Alors, depuis le décret de 1981 (cf. notes précédentes), il n’y a pas de faux bronze?
Si, bien sûr. Ils peuvent être issus soit de fonderies peu scrupuleuses qui fondent plus de 12 originaux et trichent sur les numéros (il y a ainsi plusieurs 1/8, plusieurs 2/8, etc), ce qui est très rare, soit bien plus souvent de surmoulages (à partir d’un original, on refait un moule qui servira à refondre des bronzes), soit encore de vulgaires imitations d’après un original qui a servi de modèle, sans avoir recours à un moulage, soit encore de fontes à partir de moules originaux anciens, mais ne portent pas la mention « Copie ».
Dessous du socle d’une mauvaise réédition d’un lièvre assis de Gardet, sans mention « Reproduction »
Comment s’y retrouver ? Il faut d’abord faire attention à la finesse des détails. On voit souvent sur des sites de ventes aux enchères internet par exemple, des modèles pompeusement appelés « Barye », « Mène », et qui sont grossiers, lourds, très laids. Le « lion au serpent » de Barye doit avoir été reproduit à un nombre incalculable de fois, dans toutes les matières !
Il faut également bien chercher si le mot « Reproduction » n’a pas été camouflé. Le Louvre édite, tout à fait légalement, de très jolies reproductions en résine (avec la mention « reproduction »).
Belle réédition par le Louvre en bronze du Hibou de AL Barye, portant la mention légale »Reproduction »
Moule réalisé à partir d’une empreinte de l’œuvre originale réalisée par Barye,
Il faut toujours retourner un bronze pour voir comment il est monté : forme des éventuels écrous, vert-de-gris, etc. On dit que le dessous d’un bronze est sa véritable carte d’identité. Mais là aussi, on trouve des bonnes imitations.
La marque du fondeur est souvent riche de renseignements. Par exemple, selon les époques, le fondeur Barbedienne signait ses fontes de différentes façons : Barbedienne Paris, Barbedienne fondeur Paris, en majuscules, en minuscules, etc. Au fil des années, Barye lui-même a fait évoluer sa signature. On arrive ainsi à dater un bronze avec précision.
Cachet or utilisé par le fondeur Barbedienne sur certains modèles et durant quelques années à la fin du XIXème siècle
Et puis il y a ce qui ne trompe pas – ou pas beaucoup – mais qui prend des années, nécessite de lire beaucoup, de voir énormément de vrais et de faux, mais permet souvent au premier coup d’œil de négliger une pièce et de se jeter sur une autre : l’expérience. Pour en avoir un échantillon, amusez-vous à rechercher « Barye » sur les sites internet de ventes aux enchères de particuliers : vous verrez tout de suite les grotesques imitations et les très rares pièces valables. Le prix est généralement un bon critère.
Pour vous cultivez, taper « Barye », « PJ Mène », « Frémiet », « Fratin », « Rembrandt Bugatti », etc, sur internet. Vous trouverez de très nombreuses photos, en particulier sur les catalogues de ventes aux enchères.
Il y a aussi quelques publications, parfois exhaustives (catalogue raisonné de Barye, de Frémiet, de Bugatti), hélas trop rares. J’en dresserai bientôt une petite liste sur ce blog.