Voici une très belle lionne du grand Antoine-Louis Barye, dont les photos, très nettes, sont envoyées par Monsieur Marcel P. Notre internaute précise que ce bronze est dans sa famille depuis les années 50 et donne des dimensions très précises de la pièce.
Il s’agit de la « Lionne du Sénégal« . Plus que pour toute autre pièce, cette précision géographique a une grande importance. En effet, le sculpteur a créé un autre sujet presque identique, s’appelant « La Lionne d’Algérie« . Les deux font exactement la même hauteur et à première vue, il est impossible de les distinguer l’une de l’autre. MM.Richarme et Poletti mentionnent, dans leur « Catalogue raisonné des sculptures de Barye » (Gallimard) une lettre du sculpteur au collectionneur Alfred Bruyas le 19 décembre 1873, où l’artiste donne comme éléments distinctifs la tête et la queue : la Lionne d’Algérie tourne légèrement la tête vers la droite et avance la patte avant gauche, tandis que la Lionne du Sénégal tourne un peu la tête vers la gauche et ses pattes avant sont au même niveau.
J’ai plusieurs fois parlé sur ce site d’Antoine-Louis Barye (1795-1875) et je ne vais pas recommencer. Mais aux plus curieux, qui veulent tout savoir de ce très grand artiste, je recommande la lecture de « Monsieur Barye » de Michel Poletti (Editions Acatos – Nov 2002 – 322 p.).
La Lionne du Sénégal a été créée vers 1857 et les fontes posthume de Barbedienne sont nombreuses. C’est une pièce assez simple, statique, dont les détails, en particulier au niveau des yeux et des griffes, ne sont pas très marqués, mais elle possède un charme particulier, sans doute dû au modelé très apparent des muscles et à l’allure altière du fauve. Sa simplicité aurait pu lui donner une vocation de modèle pour de nombreuses copies et surmoulages, mais curieusement ce n’est pas vraiment le cas. En l’occurrence, l’authenticité semble avérée, d’autant plus que les dimensions communiquées sont bien celles mentionnées dans le Catalogue raisonné : 270 mm de long dont 227 mm pour le socle, 8 cm de profondeur et 200 mm de haut.
Le bronze de Monsieur P. porte la marque du fondeur Barbedienne mais le libellé permet de dater un peu la pièce : « F.Barbedienne Fondeur » a été utilisé au XIXème siècle et au tout début du XXème avant d’être remplacé par « F.Barbedienne Fondeur Paris ».
La « Lionne du Sénégal », comme celle d’Algérie d’ailleurs, est une pièce assez recherchée, ce qui explique des estimations plutôt élevées. Voici quelques résultats de vente aux enchères :
– Artcurial (Paris) le 22 juin 2009 : estimée 2000 à 3000 Euros, elle a été adjugée à 6120 Euros frais compris (soit environ 5000 Euros hors frais)
– Estimée 8000 Euros en novembre 2008 à St-Germain-en-Laye, elle n’a pas été vendue (estimation manifestement trop élevée).
– A New York (Clarke), le 28 mars 2010, estimée entre 2000 et 3000 dollars, elle a été adjugée 2820 Dollars.
Il me semble qu’une juste estimation pour cette belle lionne tournerait autour de 4000 Euros. Celle vendue chez Artcurial devait avoir une patine ou une ciselure remarquable, ou bien… il y avait LE collectionneur que tout vendeur espère et qui voulait précisément cette pièce !
Vous possédez un bronze animalier et vous souhaitez en connaître l’histoire et la valeur ? Envoyez-moi (damiencolcombet@free.fr) des photos très nettes de l’ensemble de la pièce, de la signature, de la marque éventuelle du fondeur et du dessous du socle, ainsi que les dimensions précises.