Avr 30, 2017 | Expositions et événements

Du 6 mai au 15 juillet 2017, se tiendra à Saint-Malo une exposition nommé « ANIMALIA », où seront présentés une vingtaine de mes bronzes de toutes dimensions et 26 planches inédites d’un splendide bestiaire animalier de Mathurin Meheut.

Le dynamique Centre Cristel Editeur d’Art est animé par Christophe et Elodie Penot. Depuis son ouverture en 2014, il a déjà exposé des artistes prestigieux comme Jacques Villeglé, Erro, Mark Brusse ou Emile Bernard, le peintre qui « découvrit » Van Gogh.
Je suis très honoré de voir mes bronzes côtoyer les œuvres de Mathurin Meheut (1882-1958), cet excellent artiste d’origine bretonne que vous pourrez découvrir sur ce site : http://musee-meheut.fr/fr/biographie.html

Mathurin Meheut a travaillé pour des muséums, a reçu des commandes des manufactures Henriot (Quimper), Villeroy et Boch, Sèvres, il a réalisé des décors pour des villas prestigieuses, des établissements publics et de nombreux paquebots dont le France.

« Saint-Pierre » – M.Meheut – Muséum d’Histoire naturelle de Rouen
Il a toujours rêvé d’illustrer « Le Livre de la Jungle » et s’il ne l’a pas fait, il a quand même peint, dans les années cinquante, un très bel abécédaire typique de son style et qui fait bien sûr penser aux remarquables illustrations du livre « Regarde » écrit par Colette.

L’original de cet abécédaire, constitué logiquement de 26 planches, a été acquis par un grand collectionneur qui a souhaité en faire profiter les amateurs des œuvres de Mathurin Meheut. Le Centre Cristel va donc éditer 50 exemplaires de ces planches, qui seront visibles lors de l’exposition.

L’Abécédaire est constitué d’un texte de 16 pages de Roman Petroff, spécialiste des écoles artistiques bretonnes, et des 26 planches, tirée en papier grand chiffon l’atelier d’art Clot, Bramsen & Georges à Paris, au format 32 x 43 cm. Seuls 50 exemplaires de cet ouvrage rare seront disponibles et plus de la moitié des exemplaires sont déjà réservés !

A cette exposition, vous pourrez voir plusieurs de mes dernières créations, dont bien sûr le Fou de Bassan et le Cormoran, mais aussi Coquet, taureau charolais.

Pour tout renseignement sur l’édition de l’Abécédaire et sur l’exposition : http://www.centre-cristel-editeur-art.com/
ANIMALIA
Du 6 mai au 15 juillet 2017
Centre Cristel Editeur d’Art
9 boulevard de la Tour d’Auvergne – 35400 Saint-Malo
Du mardi au vendredi de 14h30 à 18h30
Samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h30
Tél : 02 23 18 19 53 – contact@cristel-editeur-art.com

Avr 26, 2017 | • Zoos et Animaux
Le 4 mai prochain, l’étude Millon à Paris (voir http://www.millon.com/html/index.jsp?id=82081&lng=fr&…) mettra en vente une importante collection d’oiseaux naturalisés réunie par Hubert Masquefa (1927-2010), correspondant du Muséum d’Histoire naturelle de Paris et fondateur des parcs zoologiques de Fréjus et Ozoir-La-Ferrière. Parmi les lots présentés, qui vont de la Mésange charbonnière au Fou de Bassan, du Gypaète barbu à la Caille des blés en passant par la Cigogne blanche, la Pintade vulturine ou le Grand tétras, on trouve un Pigeon migrateur, dont voici la photo.

Pigeon migrateur (Ectopistes migratorius)
Avec l’aimable autorisation de l’étude Millon
Pourquoi s’arrêter sur cet oiseau de taille moyenne, assez joli certes mais pas exceptionnel et qui fait partie de la famille plutôt commune des Columbidae, qui comprend colombes et pigeons ? Et pourquoi ce volatile est-il estimé entre 2600 € et 3000 € alors qu’à cette même vente, une femelle de Pigeon colombin est estimé à 100 € ?
Eh bien parce qu’il a disparu ! On trouve en effet ici et là, dans des musées comme le Musée Confluence à Lyon, des Pigeons migrateurs naturalisés mais hélas il n’y en a plus dans la nature.
Etait-ce un animal rare, quasi-inconnu, dont quelques dizaines de couples seulement vivaient au fin fond de l’Amazonie ou de la Papouasie ? Était-ce un oiseau dont les superbes plumes l’ont conduit à la disparition ? Non, pas du tout. C’est un oiseau « banal » dont les effectifs, au début du XIXème siècle, étaient estimés à plusieurs milliards (oui, vous avez bien lu : milliards !).

Pigeon migrateur – Dessin de Mark Catesby vers 1722
Le Pigeon migrateur ou Tourte voyageuse (Tourte a la même origine que Tourterelle) ressemble un peu à une tourterelle des bois, plus élancée et plus grosse puisque la Tourte mesure 30 à 40 cm de long. Elle vivait dans la moitié est des Etats-Unis et du Canada.
Le Pigeon migrateur était connu pour ses vols d’une densité inimaginable, que le célèbre naturaliste Audubon a décrite. Vers 1810, l’ornithologue américain Alexander Wilson estimait qu’un seul vol comprenait plus de 2 milliards d’individus. Le ciel s’obscurcissait pendant un long moment. Lorsque l’oiseau se posait, le sol était couvert de fientes, les branches même très grosses, craquaient et les arbres s’abattaient. Pour avoir une toute petite idée de ce que cela pouvait représenter, il faut avoir vu les milliers d’étourneaux s’envolant dans le ciel de Rome un soir de printemps ou se posant dans les arbres en faisait un bruit assourdissant.

Etourneaux à Rome
En lisant « Chasses dans l’Amérique du Nord » écrit par Bénédict-Henry Révoil suite à son séjour aux Etats-Unis entre 1841 et 1849, j’ai trouvé un long chapitre sur le Pigeon migrateur. Voici ce qu’a vécu l’auteur :
« En 1847, pendant l’automne, un matin avant le jour, je me trouvais sur les hauteurs de la ville de Hartford, dans le Kentucky […] lorsque je m’aperçus que l’horizon s’obscurcissait ; et, après avoir attentivement examiné quelle cause pouvait amener ce changement dans l’atmosphère, je découvris que ce que je prenais pour des nuages était tout simplement plusieurs bandes de pigeons. […]
Je conçus l’idée de compter combien de bandes passeraient au-dessus de ma tête dans l’espace d’une heure. Je m’assis donc tranquillement, et, tirant de ma poche un crayon et du papier, je commençai à prendre des notes. Peu à peu, les volées se succédèrent avec tant de rapidité, que je n’avais plus, pour pouvoir les compter, d’autre moyen que de tracer des jambages multipliés. Dans l’espace de trente-cinq minutes, deux cent vingt bandes de pigeons avaient passé devant mes yeux. Bientôt, les vols se touchèrent et se resserrèrent d’une manière si compacte, qu’ils me cachaient la vue du soleil. La fiente de ces oiseaux couvrait le sol et tombait serrée comme la neige en hiver. »

Pigeon migrateur sur son nid
Illustration de Yan’Dargent pour le livre de B.-H. Revoil
L’auteur raconte encore l’affolement des paysans lorsque ces pigeons arrivent sur une zone cultivée. On imagine en effet les dégâts causés aux cultures et aux arbres par cette nuée équivalente à celle des sauterelles en Afrique. Du coup, les fermiers des régions ravagées n’ont qu’une obsession pendant les vols de pigeons migrateurs : en tuer le plus grand nombre possible. On organisa, paraît-il, des compétitions où seraient récompensé le chasseur ayant réussi à en abattre plus de trente mille.
Revoil a participé à l’une de ces chasses et raconte :
» Les pigeons arrivaient par millions, se précipitant les uns sur les autres, pressés comme les abeilles d’un essaim qui s’échappent de la ruche au mois de mai. Les hautes cimes du juchoir surchargé se brisaient, et, tombant à terre, entraînaient à la fois les pigeons et les branches qui se trouvaient au-dessous. C’était un bruit à ne pas être entendu de son voisin, même en criant à plein poumons, et si l’on distinguait à grand’peine quelques coups de fusil, pour la plupart du temps ne voyait-on que les chasseurs qui rechargeaient leurs armes. […]
Dès le point du jour, toutes les bandes de pigeons s’élancèrent dans les airs pour aller à la recherche de leur nourriture. Ce fut alors un bruit effroyable, impossible à décrire autrement qu’en le comparant à une décharge simultanée de coups de canon. Et à peine le perchoir eut-il été abandonné, que les loups, les panthères, les renards, les couguars et tous les animaux rapaces des forêts américaines s’avancèrent en nombre pour prendre part à la curée. »
Evidemment, avec de tels massacres, la population des Pigeons migrateurs à très vite diminué. A partir de 1870, les vols sont visiblement plus clairsemés. Les derniers très grands massacres ont lieu avant 1878. A la fin du XIXème siècle, l’espèce est quasiment éteinte, sa disparition étant de plus accélérée par une épizootie. Début XXème, on offre des récompenses à qui trouvera encore des spécimens de pigeons migrateurs. Malheureusement, cette espèce ne survit pas en captivité.

Il est toujours dangereux de juger le passé avec nos yeux et notre mentalité actuelle. Les grands massacres n’étaient pas le fait de chasseurs d’agrément mais des fermiers qui pouvaient se trouver ruinés en un passage de pigeons. Et malheureusement, l’époque « récente » n’a pas vu disparaître seulement le Pigeon migrateur : le Couagga (sorte de zèbre d’Afrique du sud), le grand Pingouin, le Dronte (ou Dodo, bien connu), le Thylacine (chien sauvage à rayures), la Rhytine de Steller (sorte de gros lamantin), un grand nombre d’oiseaux dont le Moa (autruche géante) et bien d’autres encore ont été exterminés au cours des derniers siècles. Le bison d’Amérique et le Bison d’Europe ont bien failli subir le même sort.

Muséum d’Histoire Naturelle de Londres
Mais il est intéressant d’écouter ce que dit Revoil au XIXème siècle suite à son voyage aux Etats-Unis, alors qu’il est lui-même chasseur mais visiblement partisan d’une « chasse raisonnée » :
« La destruction menace en Amérique le gibier auquel j’ai consacré cet article. A mesure que la civilisation s’étend sur ces vastes déserts de l’ouest, les hommes deviennent plus nombreux, et la race humaine, qui règne partout en tyran et ne laisse imposer aucun frein à son despotisme, détruit peu à peu les associations d’animaux. Déjà, les cerfs, les daims et les grandes bêtes à cornes qui peuplaient les anciennes colonies de l’Angleterre ont presque disparu dans les principaux Etats de l’Union.
Les troupeaux de bisons qui, il y a cent ans, paissaient en repos sur les lointaines savanes qui verdissent par delà le Mississipi, voient leurs rangs s’éclaircirent, tandis que les carcasses de leurs semblables tués par les trappeurs, les émigrants et les indiens blanchissent sur le sol et marquent le passage de l’homme.
Tout porte donc à croire que les pigeons, qui ne supportent point l’isolement, forcés de fuir ou de changer de mœurs à mesure que le territoire de l’Amérique se peuplera du trop-plein de l’Europe, finiront par disparaître de ce continent, et, si le monde ne finit pas avant un siècle, je parie avec le premier chasseur venu que l’amateur d’ornithologie ne trouvera plus de pigeons que dans les muséums d’histoire naturelle. »
Prophétie hélas réalisée. Et avant de stigmatiser les Américains, souvenons-nous, comme l’écrit Revoil, qu’à cette époque, les immigrants sont essentiellement des Européens…
Avr 21, 2017 | Nouvelles créations, Projet Grandeur Nature Lyon
Le projet Grandeur Nature Lyon avance à grands pas, presque aussi rapidement maintenant que l’allure d’une girafe adulte !
En effet, après avoir terminé il y a environ deux mois la réalisation du girafon, la fonderie Barthélémy Art à Crest met les bouchées doubles pour terminer la grande girafe. Et voici les premières images de l’animal sur ses quatre pattes.

La maquette, éditée en bronze, sert de modèle pour l’assemblage et la soudure de la bonne vingtaine de morceaux de bronze qui constitueront la sculpture.

La tête et le cou ont été positionnés mardi dernier. Il s’agissait de contrôler que les éléments s’alignent bien, que la hauteur de la tête est bonne et l’orientation du cou adaptée à la « rencontre » avec le girafon, qui sera accroupi à ses pieds.


Il manque encore la queue, la croupe et le dos mais surtout il faut renforcer toutes les soudures puis les polir pour les rendre invisibles et insérer des axes en aluminium pour consolider le cou et les jambes. La dernière étape sera la patine.

La girafe tournant la tête, cette photo déforme un peu les proportions et peut faire croire que la tête est trop grosse, mais ce n’est pas le cas. L’enfant, première visiteuse de la grande girafe, donne une idée de l’échelle de la sculpture, qui porte bien son adjectif « monumentale ».


Quelques membres de la belle équipe de la fonderie Barthélémy Art (Crest – Drôme) : Guillaume Serre (responsable d’atelier), l’artiste, Patrick Houfek (qui a réalisé la quasi-intégralité des soudures), François Bouis (propriétaire de la fonderie), Pierre Abattu (Directeur).
« Grandeur Nature Lyon » est un projet soutenu par le fonds de dotation « Devenir« .
Avr 8, 2017 | Nouvelles créations
Le 18 févier dernier, la galerie Michel Estades de Lyon m’avait invité à réaliser ce que certains appelleraient de façon bien présomptueuse une « performance ». En réalité, il s’agissait de modeler une oeuvre le temps d’une journée, tout en accueillant les visiteurs de la galerie et en répondant à leurs nombreuses questions.

Ce fut une expérience intéressante mais qui a nourri mon inquiétude les jours précédents : la galerie avait annoncé l’événement, les visiteurs s’attendaient à voir très rapidement un animal émerger de la terre et il ne pouvait être question ni d’échouer, comme cela arrive parfois, ni de faire des pauses d’une ou deux heures pour s’aérer l’esprit.

J’ai donc choisi une valeur sûre : un éléphant d’Afrique, animal que je commence à bien connaître et que j’aime particulièrement.
Et finalement, à la fin de la journée, on peut dire qu’on reconnaissait un éléphant et que certains le pensaient même terminé alors qu’il y restait encore beaucoup de travail à faire. J’ai donc consacré encore plusieurs jours à terminer ce pachyderme et à lui adjoindre un éléphanteau assis.

La mère a cette allure un peu empruntée, hésitante, des gros animaux face à un jeune : balançant sa patte arrière, elle fait attention à ses gestes, se retient, promène sur le jeune le bout de sa trompe mais n’est pas très à l’aise, contrairement au petit qui semble parfaitement insouciant.
L’ensemble est parti à la fonderie et devrait être prêt début juin.

Cette journée à la galerie Estades de Lyon, jamais à court d’idées et d’initiatives, a permis à beaucoup de découvrir la sculpture : la terre, les outils, l’absence de dessin préparatoire, le recours aux photos uniquement lorsqu’on a un doute sur un détail, le temps qu’il faut pour voir enfin apparaître une forme, etc.

Certaines personnes, très patientes, se sont assises et ont passé une ou deux heures à regarder mon travail. Mais le plus amusant est sans doute cette famille venue voir la façon dont je procédais et qui est ensuite allé acheter de la terre et a passé un dimanche à mettre la main à la patte, avec un résultat d’ailleurs très prometteur. Une bonne idée pour faire découvrir l’art aux plus jeunes, qui après cela ne regarderont sûrement plus une sculpture de la même façon !