Du 5 octobre 2021 au 23 janvier 2022, le Petit Palais à Paris présente une magnifique exposition des oeuvres du peintre russe Ilya Répine (1844-1930). Un évènement à ne pas manquer, d’autant plus que l’affluence est faible et qu’il est très facile de réserver même deux ou trois jours seulement à l’avance.

Le Petit Palais : l’un des plus beaux musées de Paris. L’accès aux très belles collections permanentes est gratuit.

Le titre « Peindre l’âme russe » est bien trouvé car il y a là toutes les facettes de cette âme : le romantisme, l’extrême sensibilité, la force et même la violence, les foules, les tsars, les processions religieuses et les popes, la misère, les soldats, Tolstoï et Moussorgski, la Volga, la police secrète et les arrestations, les duels, les beautés de la nature, etc.

L’exposition Répine dure jusqu’au 23 janvier 2022.

Voici quelques photos prises lors de ma visite un samedi matin. Une exposition à ne pas manquer ! Le catalogue est un beau livre de 250 pages richement illustré et fort intéressant, au prix de 42 €.

« Les haleurs de la Volga » – Grande huile de près de 3 m de long peinte entre 1870 et 1873.

Ce tableau sera l’objet de vives controverses. Dostoïevski louera le peintre pour avoir montré « Les haleurs, de véritables haleurs et rien d’autre. Aucun d’eux ne lance au spectateur « Regarde combien je suis malheureux et à quel point tu es redevable envers le peuple ! » Et cela, au moins, est à porter au plus grand mérite de l’artiste » tandis que le recteur de l’Académie est scandalisé et que le ministre des chemins de fer reproche à Répine d’avoir fait une peinture antipatriotique en donnant aux moujiks l’apparence de « gorilles« .

« Les haleurs de la Volga » – Détail

L’Archidiacre (1877).

Répine a fait le portrait d’Ivan Oulanov, archidiacre (clerc aidant le prêtre orthodoxe durant l’office) de son village de Tchougouïev, connu dans toute la région pour sa force physique et sa puissante voix de basse. Selon Répine, « il représente la quintessence de nos diacres, ces loups du clergé qui n’ont pas une once de spiritualité en eux […], unique écho du prêtre païen, et ce bien avant les Slaves. C’est un bon vivant, un artiste dans sa fonction, rien de plus ! ». 

Procession religieuse dans la province de Koursk (1881-1883) – Immense huile de près de 3 m de long.

Juif en prière (1875)

« Ils ne l’attendaient plus » (1884-1888)

Ce très émouvant tableau montre le retour inattendu d’un homme dans sa famille après de longues années de déportation. Observons sur le visage des différents personnages la stupeur, l’incrédulité, une certaine réserve, la joie des enfants. Le visiteur est inquiet de la façon dont il sera reçu et de ce qu’il va retrouver. Au mur, l’image du Tsar Alexandre II – le « Tsar libérateur » qui abolit le servage sur son lit de mort – rappelle que tous les révolutionnaires ne souhaitaient pas que le Tsar soit renversé et encore moins tué.

 « Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie » (1880)

Cette scène de plus de 3,5 mètres de long est l’une des plus saisissantes de l’exposition. Elle relate un épisode – dont la réalité n’est pas certaine – de la vie des Cosaques, peuple fier et indépendant,  qui envoient une réponse insultante au sultan de Turquie alors qu’il leur demandait leur ralliement. Répine aimait particulièrement ce tableau, qui connut un immense succès et pour lequel il s’était beaucoup documenté. Le Tsar Alexandre III l’acquit en 1891. Il fut souvent reproduit et copié. Il faut prendre le temps d’observer les figures rubicondes, les bouches édentées, les bedaines de ces Cosaques qui ne peuvent qu’être craints. On les imagine sans peine, pillant, violant, tuant puis buvant et faisant la fête, sans souci des blessures et de la mort, leur vie consacrée à la guerre, aux chevaux, à leur « tribu » de Barbares courageux et paillards.

« Vassili Répine » (1867), le jeune frère de l’artiste.

« Léon Tolstoï labourant » (1887)

« Ilya Répine – Peindre l’âme russe » – Musée du Petit Palais à Paris – Ouvert tous les jours sauf le lundi.

Réservation : https://www.petitpalais.paris.fr/expositions/ilya-repine-1844-1930