François Pompon : livre et exposition

Deux événements – liés – à signaler à propos du sculpteur François Pompon (1855-1933) : la parution d’un très bel ouvrage de plus de 400 pages réalisé par Liliane Colas et Côme Rémy, tout simplement intitulé « Pompon – L’oeuvre complète » (Editions Norma), et une exposition de nombreuses oeuvres de cet artiste à la galerie L’Univers du Bronze rue de Penthièvre à Paris (M° Miromesnil).

Paru en octobre 2025, cet ouvrage comprend une riche biographie (en français et en anglais), illustrée de nombreuses photos, et l’intégralité des oeuvres de Pompon. On observera que l’artiste a retravaillé de nombreuses fois le même animal, qui existe donc en plusieurs versions.

On réduit un peu trop la sculpture de Pompon à son fameux ours blanc. Certes, cette animal est emblématique de son oeuvre et lors de sa première exposition, en 1921, elle a marqué les esprits, mais l’oeuvre de celui qui fut maître d’atelier de Rodin ne se limite pas à cela, loin de là.

« Cosette » – Bronze dont le modèle en plâtre a été exposé pour la première fois au Salon de 1888.

Sait-on par exemple que le sculpteur né à Saulieu en Côte d’Or a d’abord créé des pièces très figuratives telles que cette superbe Cosette ? Et que son style si particulier, l’aspect très lisse qu’il donne à ses oeuvres, est le résultat d’un processus qui passe d’abord par un modelé détaillé ? « Je commence toujours par faire le portrait de l’animal de près avec tous ses détails, puis je m’en éloigne. » expliquait-il.

« Coq endormi ». Un examen attentif montre un traitement très stylisé du corps mais beaucoup de détails réalistes sur la tête et les pattes.

L’exposition à L’Univers du Bronze permettra de découvrir de nombreuses oeuvres et tout un pan trop souvent trop ignoré du travail du sculpteur.

C’est ce travail préparatoire de création très figurative, très détaillée, qui permet ensuite de trouver les animaux de Pompon si réalistes malgré leur aspect lisse. Cette simplification est donc un aboutissement et pas du tout un raccourci. Pompon ne connut la reconnaissance que tardivement : à 64 ans. Mais c’est alors un triomphe : il vend beaucoup, est sollicité par des clients du monde entier, son fondeur n’arrive pas à suivre. Un succès bien mérité !

« Corbeau », superbe bronze que l’on peut admirer à L’Univers du Bronze. Tout y est malgré l’absence de détails sur le corps : une prouesse que bien des sculpteurs ont essayé de reproduire mais généralement sans y parvenir.

Article Chasses Internationales Pompon

Dans le prochain numéro de Chasses Internationales, retrouvez mon article sur François Pompon, que l’on voit ici en photo avec le pigeon Nicolas, l’un de ses animaux familiers.

A voir à Paris : exposition Sargent au musée d’Orsay

Au musée d’Orsay à Paris, ne manquez pas la très belle exposition « John Singer Sargent – Eblouir Paris« . Les peintures de ce peintre (1856-1925) de nationalité américaine, né à Florence, mort à Londres et qui vécut principalement en Europe, montrent un style difficilement classable : classique, un peu impressionniste, orientaliste, proche de celui de Boldini parfois dans ses grands portraits, de celui de Boudin, Hambourg voire Edelfelt dans les scènes de bord de mer…

Expo Sargent Orsay 2025

L’affiche de l’exposition : le Portrait de Madame X. qui fit scandale.

La vie de cet artiste est un roman : bien que son père ait aux Etats-Unis une belle situation de médecin, ses parents décident d’y renoncer et d’avoir une vie itinérante en Europe, vivant plus modestement tout en visitant les plus belles villes, d’Italie notamment, et donnant à leurs enfants une éducation axée sur l’art. On découvre vite que le turbulent John dessine très bien. Il est envoyé en formation à l’académie de Florence puis à Paris dans l’atelier de Carolus-Duran et aux Beaux-arts.

Expo Sargent Orsay 2025

« En route pour la pêche – Cancale »

Sargent devient l’une des « stars » de l’atelier du maître. Son grand talent, sa maîtrise de plusieurs langues, de la musique, de la littérature, sa connaissance de l’histoire de la peinture lui valent de nombreuses amitiés dont celles de Degas, Rodin, Monet, Helleu, Gabriel Fauré, le prince de Polignac, le comte de Montesquiou et même le roi d’Angleterre Edouard VII.

Expo Sargent Orsay 2025

« Intérieur vénitien »

Expo Sargent Orsay 2025

« Dans les oliviers à Capri » – Dans plusieurs tableaux de Sargent, on retrouve cette belle jeune femme qui servait souvent de modèle aux peintres de passage.

Sargent visite l’Espagne, l’Italie mais expose régulièrement au Salon où ses tableaux sont bien accueillis. Son oeuvre la plus connue est Madame X. peint en 1884 et qui fait partie de l’exposition d’Orsay. Ce portrait en pied fit scandale à l’époque, ce qui est difficilement compréhensible à notre époque.

Expo Sargent Orsay 2025

Le peintre Sargent peignant le portrait de Mme X.

Il est certain que la longue robe noire, l’attitude un peu arrogante de cette femme sont étonnantes. On a dit aussi que sur la version exposée à l’époque, la bretelle de la robe tombait en bas de l’épaule, ce qui était provoquant. Soit, mais à mon avis, c’est aussi parce que le visage peu ordinaire, avec son long nez, est montré parfaitement de profil, ce qui n’est pas la meilleure façon de montrer le charme d’une personne.

Expo Sargent Orsay 2025

« Le docteur Pozzi chez lui » (détail). Chirurgien, pionner de la gynécologie, collectionneur, grand séducteur, ce médecin, décrit par Sargent comme extrêmement brillant, est une figure-phare de la Belle Epoque.

Ecœuré par les critiques très négatives de ce qu’il considérait pourtant comme « la meilleure chose qu’il ait faite », le peintre quitte la France pour l’Angleterre, où il parcourt la campagne anglaise, mais outre-Manche ses oeuvres rencontrent un succès mitigé jusqu’en 1887, où il peint deux jeunes filles installant des lanternes dans un jardin planté de lys, joli tableau très bien accueilli.

Expo Sargent Orsay 2025

« Portraits d’enfants – les filles d’Edouard Boit » – Une oeuvre dont on dit qu’elle a été influencée par la peinture espagnole alors étudiée par Sargent.

A partir de cette année 1887, date d’un premier un long voyage à New York et Boston, Sargent se partagera entre les Etats-Unis, l’Angleterre et la France, réalisant de nombreux portraits, souvent de riches personnalités. Dans l’impressionnante liste de ses clients, on retrouve Rodin mais aussi Stevenson – l’auteur de L’île aux trésor -, Rockfeller, le président Roosevelt, etc. Le peintre est une gloire que l’on s’arrache.

Expo Sargent Orsay 2025

L’une des plus belles et des plus spectaculaires peintures de l’exposition : le très grand « Portrait de Mme Henry White ». Impossible de ne pas penser au style de Boldini, dont Sargent reprit d’ailleurs l’atelier. Les mains de cette femme de diplomate sont remarquables, comme toujours chez Sargent.

En 1907, il ferme avec soulagement son atelier et se concentre sur les voyages et les peintures de paysage, notamment aux Etats-Unis. Il meurt à Londres à l’âge de 69 ans.

Expo Sargent Orsay 2025

« Le verre de porto » dit aussi « Après le dîner ». On devine l’a lassitude et une forme de mélancolie après une soirée à l’opéra ou un dîner au restaurant.

A voir à Paris : exposition Greuze au Petit Palais

Le Petit Palais, dont la programmation est toujours excellente, propose en ce moment une exposition sur le peintre Jean-Baptiste Greuze, dont on célèbre le 300ème anniversaire de la naissance. Le thème « L’enfance en lumière » fait logiquement la part belle aux plus jeunes et aux familles mais elle va bien au-delà et montre de multiples facettes du talent de l’artiste.

Expo Greuze Petit Palais 2025

Je dois dire que j’avais un petit a priori négatif sur Greuze (1725-1805), dont je connaissais surtout quelques portraits d’enfants, trop souvent vus, et des gravures grises assez tristes. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si on réduit parfois Greuze à ces gravures car on découvre durant l’exposition qu’il eut largement recours à ce moyen aisé et peu coûteux de reproduction de ses oeuvres.

Expo Greuze Petit Palais 2025

En fait, Greuze était un peintre très complet, capable de réaliser des portraits pleins de force et de vie, des scènes rurales ou antiques.

Gravure (inévitablement inversée) d’après « La lecture de la Bible » ci-dessus.

Né en 1725 à Tournus en Saône-et-Loire, Greuze montra très tôt de grandes dispositions pour le dessin et se forma notamment dans l’atelier du grand peintre Natoire. Dès ses débuts, il connût le succès et fut un artiste très recherché. En 1759, il épousa Anne-Gabrielle Babuty, fille d’un libraire, dont on disait qu’elle était très belle. On ne sait sans doute pas tout sur les tensions apparues dans le couple mais il semblerait que cette épouse ait détourné ou dépensé d’importantes sommes d’argent, d’où une demande de divorce par Greuze. Celui-ci finit ruiné par la Révolution.

Expo Greuze Petit Palais 2025

« Portrait de Jean Georges Wille ». Peintre, éditeur, graveur, Wille était un ami intime de Greuze. Ce portrait subjugua Diderot tant il était criant de vérité.

Expo Greuze Petit Palais 2025

« Le repos ou Silence ! » – Tableau de la collection du Roi Charles II d’Angleterre.

Expo Greuze Petit Palais 2025

« Les œufs cassés » – Détail

Expo Greuze Petit Palais 2025

« Tête de jeune femme » dite « Une nymphe de Diane »

Expo Greuze Petit Palais 2025

Ce jeune garçon endormi fait partie de l’importante série d’enfants présentés à l’exposition du Petit Palais.

15 nov. 2025 : ouverture du 49ème Salon National des Artistes Animaliers à Bry/Marne

Ce samedi 15 novembre 2025, le Salon National des Artistes Animaliers ouvrira ses portes dans le bel hôtel de Malestroit à Bry-sur-Marne, à deux pas de Paris, pour un mois exceptionnel.

Ce salon, à mon sens le plus bel évènement français voire européen en fait d’art animalier, se tiendra du 15 novembre au 14 décembre 2025. Il regroupe l’élite des peintres, dessinateurs, graveurs, sculpteurs, photographes animaliers, sélectionnés par un jury indépendant régulièrement renouvelé, qui a dû choisir parmi des centaines d’oeuvres les plus dignes d’être exposées aux yeux des milliers de visiteurs qui se pressent chaque année au « SNAA ». Chaque artiste retenu présente une à deux oeuvres seulement. Presque toutes les oeuvres peuvent être acquises. L’entrée est gratuite.

Cette année, les invités d’honneur, qui ont la chance de pouvoir montrer un grand nombre de créations, sont Isabelle Brizzi pour la sculpture et Capton pour la peinture, deux artistes de grand talent bien connus des collectionneurs exigeants.

De nombreux prix souvent richement dotés récompensent les plus talentueux des artistes présents au SNAA.

Self defense Nicolas Planson SNAA 2025

« Self defense » – Nicolas Planson (Coup de coeur du 49ème SNAA) – Huile sur toile

J’ai la chance, cette année encore, qu’une de mes sculptures ait été retenue par le jury.

Chat assis – Damien Colcombet – Bronze (Haut. : 21 cm)

Comme d’habitude, cette 49ème édition du SNAA sera ponctuée chaque dimanche à 15h par des animations gratuites et ouvertes à tous dans la limite des places disponibles :

  • 16 novembre : conférence sur Darwin, par Sylvain Mahuzier
  • 23 novembre : atelier aquarelle, par Jean-Jacques Etheve
  • 30 novembre : récital piano et voix sur le thème animalier, par Didier Rouselle et Floriane Abihssira
  • 7 décembre : « Barye », pièce de théâtre sur la vie du grand sculpteur français (1795-1875) dont on célèbre cette année le 150ème anniversaire de la disparition.
  • 14 décembre : atelier de sculpture, par Audrey Labrot

Après avoir rempli les salles à Paris, la pièce « Barye » sera exceptionnellement jouée au SNAA dimanche 7 décembre 2025 à 15h

Musée Antoine Bourdelle à Paris : déception…

En novembre dernier (2024), le Musée Bourdelle à Paris présentait l’exposition « Rodin / Bourdelle. Corps à corps« . Une occasion de visiter ce lieu, à deux pas de Montparnasse. Une occasion aussi de découvrir le travail de ce sculpteur français, en espérant faire une aussi belle découverte que lorsque j’ai approché pour la première fois l’oeuvre de Landowski au Musée des Années 30 à Boulogne-Billancourt ou celle d’Alfred Janniot au Musée des Colonies à Paris.

Musée Bourdelle

Antoine Bourdelle dans son atelier

Musée Bourdelle

Le monumental cheval conçu pour le « Monument au Général Alvéar », homme d’Etat et militaire argentin, commandé à Bourdelle en 1913 pour célébrer le centenaire de la République argentine.

Hélas, j’ai été déçu. Non par le musée, agréable, situé dans le très vaste atelier de l’artiste (en fait quasiment un pâté de maison) où les oeuvres sont bien présentées, sans appel, pour une fois, au fameux « dialogue » entre oeuvres classiques et oeuvres contemporaines absurdes, tarte à la crème des conservateurs complexés de reconnaître que peu d’artistes contemporains sortis des Beaux-arts arrivent à la cheville des génies du passé.

On traverse les pièces d’habitation de Bourdelle, chaleureuses et intimes, avec ses meubles, des tableaux et objets divers. Le soir, la cour est très bien éclairée et l’architecture est si particulière que l’on ne sait plus très bien si on est à Paris ou dans un village de province.

Musée Bourdelle

Vue depuis la terrasse.

En fait, c’est le travail d’Antoine Bourdelle qui m’a beaucoup désappointé. La présentation, lors de cette exposition, de plusieurs oeuvres de Rodin faisait cruellement sentir l’écart de talent entre les deux sculpteurs. Cette différence n’est pas forcément criante sur les deux Adam ci-dessous mais c’est parce que la facture de celui de Bourdelle, réalisé vers 1888-1889, est d’un style encore très classique – qui montre l’ampleur de ce qu’il aurait pu faire – style dont il s’écartera malheureusement par la suite…

Musée Bourdelle Adam

Deux « Adam » : ci-dessus, de la main de Bourdelle, un travail assez classique qui montre une belle maîtrise de la part de l’artiste.

En bas, de Rodin, un Adam beaucoup plus fort, qui fait immédiatement penser au travail de Michel Ange.

Musée Bourdelle Rodin Adam

Antoine Bourdelle, de son vrai nom Emile-Antoine Bordelles, est né à Montauban en 1861 et mort au Vésinet (région parisienne) en 1929. Entré en apprentissage à 13 ans dans l’atelier d’ébénisterie de son père, il révèle vite ses talents de sculpteur sur bois. Il entre aux Beaux-Arts de Toulouse en 1876 puis de Paris en 1884. Comme cela se faisait alors, il se forme dans l’atelier du très bon sculpteur classique Alexandre Falguière. Il a pour ami François Pompon, Jeanne Poupelet, Jules Desbois, etc. Plus tard, il rencontrera Camille Claudel. En 1885-1886, il décide d’abandonner l’enseignement classique et quitte aussi bien les Beaux-Arts que Falguière. Il entre dans un modeste atelier avenue du Maine, atelier qui s’étendra peu à peu et deviendra le vaste ensemble que l’on visite aujourd’hui. Pour gagner sa vie, il dessine et travaille dans l’atelier de Théo Van Gogh, le frère de Vincent. En voyant ses oeuvres picturales, qui montrent un réel talent, on se dit qu’il aurait peut-être dû persévérer dans cette voie…

Musée Bourdelle peinture

Jolie peinture réalisée par Bourdelle.

En 1893, il entre comme praticien dans l’atelier de Rodin, qui l’appuie fortement pour qu’il obtienne la réalisation d’un monument aux morts à Montauban, sa ville natale, alors que le jury n’apprécie pas du tout son style. Merci Auguste !

Musée Bourdelle Rodin au travail

« Rodin travaillant à La Porte de l’Enfer » – A.Bourdelle – 1910 – Un style devenu lourd, brutal, sans finesse.

Sa participation à l’Exposition Universelle de 1900 marque un tournant dans sa carrière, qui est lancée. Il se marie en 1904 mais son cœur est vite conquis par une de ses élèves, Cléopâtre Sévastos, qu’il épousera en 1918 après avoir divorcé en 1910.

Musée Bourdelle Daphné devient laurier

Ci-dessus, « Daphné devient laurier » de Bourdelle – Ci-dessous, « Le vieil arbre » de Rodin, que la qualité de la fonte de Rudier magnifie.

Musée Bourdelle Rodin Le vieil arbre

Après avoir voyagé dans plusieurs pays d’Europe, remporté des concours et engrangé des commandes, il réalise son oeuvre principale : Héraklès (cf. mon article sur cette sculpture http://colcombet.com/herakles-archer-par-bourdelle/ En 1910, il participe au projet de construction de théâtre des Champs-Elysées, prenant Isadora Duncan comme modèle pour la réalisation des fresques en façade. En parallèle, il donne des cours et compte parmi ses élèves Alberto Giacometti et Germaine Richier.

Musée Bourdelle La guerre ou Trois têtes hurlantes

« La guerre » ou « Trois têtes hurlantes » – A.Bourdelle. Une déformation des visages qui est voulue mais enlaidit à l’excès la sculpture sans la rendre plus expressive pour autant.

Musée Bourdelle Pallas

« Pallas » – Marbre de Bourdelle. Comme expliqué sur le cartel à côté de l’oeuvre, « ce torse se résume à un cylindre posé sur deux tubes ». Pas très subtil… Dommage car le visage, bien que sévère, est joli.

Il connaît la gloire de 1925 à sa mort en 1929 : nombreuses expositions dans le monde entier, participation à l’Exposition Internationales des Arts décoratifs et industriels modernes en 1925, réalisation d’un monument à Buenos Aires, grande exposition au Palais des Beaux-arts à Bruxelles, installation de son Monument à Mickiewicz place de l’Alma à Paris, etc.

Perclus de rhumatisme, il meurt à Paris le 1er octobre 1929 et est enterré au cimetière du Montparnasse.

Musée Bourdelle La France

« La France » 1ère maquette – A.Bourdelle. L’artiste veut visiblement faire référence à l’art antique mais le résultat est figé.

Musée Bourdelle fresque

Les grandes fresques au 1er étage de la terrasse annoncent déjà la lourdeur de bien des sculptures des années 30.

Musée Bourdelle buste Coquelin cadet

Un joli buste, enfin : celui du comédien Coquelin cadet.

Il n’est pas inintéressant du tout de visiter le musée Bourdelle, d’abord pour admirer le site, mais aussi pour comprendre comme il est compliqué pour un artiste de trouver son style. Cette expression peut faire penser, à notre époque très commerciale, qu’il s’agit de définir un produit marketing original et d’ainsi occuper une niche du marché qui permettra de vendre assez facilement. En réalité, trouver son style signifie plutôt réussir à réaliser une belle oeuvre en faisant presque inconsciemment la synthèse de son propre talent et de tout l’héritage laissé par ses maîtres à l’artiste. Ici, on sent bien la tension entre la formation classique prodiguée par Falguière, l’exigence, la puissance et la sensualité de Rodin, et le rejet du classicisme qu’exprima Bourdelle en quittant les Beaux-arts et Falguière. Mais cette synthèse ne me semble pas faite et à mon avis, l’oeuvre de cet artiste est souvent frustre, peu dégrossie, en tous cas manque beaucoup de subtilité alors que Bourdelle avait certainement les qualités pour faire mieux.

Bruno Liljefors au Petit Palais : peintre et coureur des bois

Bouclant un cycle consacré aux peintres suédois et finlandais, le Petit Palais nous fait découvrir Bruno Liljefors (1860-1939), le B du trio ABC qui comprenaient Andres Zorn et Carl Edelfelt. Une superbe exposition !

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Bruno Liljefors peignant dans une barque

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Anna, la première épouse de l’artiste. Ils auront cinq enfants avant que Bruno ne la quitte pour épouser Signe, la sœur d’Anna, dont il aura huit enfants. Ce fut un scandale retentissant qui força Bruno et Signe à s’exiler sur une île.

J’ai consacré l’article de ce trimestre dans la belle revue Chasses Internationales à ce peintre passionné et original, qui eut une vie mouvementée et jouit dans son pays d’une formidable renommée. Je ne vais pas copier ici cet article mais simplement montrer quelques-unes de ses oeuvres visibles au Petit Palais.

L’article à lire dans Chasses Internationales n°36 – Hiver 2024-2025

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Renards. On ne repère pas tout de suite celui de droite, couché dans les feuilles, ni les mésanges perchées à gauche.

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Grive musicienne à son nid. Acrobate comme ses frères, l’artiste savait parfaitement grimper en haut des plus grands arbres.

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Pies dans un pommier

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Renard et chiens. Liljefors était passionné de chasse. C’est son père, marchand de poudre, qui lui en donna le goût.

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Une famille de renards

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Paysage d’hiver aux bouvreuils pivoine. Une certain style japonisant qui attirait Liljefors.

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Lièvre pourchassé. On devine parfaitement la douceur et l’épaisseur du pelage du lièvre variable, ainsi nommé car il passe du brun l’été au blanc en hiver.

Cinq études d’animaux. L’assemblage dans un même cadre d’oeuvres de formes et de tailles différentes correspond à la tradition japonaise « Harimaze ».

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Détail de la toile de fond du diorama du Musée de biologie d’Uppsala.

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Eiders en vol. De « peintre de l’intérieur des terres », Bruno devient « peintre des rivages »

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Pygargues à queue blanche attaquant un plongeon (gros oiseau aquatique). Liljefors aimait ces grands rapaces. Une photo montre son épouse Signe portant sur le poing un pygargue.

Exposition Liljefors Petit Palais nov 2024

Brise du matin, immense toile où l’on voit des eiders mâles se posant sur la mer.

Bruno Liljefors. La Suède sauvage – Petit Palais à Paris jusqu’au 16 février 2025