Le 18 févier dernier, la galerie Michel Estades de Lyon m’avait invité à réaliser ce que certains appelleraient de façon bien présomptueuse une « performance ». En réalité, il s’agissait de modeler une oeuvre le temps d’une journée, tout en accueillant les visiteurs de la galerie et en répondant à leurs nombreuses questions.

Ce fut une expérience intéressante mais qui a nourri mon inquiétude les jours précédents : la galerie avait annoncé l’événement, les visiteurs s’attendaient à voir très rapidement un animal émerger de la terre et il ne pouvait être question ni d’échouer, comme cela arrive parfois, ni de faire des pauses d’une ou deux heures pour s’aérer l’esprit.

J’ai donc choisi une valeur sûre : un éléphant d’Afrique, animal que je commence à bien connaître et que j’aime particulièrement.

Et finalement, à la fin de la journée, on peut dire qu’on reconnaissait un éléphant et que certains le pensaient même terminé alors qu’il y restait encore beaucoup de travail à faire. J’ai donc consacré encore plusieurs jours à terminer ce pachyderme et à lui adjoindre un éléphanteau assis.

La mère a cette allure un peu empruntée, hésitante, des gros animaux face à un jeune : balançant sa patte arrière, elle fait attention à ses gestes, se retient, promène sur le jeune le bout de sa trompe mais n’est pas très à l’aise, contrairement au petit qui semble parfaitement insouciant.

L’ensemble est parti à la fonderie et devrait être prêt début juin.

Cette journée à la galerie Estades de Lyon, jamais à court d’idées et d’initiatives, a permis à beaucoup de découvrir la sculpture : la terre, les outils, l’absence de dessin préparatoire, le recours aux photos uniquement lorsqu’on a un doute sur un détail, le temps qu’il faut pour voir enfin apparaître une forme, etc.

Certaines personnes, très patientes, se sont assises et ont passé une ou deux heures à regarder mon travail. Mais le plus amusant est sans doute cette famille venue voir la façon dont je procédais et qui est ensuite allé acheter de la terre et a passé un dimanche à mettre la main à la patte, avec un résultat d’ailleurs très prometteur. Une bonne idée pour faire découvrir l’art aux plus jeunes, qui après cela ne regarderont sûrement plus une sculpture de la même façon !