme les dents ou une signature assez bien imitée ne doivent pas faire illusion.

Enfin, les dimensions qui m’ont été indiquées ne sont pas du tout celles du modèle de Mêne, qui mesure (pour la terrasse) soit 39 cm de long (version n°1) soit 20,7 cm de long (version n°2).

Par conséquent, en salle des ventes ou chez un marchand, ce modèle ne pourrait pas être appelé “bronze de Mêne” mais “d’après Mêne”. Les caractéristiques évoquées plus haut et donc cette appellation “d’après” lui retireraient presque toute valeur en salle des ventes, ce qui sert d’indication pour estimer une œuvre.

Il faut donc admettre que ce cheval a une valeur éventuellement sentimentale mais n’a guère de valeur marchande : je pense qu’il ne pourrait pas être vendu plus de quelques centaines d’Euros en salle des ventes, si tant est qu’il soit accepté à la vente par un commissaire-priseur.

Vous avez un bronze animalier et vous voulez connaître son histoire, sa valeur, en savoir plus sur l’artiste ? Envoyez-moi les dimensions exactes et des photos très nettes (10 Mo max. par mail) de l’ensemble du bronze, du dessous du socle, de la signature, le cas échéant de la marque du fondeur. Mais inutile de laisser une demande en commentaire de cette note : il faut envoyer vos éléments à damiencolcombet@free.fr