Lorsque je présente mes sculptures, une question revient souvent : « Travaillez-vous d’après photos ? ».

Colcombet sculpteur démonstration terre argile Cristel

Lorsque je commence un sujet, ce n’est jamais avec une photo sous les yeux et l’idée de reproduire la scène que je vois. J’ai toujours l’animal en tête, en trois dimensions, de façon très précise, comme s’il était déjà fait.

Cette idée qui se forme peu à peu vient souvent des lectures. J’ai ainsi fait mon buffle après avoir lu d’une traite un livre ancien – sans aucune photo ni dessin – sur la vie des buffles en Afrique. Il était si bien écrit, l’auteur exprimait si bien les sentiments que l’on prête malgré soi à cet animal, que l’image est apparue au fil de la lecture.

Sculpture Colcombet buffle d'Afrique

Buffle d’Afrique de l’Ouest – Bronze (D.Colcombet)

J’ai préparé une liste des animaux que je voudrais faire en bronze. Ce sont en général des animaux qui m’intriguent depuis longtemps : le rhinocéros si difficile à dessiner, le chameau mélange de suffisance et de grâce, le taureau charolais que j’aime tant voir dans les champs, etc. J’aimerais faire un lama, un hippopotame, un okapi, une vache, un tapir, un rhinocéros d’Asie… J’aimerais aussi beaucoup faire un centaure mais avec le corps d’un cheval de trait et non de selle comme la mythologie nous en a trop montré. Il faudra bien que je m’essaye aux fauves, mais ma préférence ira au guépard, au puma, à la panthère, au tigre, plutôt qu’au lion.

Je ne me sens pas à l’aise avec les chevaux et les chiens de chasse, sans doute parce que tant de sculpteurs en ont fait et de si beaux. En modelant la terre, il faut que j’ai le sentiment de créer un être original, ce qui est difficile avec un bel étalon arabe ou un pointer car tous les modèles, dans toutes les positions, existent.

Sculpteur Damien Colcombet travaillant le modèle en cire

Je dois reconnaître que je fais appel à des photos, que l’on trouve aisément sur internet, par exemple sur le très riche site Photosearch, pour les détails, en particulier la tête. En effet, il suffit d’une oreille mal placée, d’un œil trop haut, d’une corne trop basse pour qu’il y ait quelque chose qui « cloche », même si on ne sait dire quoi.