(Suite de la 1ère partie)
Mes réponses : je réponds à tous les mails, dans un délai de l’ordre de 2 semaines. Il arrive qu’il soit un peu plus long, notamment en été ou bien lorsque je reçois un grand nombre de demandes simultanées (parfois une dizaine par semaine). A l’inverse, je donne suite très rapidement lorsqu’on m’a soumis une pièce sans intérêt, une copie, ou au contraire une très belle pièce car alors je ne peux résister au plaisir d’en parler.
Je donne majoritairement un avis par mail mais pour certains bronzes intéressants, de grande qualité, d’un sculpteur dont je n’ai pas encore parlé ou au contraire pour une copie que j’utiliserai de façon pédagogique, mes commentaires prennent la forme d’une note sur ce blog. Vous trouverez à droite la liste des notes ainsi rédigées.
Sur le fond, je tiens à préciser qu’il serait sans doute prétentieux de parler d’expertise et, à dessein, je n’emploie jamais ce mot. Je partage simplement mes quelques connaissances issues d’une passion pour la sculpture animalière française, connaissances acquises grâce à la lecture de nombreux livres sur le sujet mais plus encore par l’examen attentif d’un très grand nombre de pièces. Pour dire les choses simplement, lorsqu’on a vu une fois une pièce authentique (bonne fonte ancienne), on en repère immédiatement les copies.
Pour déterminer la rareté d’un bronze, il faut ensuite examiner sans relâche les catalogues de ventes aux enchères, les sites internet des maisons de vente, visiter les galeries, feuilleter chaque semaine La Gazette de Drouot…
De plus, je n’appelle pas mes avis « expertises » parce qu’en réalité rien ne remplace un examen réel de la pièce. Il faut l’avoir en main, en apprécier le poids, les petits indices (les marques de fondeur sont parfois minuscules), les défauts (trous, patine abimée), etc. L’un des pièges les plus courants vient du régule, cet alliage plus léger que le bronze et de moindre qualité. Un œil exercé permet de repérer, même sur photo, que la ciselure est moins précise, les détails moins fins que sur un bronze, mais c’est parfois difficile sur certaines pièces, comme celles de Delabrierre par exemple, alors qu’en ayant la pièce en main, la distinction devient évidente notamment au poids beaucoup plus faible et au son creux que rend le régule.
L’authenticité : c’est là une notion bien complexe dans le domaine des bronzes, qui ont toujours, à de très rares exceptions près, été tirés en plusieurs exemplaires. Un lecteur assidu de La Gazette de Drouot aura vite remarqué que « L’éléphant du Sénégal courant », « Le Tigre et le gavial » ou « La Lionne de Tunis » de Barye, ou encore « L’Accolade » de Pierre-Jules Mêne sont mis en vente, quelque part en France, presque chaque semaine.
Il est extrêmement délicat d’annoncer à quelqu’un qui est fier de posséder ce qu’il croit être un beau bronze qu’il s’agit en fait d’une copie ou d’un surmoulage. Combien de fois ai-je été amené à expliquer, de visu ou par mail, que, certes, le bronze qui m’était montré était dans la famille depuis 40 ans ou qu’il avait été payé très cher, mais qu’hélas il avait une valeur quasi nulle, sauf à tromper un éventuel acheteur, ce qu’évidement je déconseille très vivement.
La valeur du bronze : c’est dans presque tous les cas ce qui intéresse principalement les internautes qui m’écrivent, et c’est compréhensible. Bien entendu, il n’existe pas d’Argus des bronzes animaliers, donc cette valeur est toujours discutable. Généralement, au premier coup d’œil, j’ai une idée assez précise de la valeur des pièces qui me sont proposées, et les recherches ultérieures la confirme souvent. Mais je dois avouer que j’ai parfois découvert avec stupeur des valeurs très élevées que je ne soupçonnais pas – comme par exemple Le Tournoi de Bacqué – ou bien à l’inverse des prix régulièrement observés en salle des ventes et selon moi trop faibles au regard de l’intérêt de la pièce. Mais il s’agit là d’exceptions.
En donnant une valeur à un bronze, je précise fréquemment qu’il serait utile de la faire confirmer par un commissaire-priseur, qui aura la pièce en main. Je rappelle également de temps à autre qu’en salle des ventes, compte tenu des frais, le vendeur percevra au bout du compte entre 82% et 75% du prix d’adjudication tandis que l’acheteur payera 18% à 25% de frais supplémentaires. Un bronze adjugé au marteau 2000 Euros sera payé au total environ 2500 Euros par l’acheteur et le vendeur recevra environ 1600 Euros.
Une estimation n’est pas une garantie de vente à ce prix. Un bronze estimé 2000 Euros partira peut-être à seulement 1000 Euros s’il n’y a pas de prix de réserve et s’il est proposé dans une petite vente. A l’inverse, s’il se trouve dans la salle LE collectionneur qui rêve de ce bronze depuis longtemps ou bien un visiteur occasionnel qui a un coup de cœur et les moyens financiers, ou encore si un marchand sait qu’il a déjà un acheteur pour cette pièce que son client recherche, le bronze peut être vendu beaucoup plus cher.
Les suites : presque toujours, je reçois un petit mail sympathique de réponse à mon avis. Certains m’informent, par exemple, qu’ils se doutaient que leur bronze était une copie mais qu’ils y sont tout de même attachés, ou bien au contraire qu’ils tombent des nues, croyant que la pièce en question n’avait aucune valeur. Je propose souvent quelques conseils aux internautes qui, suite à mon avis, envisagent de vendre leur bronze : je leur livre – gracieusement, je le précise bien – quelques coordonnées de bonnes galeries ou de commissaires priseurs experts en ce domaine. Je n’ai absolument aucun lien avec eux, d’aucune sorte : je ne suis pas « apporteur d’affaires », je ne touche aucune commission sur les ventes ou achats.
Il m’est parfois arrivé de proposer à un internaute d’acheter son bronze mais toujours après avoir donné un avis très objectif sur la pièce. De plus, je recommande systématiquement de montrer d’abord le bronze à un commissaire priseur car je ne veux pas que le vendeur ait après coup le sentiment de s’être fait « rouler ». Ainsi, à deux ou trois reprises, j’ai acheté des bronzes sur lesquels j’avais donné mon avis et le vendeur n’a jamais fait une mauvaise affaire.
Alors pourquoi tout ceci ?
On me recommande souvent de faire payer mes avis. Je ne le souhaite pas car, comme je l’écrivais plus haut, il ne s’agit pas à proprement parler d’expertise.
Les très nombreux mails reçus m’ont souvent permis de découvrir de magnifiques pièces, d’échanger avec des collectionneurs très intéressés par les bronzes animaliers, et, par mes recherches, ils sont pour moi l’occasion d’approfondir mes connaissances et mon sens de la valeur de ces bronzes.
Ils me permettent également de faire découvrir, via mon site, mes propres créations et leur histoire, ce qui est très agréable.
Si vous aussi, vous voulez me soumettre un bronze animalier, écrivez-moi à damiencolcombet@free.fr et envoyez-moi les dimensions exactes de la pièce ainsi que des photos très nettes de l’ensemble du bronze, de la signature de l’artiste, le cas échéant de la marque du fondeur, et du dessous du socle.