Nouvelle création : le brocard
Voici un animal familier à toute personne qui se promène dans les bois, sait observer les lisières de forêt lorsqu’il prend le train et les champs lorsqu’il roule sur l’autoroute : le chevreuil, dont le mâle adulte porte le nom de « brocard ».
Ce charmant petit mammifère Artiodactyle (au nombre d’ongles pair), de la famille des Cervidés, a pour nom savant en Europe Capreolus capreolus. L’autre espèce, celle de Sibérie, se nomme Capreolus pygargus. En réalité, notre chevreuil d’Europe compte une dizaine de sous-espèces, très proches les unes des autres, les individus d’Europe de l’Est étant les plus grands.
Le chevreuil que l’on peut apercevoir en France ne mesure que 60 à 70 cm au garrot, soit l’équivalent d’une chèvre, et pèse 20 à 25kg. Il ne peut être confondu avec la biche – encore moins avec le cerf – beaucoup plus grande, au museau bien plus long et à mon sens moins gracieuse. Le chevreuil rappelle un peu les jolies petites gazelles d’Afrique (springboks, gazelles de Thomson, certains céphalophes, etc.).
Brocard (source : Wikipedia)
Le chevreuil mâle est coiffé de bois à trois pointes, qui tombent chaque année en octobre puis repoussent dès décembre, recouverts d’une peau ayant l’apparence du velours et dont l’animal se débarrasse au printemps. Les bois des animaux les plus vieux possèdent des petites excroissances que l’on appelle perlures. Il arrive que suite à des chocs, des problèmes d’alimentation, de santé, de dégénérescence, les bois prennent des formes anormales, curieuses ; on parle alors de « perruques ».
« Chevreuil à perruque » pris en photo au zoo de Cordoue (Espagne)
Lorsque j’étais jeune, on voyait peu de chevreuils et il fallait se rendre en Allemagne ou en Autriche pour en apercevoir près des routes. Dans les années 1990, alors que le nombre d’animaux avait déjà bien augmenté, les scientifiques estimaient que notre pays pourrait en abriter 800 000 têtes au maximum. Aujourd’hui, les comptages, difficiles, permettent de situer leur population entre 1,5 et 2 millions d’animaux !
Chevreuil « en velours »
On voit très peu de chevreuils dans les zoos, je ne sais pourquoi – il est vrai qu’on voit également peu de cerfs. Peut-être parce que le brocard est très agressif pendant le rut. Je me souviens d’un gardien de zoo qui expliquait qu’il entrait dans presque toutes les cages sans arme mais que dans celle du chevreuil, il avait toujours un fort bâton sur lui. Même si ces faits restent très rares, on entend régulièrement parler de promeneurs attaqués par un brocard irascible. En forêt en été, peut-être entendrez-vous les aboiements du chevreuil, qui ressemblent à ceux d’un chien, comme on peut le constater sur cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=dGDQ9VwO2BE
Au moment du rut, les combats de chevreuils sont violents : https://www.youtube.com/watch?v=-HnE-fzSNgE
Si leur densité n’est pas trop importante, les chevreuils causent assez peu de dégâts aux cultures mais ils mangent les jeunes pousses des arbres, nuisant à la croissance des végétaux, et apprécient particulièrement les rosiers et plantes de nos jardins. Les cerfs, qui eux vivent en forêt, causent des dégâts beaucoup plus importants.
Les prédateurs des chevreuils sont les lynx (il n’y en a pas beaucoup en France…), les loups, qui préfèrent les moutons, les voitures et l’homme. Les renards et les chiens errants s’attaquent aux jeunes mais ne peuvent venir à bout d’un adulte en bonne santé.
Enfin, une précision : le cerf de Virginie est appelé « chevreuil » par les Québecois mais il s’agit bien d’un cerf, qui mesure plus d’un mètre au garrot.
Mon chevreuil mesure 24 cm de haut et 22 cm de long. J’observe que, curieusement, cet animal a peu inspiré les grands sculpteurs du XIXème siècle. Antoine-Louis Barye (1795-1875), par exemple, n’en a pas représenté un seul alors qu’il a modelé de nombreux cerfs. Pierre-Jules Mêne (1810-1879), lui, en a fait une petite dizaine, mais souvent de très petite taille, comme ce groupe qui ne mesure que 10 cm de haut, et en fait, il a plusieurs reprisles mêmes sujets en les isolant ou les mettant en groupe. Son « Chevreuil buvant », plus grand, est néanmoins très beau.
Clovis Masson a modelé un chevreuil à propos duquel j’ai fait une note visible ici : http://colcombet.com/la-valeur-dun-bronze-le-chevreuil-de-c-masson/
Chasses Internationales – N°22 – Emmanuel Fremiet : l’Homme et la bête.
Chasses Internationales – n°21 – Edouard Doigneau : simple et lumineux
EXPOSITION COLCOMBET-BRENET A SAINT-MALO








NOUVELLE CREATION : L’AUTRUCHE
On me demande fréquemment si j’ai déjà modelé des oiseaux et la réponse est évidemment positive : casoar, fou de Bassan, cormoran, vautour font partie de mon bestiaire. J’ai choisi d’y ajouter un animal étrange, que tout le monde connaît : une autruche.
Comme les autres ratites, c’est-à-dire l’émeu, le nandou, le casoar et le kiwi, l’autruche est inapte au vol car dépourvue de bréchet, cet os à forte crête présent sur le sternum et tenant les puissants muscles permettant d’activer vigoureusement les ailes. Lorsqu’on découpe un poulet, on voit parfaitement cet os qui sépare les deux blancs. Dommage que l’autruche ne puisse voler car ce serait très impressionnant ! On n’ose imaginer un vol d’autruche en migration…
Rencontre un peu impressionnante avec une autruche au zoo de Ziniaré (Burkina Faso).
Pas de clôture entre nous et un air peu engageant de l’oiseau.
Les ratites comptaient aussi l’oiseau-éléphant de Madagascar, qui pouvait mesurer 3,50 m de haut et dépasser les 500 kg, et le moa de Nouvelle-Zélande, encore plus grand et qui atteignait 4m de haut. Le premier a disparu vers l’an 1000 et le second aux environs du XVème siècle. L’œuf de l’oiseau-éléphant pouvait mesurer plus de 30 cm de long et avoir une contenance de 9 litres, soit sept fois le volume d’un œuf d’autruche.
Autruche dans le Parc national d’Etosha (Namibie)
La famille des Struthionidae ne compte qu’une seule espèce, l’autruche d’Afrique, et quatre sous-espèces : autruche d’Afrique du Nord, d’Afrique du Sud, des Massais et de Somalie mais certains spécialistes considèrent que cette dernière est une espèce à part entière. Ces différentes sous-espèces se reconnaissent essentiellement à la couleur du cou. L’autruche d’Afrique du Nord, par exemple, est appelée autruche à cou rouge ; elle a la réputation d’être plus agressive que les autres et on ne la rencontre pas dans les élevages.
Elevage d’autruches près de Conques (Aveyron)
L’autruche mâle se reconnaît à son plumage noir et blanc, celui des femelles étant brun-gris, plus terne. Un grand mâle peut mesurer 2,50 m de haut et peser 150 kg. Cet oiseau est connu pour la taille de ses œufs (environ 1,5 kg) et sa capacité à courir très vite : jusqu’à 70 km/h. Sa viande savoureuse, ses grandes plumes aériennes, son cuir très solide ont conduit à la multiplication des élevages, qui ne sont pas très difficiles à gérer, compte tenu de la rusticité de cet oiseau, qui peut vivre jusqu’à 70 ans en captivité.
Le pied de l’autruche est étonnant : il n’est formé que de deux doigts, l’un long et terminé par une énorme griffe dont se sert l’oiseau pour se défendre, et un autre, court et sans griffe. Un coup de pied d’autruche peut éventrer un homme. Dotée d’une très bonne vue, l’autruche est une vigie appréciée des autres animaux sauvages d’Afrique. On la trouve donc souvent à proximité des troupeaux d’herbivores (zèbres, antilopes, etc.). Pour une raison que j’ignore, elle laisse souvent pendre une aile ou les deux et c’est ainsi que je l’ai représentée.
La difficulté pour le sculpteur est double : parvenir à représenter l’air hautain et – disons-le – assez stupide de l’autruche sans tomber dans la caricature et rendre l’aspect léger, floconneux et vaporeux, du plumage. L’autruche est un animal assez peu représenté en sculpture. Dans Animals in bronze, Christopher Payne n’en mentionne que trois au quatre dont le beau modèle de Rembrandt Bugatti.
Lion et autruche – Auguste Cain (1821-1894)
On peut encore mentionner celle de Jos. Pallenberg ou, parmi les modèles contemporains, celle de Roch Vandromme et une autre d’Isabelle Brizzi. Il est curieux que Barye, habitué des zoos, ne se soit pas attaqué à cet intéressant sujet.
Autruche mâle
Mon autruche, qui mesure environ 25 cm de haut, sera posée sur un petit socle, indispensable à sa stabilité. En étudiant le cou de cet oiseau, j’ai découvert que curieusement, la trachée tourne autour du cou : en haut, sous le bec, elle est placée devant le cou et en bas, elle est située derrière !
Autruche dans le Parc national d’Etosha (Namibie)
L’édition en bronze devrait sortir en mai-juin. Sa réalisation demandera un peu de travail sur la cire pour affiner encore les pattes et peut-être le cou.