Les demandes d’expertise affluent ! Est-ce parce que ces petites notes sans prétentions incitent les internautes à ressortir des placards et greniers les chevaux, lions et vaches que leurs grands parents aimaient et dont on découvre que finalement ils ne sont pas si vilains ? Je ne sais pas, mais c’est pour moi l’occasion d’avoir de merveilleux échanges et d’admirer de superbes pièces.
Je ne mets pas sur ce site tous les avis que je peux donner : je suis obligé de sélectionner les pièces les plus intéressantes par leur beauté, leur rareté mais aussi parce que les recherches ont été intéressantes. Je réponds néanmoins à toutes les demandes !
Aujourd’hui, Monsieur Stéphane M., qui nous avait déjà montré une très belle biche couchée de Barye (cf. note du 6 avril 2009), envoie des photos d’un autre bronze qu’il nous dit tenir de son grand-père : un cheval de Pierre-Jules Mène (1810-1879). J’ai déjà parlé de ce très grand sculpteur dans la note du 8 juillet 2009.
Ce bronze est en fait la « Jument normande seule ». Cette adjectif la distingue de la « Jument normande et son poulain », qui la « met en scène » avec son petit sur une grande terrasse. Ce modèle a été créé par Mène en 1868.
Je vais citer ici Messieurs Richarme et Poletti (in Pierre-Jules Mène – Catalogue raisonné – Univers du bronze – 2007) tant ils sont élogieux sur cette pièce : « L’artiste considérait [la Jument normande et son poulain] comme une de ses réussites et un de ses groupes majeurs. […] Mais c’est l’édition de la Jument normande seule qui est une véritable réussite ». Les auteurs précisent qu’il y a dans cette pièce l’aboutissement du travail de Mène sur les surfaces, et parlent ici d’un travail « impressionniste, presque abstrait ». Il relève enfin que les éditions sont pratiquement toujours de bonne qualité.
C’est assurément le cas ici. Grace aux très belles photos de Stéphane M., on voit la finesse des détails de ce bronze. Les dimensions qu’il nous donne sont bien, à très peu près (écart de mesure) celles du catalogue de Susse à la fin du XIXème siècle : 44 cm (haut) x 49 cm (long) x 18 (prof). C’est donc une très grande pièce. Pour l’anecdote, il était alors au prix de 250 Euros.
A la différence de bien d’autres chevaux de Mène, cette pièce est rarement présente dans les ventes aux enchères. Je manque donc de point de repère précis. En revanche, j’ai noté les adjudications suivantes (hors frais) pour des modèles de taille analogue : entre 2500 Euros et 5600 Euros (trop cher !) pour « Djinn, cheval à la barrière » (39 cm de long), 3000 Euros pour « Ibrahim » (37 cm), 3100 Euros (pas très cher, cette fois) pour « L’accolade » (53 cm), 2300 Euros pour « Cheval au palmier » (42 cm). Je pense que, compte tenu de sa rareté mais, à l’inverse, de la baisse des prix actuellement sur les bronzes anciens, cette pièce trouverait probablement preneur dans une vente bien ciblée (grande maison de vente, à l’automne, sur un thème de chasse ou équitation) aux alentours de 3000 Euros.