Chasses Internationales – N°12 – Hiver 2018-2019 – Les cerfs de Barye

« Ces ménageries où se rend Barye ne possèdent pas seulement des cerfs élaphes mais aussi des espèces exotiques. C’est donc dans ces parcs que Barye concevra ses Cerfs de Virginie, Cerf de Java, Cerf axis et Cerf du Gange. »

Article de Damien COLCOMBET

"Les cerfs de Barye" - Chasses Internationales - n°12 - Hiver 2018-2019

EXPOSITION A PARIS DU 15 DÉCEMBRE AU 27 JANVIER

Exposition Colcombet Estades Place des Vosges Paris

La place des Vosges à Paris

La galerie Michel Estades située sur la magnifique place des Vosges à Paris m’organise une exposition personnelle du 15 décembre 2018 au 27 janvier 2019. Un grand nombre de bronzes seront exposés, dont les dernières nouveautés bien sûr : le cachalot, le patriarche, la tortue géante d’Aldabra, etc.

Je serai présent à la galerie le jour du vernissage, samedi 15 décembre, et ravi de vous y retrouver.

Galerie Estades – 17 place des Vosges – 75004 Paris – Tél : 01 42 77 50 03 – www.estades.com

Ouverte tous les jours (même le dimanche) : 11h -13h et 14h30 – 19h

Salon National des Artistes Animaliers – 42ème Edition (2018)

Pour la 42ème fois depuis sa création en 1976, le Salon National des Artistes Animaliers a ouvert ses portes samedi dernier et ne les refermera que le 16 décembre 2018.

La grande salle des invités d’honneur (photo C.Laurent)

Ce salon est certainement le plus bel événement en France et l’un des plus beaux en Europe en fait d’art animalier. Les chiffres sont éloquents : 120 œuvres ont été sélectionnées par un jury indépendant parmi 639 dessins, peintures, gravures, photos, sculptures. La sélection se fait uniquement sur la qualité des œuvres puisque les jurés n’ont pas connaissance de leur auteur, les signatures ayant toutes été masquées. Ce sont donc 91 artistes qui sont représentés sur 250 candidats.

Salon National des Artistes Animaliers 2018

Photo C.Laurent

Rappelons encore que le jury est composé de 13 membres (dont les noms sont mentionnés sur le site), qu’il est renouvelé chaque année et que les artistes qui en font partie ne peuvent exposer. Enfin, le salon est quasiment gratuit pour les artistes, qui ne payent qu’un très modeste droit d’accrochage de quelques dizaines d’Euros. Il n’y a donc aucune sélection par l’argent, ce qui n’est possible que grâce à l’immense dévouement d’une équipe de bénévoles, qui consacrent une grande partie de l’année à ce salon.

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Bureau

Le bureau du SNAA : Laurent Piolé (secrétaire général), Clyo Launay (présidente), Karol Rozenski (trésorier)

Le SNAA, qui se tient dans le bel Hôtel de Malestroit à Bry-sur-Marne, à 6 stations de RER de Châtelet, est ouvert du mardi au dimanche inclus, accueille chaque année environ 7000 visiteurs. L’entrée est gratuite. Toutes les œuvres, sauf rares exceptions, peuvent être acquises par les collectionneurs.

Salon National des Artistes Animaliers 2018

Une partie seulement de l’assistance considérable qui se pressait au vernissage.

Le vernissage, vendredi 16 novembre dernier, fut l’occasion de rencontrer beaucoup d’artistes et des centaines de visiteurs. La veille, quelques « VIP » avaient eu le privilège d’une visite privée.

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Jager

Frédéric Jager et quelques-uns de ses magnifiques chevaux (photo C.Laurent)

Cette année, les invités d’honneur sont Frédéric Jager, sculpteur, et Béatrice Boisseau-Chapuis, peintre. Ils ont donc reçu respectivement le prix Edouard Marcel Sandoz et le prix Roger B.Baron. D’autres prix et médailles ont été remis à différents artistes lors du vernissage.

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Boisseau-Chapuis

Macareux moine par Béatrice Boisseau-Chapuis

Voici quelques photos du salon 2018. Certaines ont été prises par l’excellent photographe Christian Laurent, que je remercie. Vous retrouverez bien d’autres images du SNAA sur son site http://www.christianlaur.be/-/galeries/espace-client/salon-snaa-2018?fbclid=IwAR1YKFPLqiy6hSdN9J7Iq3ieXd3wu5kiqxjKsDmap8CbpDgDK_S_1maPsZw

Cheval par F.Jager (photo C.Laurent)

Tête de cheval par F.Jager (photo C.Laurent)

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Jager

Cheval par F.Jager

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Jager

Cheval par F.Jager (photo C.Laurent)

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Jager

Magnifique scène mélangeant chevaux et personnages, ronde-bosses et bas-relief, par F.Jager

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Malo A.

Les superbes chimpanzés de Malo A., travail long et complexe sur cuivre et feuille d’or.

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Trégaut

Les rhinocéros très réussis de Olivia Trégaut (bronze)

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Alsac

Une très grande et très belle peinture d’un nouveau venu au SNAA : Stéphane Alsac

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Cognée

Tête de chimpanzé, par Bruno Cognée (bronze)

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Aubry

Une jolie scène de « bouquinage » (un « bouquin » est un lièvre), par Erick Aubry (bronze)

Salon National des Artistes Animaliers 2018 C Laurent

Christian Laurent devant sa photo de lion (avec malheureusement le reflet de mon flash !)

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Pultz

 Ours polaire s’ébrouant, peinture de Christine Pultz

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Carzo

L’un des incroyables insectes en marbres de Carzo, médaillé au Salon 2017

Salon National des Artistes Animaliers 2018 Colcombet

Ma girafe au galop (bronze)

Chaque dimanche pendant le salon, une conférence ou un atelier est ouvert au public. Voici le programme :

– Dimanche dernier (18 novembre), Olivier Claudion, peintre, illustrateur et imagier, a réalisé un dessin/peinture de sa muse, la vache vosgienne.

– Dimanche prochain, le 25 novembre à 15h, Michel Lasnier, graveur et émailleur, professeur à l’école Boulle, ancien président du SNAA, dévoile les techniques de fabrication des émaux, d’hier à aujourd’hui.

Dimanche 2 décembre à 15h, Frédéric Noël et Laurence Cornet, de l’association « Sauvez les éléphants« , diffuseront un très beau film et animeront un débat.

Dimanche 9 décembre à 15h, Sylvain Mahuzier, conférencier, guide naturaliste, photographe, évoquera son récent voyage au Costa Rica

Dimanche 16 décembre, pour la clôture du salon, je ferai une démonstration de sculpture à partir de 10h et, à 15h, une conférence sur la sculpture animalière (histoire, techniques, etc.)

Damien Colcombet sculpteur

Enfin, voici le site du SNAA (ouvert du mardi au dimanche inclus), où l’on trouve toutes les informations pratiques : http://www.artistes-animaliers.com/

NOUVELLE CRÉATION : LE GRAND KOUDOU

Le grand koudou fait partie du groupe des antilopes au sens large, ce terme d’antilope étant une notion aux contours assez imprécis, incluant des ruminants sauvages portant des cornes persistantes et aussi variés que les gazelles d’Afrique, le cervicapre et le saïga d’Asie, le pronghorn d’Amérique, etc.

Sculpture Colcombet grand koudou

On compte généralement parmi les plus grandes et les plus belles antilopes d’Afrique l’éland (de Derby et du Cap), l’oryx (en particulier le gemsbok), l’hippotrague (le rouan et le noir), le cob à croissant, le bongo (mon préféré) et le grand koudou.

Grand koudou mâle (Zoo de Vincennes) – Ses cornes sont beaucoup plus petites que celles des grands mâles visibles en Afrique

Ce dernier, au nom savant de Tragélaphus strepsiceros est un donc un mammifère de la famille des Bovidés, de l’ordre des Artiodactyles, animaux au nombre pair de doigts s’appuyant essentiellement sur les deuxième et troisième doigts, terminés par des ongles ou bien des sabots (antilopes, girafes, hippopotames, chameaux, porcs, etc.).

Grand koudou femelle (Zoo de Vincennes)

Le grand koudou est un bel animal, dont le corps des mâles adultes peut atteindre 2,50 m de long et 1,60 cm au garrot, la tête surmontée de longues cornes chez le mâle étant en fait beaucoup plus haute. Le poids peut dépasser 300 kg. A la différence des élans et des oryx, le grand koudou est svelte, voire efflanqué. La robe, marquée d’une dizaine de rayures blanches verticales, est beige mais peut prendre des teintes beaucoup plus foncées chez les vieux mâles, allant jusqu’au gris-bleu. Une ligne de poils longs courre tout le long du dos jusqu’à la queue, touffue.

Grand koudou mâle et femelle (Zoo de Vincennes)

C’est la tête du grand koudou mâle qui le rend si majestueux : d’immenses oreilles, une crinière érectile sur le cou et les épaules, une barbe longue et fine longeant le fanon (dessous du cou), quelques tâches blanches sur les joues, un masque blanc autour des yeux et surtout deux immenses cornes spiralées (les femelles n’en portent pas).

Sculpture Colcombet grand koudou

Les cornes, plus ou moins écartées selon les individus, présentent une sorte de bourrelet qui longe la courbure presque jusqu’à la pointe, généralement plus claire. Elles peuvent former trois spires complètes et atteindre 1 mètre en ligne droite et 160 cm en suivant les spires. Tout ceci en fait un trophée très apprécié des chasseurs.

Beau trophée dit « en cape ». Les cornes peuvent faire encore un tour de plus.

On trouve le grand koudou essentiellement en Afrique orientale et méridionale. Il est également présent dans certaines zones d’Afrique centrale (Ouganda, RDC, etc.). Il ne faut pas le confondre avec le petit koudou, qui évidemment lui ressemble mais est moins grand, a des cornes moins spectaculaires et ne porte pas de longue barbe le long du cou. Le grand koudou est un excellent sauteur : il peut franchir sans difficulté des obstacles de 2 à 3 mètres de haut.

Sculpture Colcombet grand koudou

On voit de temps en temps des grands koudous dans les zoos, notamment dans les « plaines africaines » en compagnie d’autres espèces mais la cohabitation ne se passe pas toujours très bien. Regardez cette vidéo impressionnante : https://www.koreus.com/video/antilope-attaque-girafe-zoo.html

Faon de grand koudou (Zoo de Vincennes) – Admirez les belles oreilles !

Sculpture Colcombet grand koudou

NOUVELLE CRÉATION : LE CACHALOT ET SON PETIT

Pour la première fois, je me suis lancé dans le monde merveilleux des mammifères marins. Si ce cachalot (long. : 40 cm environ) rencontre un bon accueil, je poursuivrai mon projet de réaliser aussi baleines, orques, dauphins, bélugas, narvals, etc.

Sculpture Colcombet cachalot et son petit

Pour des raisons assez compréhensibles – Barye n’a jamais quitté la région parisienne – ce thème n’a pas été exploré par les grands maîtres du XIXème siècle. Peut-être auraient-ils pu s’inspirer des nombreuses gravures anciennes représentant une baleine ou un cachalot  échoué mais il aurait manqué le réalisme si fort qui caractérise les bronzes de Barye, Frémiet, Mêne et tant d’autres. Et de nos jours encore, bien peu d’artistes se sont attaqués à ce sujet, en particulier au cachalot.

Pour être précis, il faut d’abord dire que j’ai réalisé une femelle et son petit de grand cachalot (Physeter macrocephalus ou Physeter catodon), bien différent du cachalot pygmée (Kogia breviceps) et du cachalot nain (Kogia simus), dont la longueur ne dépasse pas 4 mètres et qui ont davantage l’allure d’un requin. Physeter vient du mot grec Physo, qui signifie souffler.

Sculpture Colcombet cachalot et son petit

Le cachalot, qui fait partie de la famille des Odontocètes (baleines à dents), n’est pas le plus grand des mammifères marins, puisqu’un grand mâle mesure moins de 20 mètres de long et pèse moins de 60 tonnes (une femelle est plus petite) alors qu’une baleine bleue peut dépasser les 30 mètres et les 180 tonnes. Mais le cachalot est un étonnant phénomène ! Tout d’abord, il possède un profil vraiment curieux, avec son énorme tête rectangulaire qui représente un tiers à un quart du corps. Elle contient une énorme quantité (jusqu’à une tonne !) d’une matière visqueuse, le spermaceti, dont on ne connaît pas exactement la fonction. Le spermaceti pourrait jouer un rôle soit dans la plongée en eau profonde, soit dans l’écholocation des proies. Le cachalot possède aussi le plus gros cerveau du règne animal : 8 kg. Son corps est marquée de profondes stries, ce qui lui donne un aspect un peu fripé, mais aussi de cicatrices venant des combats entre mâles, des ventouses et becs des calmars géants ou encore des parasites dont le squalelet féroce, sorte de petit requin qui découpe des rondelles de chair dans le corps des mammifères marins. La nageoire dorsale des cachalots est petite, triangulaire et située très en arrière. Elle se prolonge jusqu’à la queue par une série de bosses.

Sculpture Colcombet cachalot et son petit

Le cachalot est un champion de plongée en grande profondeur : sortant de l’eau sa large queue, il peut descendre verticalement jusqu’à 2000 mètres de profondeur, dans la nuit abyssale où il est soumis à une énorme pression. Son organisme est adapté à cette performance, qui peut durer 90 minutes (rappelons que le cachalot n’est pas un poisson et qu’il doit donc respirer en surface) : sa cage thoracique, son sang, son cerveau, son sonar lui permettent de réaliser de telles prouesses et de trouver en grande profondeur des calmars géants dont il se nourrit. La mandibule inférieure de ces géants est curieusement étroite et garnie de 40 à 50 grosses dents de près d’un kilo chacune.

Une autre particularité assez rare chez les mammifères : le cachalot est un animal dissymétrique. En effet, il ne possède qu’un seul évent (une narine), toujours située sur le côté gauche, au bout du crâne. Son souffle est facilement reconnaissable car il est incliné à environ 45 degrés.

C’est ce souffle qui permettait aux hommes de repérer les cachalots et de les attaquer au harpon afin d’en extraire l’huile, de très grande qualité, le spermaceti et aussi l’ambre gris, concrétion que l’on trouve parfois dans l’estomac de ces mammifères marins, et qui est utilisée en parfumerie. La chasse aux cachalots a connu son plein essor au XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle, puis elle a fortement décliné avant de reprendre dans les années 1940, notamment de la part de l’Allemagne. La Commission baleinière internationale a définitivement protégé le cachalot en 1985. On peut toutefois encore voir des vidéos de chasse au cachalot par exemple ici : https://www.youtube.com/watch?v=P1IEnS3ZFcg

Sculpture Colcombet cachalot et son petit

Malgré la chasse intensive qui leur a été faite, les effectifs des cachalots sont encore importants : autour de 350 000 individus, présents dans toutes les mers du globe ou presque, à condition qu’il y ait une grande profondeur. Les femelles préfèrent les eaux chaudes, tropicales, alors que les mâles n’hésitent pas à entreprendre de grandes migrations entre ces groupes de femelles et les eaux polaires.

Et pour terminer, une histoire étonnante : en 1820, en plein océan Pacifique, le navire baleinier L’Essex a été attaqué à deux reprises par un très grand cachalot, qui, à coups de tête dans la coque, a réussi à couler le bateau. Les marins ont pu s’échapper sur des chaloupes mais, manquant de vivres et d’eau, la plupart sont morts en mer. Plusieurs ont été mangés par les survivants et même, événement terrible, l’un des marins vivants a été tiré au sort pour être tué et servir de repas aux autres. Sur les 21 hommes de l’équipage de l’Essex, seuls 5 ont survécu.

Sculpture Colcombet cachalot et son petit

Pour admirer ces splendides créatures que sont les cachalots, je vous conseille de regarder cette vidéo réalisée près de l’île Maurice : https://www.youtube.com/watch?v=fXpt7rZg-lk

Enfin, je m’en voudrais de ne pas signaler le très étonnant faux cachalot que le collectif belge « Captain Boomer » place à des endroits incongrus comme le quai de la Vilaine à Rennes, de la Tamise à Londres, de la Seine à Paris, etc. Il s’agit d’une oeuvre d’un réalisme saisissant (avec même les odeurs !), accompagnée d’artistes jouant le rôle de scientifiques : https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/rennes-un-faux-cachalot-s-echoue-sur-les-rives-du-fleuve-vilaine-7783927199