Après ma recommandation, il y a quelques jours, d’aller visiter l’aile Richelieu du Louvre, je vous incite également à vous rendre a Musée d’Orsay à Paris pour admirer quelques oeuvres des grands sculpteurs du XIXème siècle.
Comme il est interdit de prendre des photos à l’intérieur du Musée, même sans flash, je ne peux illustrer cette note qu’avec quelques images des oeuvres monumentales situées sur l’esplanade du Musée ou dans le beau jardin des Tuileries.
Devant l’entrée d’Orsay, on peut admirer le « Rhinocéros indien » de Jacquemart, le « Cheval à la herse » de Rouillard et « l’Éléphant pris au piège » d’Emmanuel Frémiet.
Il est amusant de noter que dans la réduction de cette dernière pièce, Frémiet a fait plusieurs modifications : la lourde roue et le babouin ont disparu, et c’est désormais la patte arrière qui est retenue.
Une rangée de grandes statues féminines représente également les différentes parties du monde et j’ai eu la surprise d’y voir, aux côtés de l’Océanie, un amusant kangourou, ce qui est bien rare dans la sculpture de cette époque.
Aux Tuileries, près de la rue de Rivoli, deux impressionnantes scènes de Cain (le gendre de Pierre-Jules Mêne) : « Rhinocéros indien attaqué par deux tigres » et « Lion et lionne se disputant un sanglier ». J’avoue que ces deux grandes pièces, dont je ne me souvenais plus bien, m’ont réconcilié avec Cain, à qui j’ai souvent reproché l’air pompeux de certains de ses animaux.
A l’entrée du Musée, on est accueilli par une autre pièce monumentale (3,60 m de haut !), qui laisse une impression terrible : elle représente Gérôme, peintre et sculpteur de très grand talent, sculptant un combat de deux gladiateurs. Un examen attentif de la pièce laisse confondu par le génie de l’artiste. Le mirmillon, vainqueur du rétiaire, a dû livrer un combat acharné car une partie du filet du vaincu est restée accrochée à sa ceinture, prise dans un fermoir en forme de poisson, le reste du filet ayant visiblement été tranché d’un coup de glaive et gisant à terre, avec la fourche du rétiaire. Le vainqueur, attendant de la tribune d’honneur un signe pour l’exécuter ou le gracier, a posé son pied sur le vaincu qui, paniqué, lève trois doigts et réclame la clémence. Le mirmillon porte un bouclier recouvert d’une peau de crocodile.
Ce grand bronze est de Jean-Léon Gérôme lui-même pour la scène de combat et d’Aymé Morot pour Gérôme, que l’on voit travailler la ceinture d’un des gladiateurs. A noter que le combat est directement inspiré du tableau de Gérôme « Pollice verso ».
On pense ici à une scène du même ordre, visible dans le jardin du d’histoire naturelle à Paris, représentant Frémiet qui sculpte l’une de ses œuvres, le combat de l’ours et du dénicheur d’oursons.
Si l’on aime les bronzes du XIXème et en particulier les grands sculpteurs animaliers, la visite du Musée d’Orsay provoque une sorte de fièvre et d’euphorie : on y admire en réalité, et non plus seulement en images, de nombreux chefs d’oeuvre de Frémiet, Barye, Bugatti, Gardet, Riché… Impossible de les énumérer toutes mais il faut voir :
– La première version de la Jeanne d’Arc de Frémiet, celle qui fut remplacée par l’actuelle place des Pyramides (j’aurai bientôt l’occasion d’expliquer l’histoire incroyable de ce remplacement). De Frémiet également, le Chevalier errant.
– Un très étonnant meuble comprenant de nombreux bas-relief de Frémiet, dont un grand « Triomphe de Mérovée », dont il faut admirer les buffles d’Asie.
– Les chasseurs d’alligator, immense bas-relief de Barrias, et « Les chasseurs d’aigles » de Coutan.
– Une version colorée et partiellement émaillée du « Cavalier tartare arrêtant son cheval » de Barye.
– Le combat des panthères, de Riché
– La collection des bronzes de Bugatti
– La vitrine des bronzes de Pompon
et tant d’autres…
Au 1er étage, dans le petit couloir passant au-dessus de la porte d’entrée, une série de terres, moules, cires, plâtres, bronze explique parfaitement le processus de la fonte à la cire perdue et, à côté, celui de la reproduction en marbre des sculptures en bronze.
Une visite passionnante.